Carnets de Scott O'Kief
saisis par la P.U.T.E. et versés aux archives criminelles
de la C.K.O. à l'initiative du brigadier Roch
de la C.K.O. à l'initiative du brigadier Roch
Nul n'est autorisé à circuler librement de nuit sous
les écrans de K-pital. Les sous-terrains
du centre ville ont été aménagés pour permettre le respect du couvre-feu. Le bruit court qu'on clôt les espaces urbains
afin d'y répandre des gaz mortels qui éviteraient toute circulation non
contrôlée.
Aujourd'hui le travail consistait à faire une
démonstration privée lors d'un meeting politique sur invitation au
"Twilight Y", la boîte de Reginald.
Je savais que je devais y passer la nuit, les participants n'ayant pas
obtenu de permis de circuler avant l'aube, et les patrouilles tirant sans
sommation sur tout véhicule non identifié.
Ma prestation a été poliment applaudie.
Je reconnais qu'il y avait plus étonnant au programme: le shaman, crâne
et sourcils rasés, se tient en équilibre dans des cordes à quelques centimètres
d'un lit de tessons de bouteilles et de pointes, sur lequel il risque de
s'écraser au moindre geste incontrôlé.
Un artiste finit de lui tatouer un serpent sur le pubis, selon la
vieille technique, avec trois épingles, un élastique, et de la cendre écrasée
dans l'eau. La peau étirée sur ses côtes
s'orne de lignes de pinces à linge.
Chacune de ses couilles, isolée dans un noeud coulant remonte vers le
plafond, maintenue en l'air par un système de cordelettes assujetties à des
poulies. On verse des gouttelettes de
poix brûlante sur ses tétons proéminents développés par les ligatures. Il se passe des tiges de fer à travers les
joues, la langue, le thorax, s'enfonce des pointes de sabre dans la gorge et
sous la peau des cuisses. En l'honneur
du patron, on le marque au fer rouge des initiales R.D., sur l'épaule, et
l'odeur de chair rôtie se répand sur l'assistance fascinée.
Durant son numéro la partouze s'organise. De jeunes garçons impubères apportent les
accessoires. Le P.D.G. du Crédit Sidéral
est ligoté à plat ventre sur un cheval d'arçon.
Dans son dos est posté un solide manoeuvre muni d'une planchette à
découper dans laquelle ont été fichées de grosses semences de tapissier. Sous l'impact du premier coup, les pointes
bleues entrent dans la peau et la pièce de bois reste collée à la fesse. Il faut tirer fort pour l'en défaire; le sang
s'écoule des trous carrés. Un hurlement
déchirant et porcin s'élève quand l'autre fesse est attaquée avec plus de
véhémence. Il se mue en sanglots
continus et en suppliques indistinctes.
Doomsday, qui se fait pomper le dard par un gamin,
introduit son cigare allumé dans l'anus du vice-président de Monopolénergie, et
s'efforce d'en tirer une forte taffe avant qu'il s'éteigne. Il chausse un gant de plastique, plonge l'index
dans un bol de caustique et parachève son oeuvre en en tartinant la brûlure
interne. Le supplicié manque d'en avaler
son bâillon.
Le
professeur Unsinn, avec son aiguille courbe, passe un bâti dans le prépuce du
Présentateur tri-di,
puis, jouant de
l'élasticité de l'épiderme de la hampe, il lui coud la verge à la peau du
ventre. Il l'incite alors à
bander en lui
introduisant un écarteur dans le cul.
Le vice-président empale le P.D.G. avec un gode d'acier
puis chatouille la base du cylindre avec des fils électriques. Le professeur Unsinn chauffe au chalumeau les
branches de l'écarteur, tandis que le Percepteur Général, intrigué par la large ouverture
suintante, la farcit de cerises que l'on vient quêter comme une hostie au bord
du trou.
Au milieu de ces corps nus, saignants, se tient un retardataire,
un homme en parka qui ne s'est pas déshabillé.
Une casquette rabattue sur ses yeux cache sa calvitie naissante. Il s'apprête à circoncire l'entrepreneur des
Pompes Funèbres avec une simple paire de ciseaux. Avec effort, s'y reprenant à trois fois, il
tranche le bout du capuchon au fond duquel il a repoussé le gland. Sans émotion, il montre le trophée à la
ronde, le place dans la bouche du croque-mort qui essaye de déglutir tout en
réclamant d'une voix chevrotante:
- Castre-moi, éclate moi les couilles à coups de poing
puis fais-les moi bouffer.
L'homme ne répond pas, rend les ciseaux au chirurgien
et file vers la sortie. Quand on a mis
les pieds dans les sous-sols du "Y', il n'existe pas de porte de
sortie. Je le suis des yeux, j'hésite à
le rattraper pour le mettre en garde.
Malgré la musique aux basses assourdissantes, je distingue le bruit d'un
moteur qui démarre. S'il possède un
laisser-passer, c'est forcément un keuf.
C'est dans l'instant qu'il s'enfuit que je reconnais celui que j'espionne
tout le jour, par les ouvertures mal murée de mon loft de Dead End Street. Car je suis le voyeur du 22, que le hasard a
domicilié en face de la caserne., et René, que je n'ai jamais rencontré
ailleurs que dans mes rêves, est mon unique amour.
Certaines
pratiques trop étranges, ou trop brutales, ne sont pas montrables à
l'écran. Pourtant, en prenant soin
d'éviter toute publicité, on peut profitablement tourner divers interdits. C'est ainsi que je perdis mon nom, que je
devins Scott tout court., ou plutôt Scott le Long, érigé en statue de la
liberté revendicatrice, pour l'éducation des
foules.
Dans As it came (Ça se passe à côté de chez
vous), le shaman a des cheveux et les sourcils roux, un anneau dans l'aile du
nez., un autre au bout de la langue, mais c'est moi qui suis sur la table. La lumière est pauvre, la bande trop jaune et
trop verte. Le shaman montre à la caméra
ses instruments, de très fines aiguilles hypodermiques. Pour éviter de saturer le mauvais micro
d'ambiance, j'ai dans la bouche une poire d'angoisse en cuir qui étouffe le
cri. Tous les mouvements de caméra sont
pré-réglés par ordinateur; le timing du long plan-séquence doit être respecté
avec la plus grande précision, car je ne le ferai pas deux fois. Le shaman me pince d'abord le téton droit,
dans lequel il enfonce coup sur coup trois aiguilles qui transpercent de part
en part l'aréole. Il montre son nouvel
instrument au public, une fine lancette dont il s'apprête à m'embrocher le sein
gauche. D'un geste précis et rapide (il
semble qu'il tricote au crochet), il pousse l'aiguillon métallique à
l'extrémité duquel est fixé l'anneau brisé qu'il doit me poser. La queue de l'instrument ressort, entraînant
le bijou qu'il referme en boucle à la pince.
Il retire les trois épingles. Le
sang perle en six points. Il essuie les
légers stigmates avec un coton imbibé d'éther qu'il me coince ensuite dans une
narine. Gros plan sur ma queue, le battant de cloche qui vous fait vibrer
depuis toujours, le tronc puissant coiffé de sa mitre violette, livrée pour
vous. Les vapeurs d'éther
diminuent ma vigilance.
Ah, la première aiguille a pénétré dans mon gland pressé entre ses
doigts agiles. Il s'y reprend à deux
fois avant de pouvoir l'y loger jusqu'à la tête. Traversant le flanc gauche du
tissu spongieux, il a soigneusement évité l'urètre. Ma queue glorieuse se rétracte. Il la tire à la verticale pour me poser la
parallèle. Je ne les garde pas
longtemps. L'intromission du corps
étranger est assez pénible, je n'y trouve pas de plaisir. Mais ce que fait un autre, je peux le faire
aussi, je suis un professionnel, je veux que l'on m'admire sans réserve. La séance n'avait duré que trente minutes,
mais je dus attendre la cicatrisation complète avant de me resservir de ma queue.
Mettant à profit ma convalescence, je tournai avec
l'aide de Tino Boy and his toys (Mes jouets sont les plus chouettes) où
l'on ne me voit que de dos. Pas de temps
perdu en lubrifications inutiles: j'utilise ce fameux gode moulé sur mon
chibre, et je m'assois sans effort, d'une seule coulée, sur mes couilles de
plastique (3'16n). Tino vient me prêter
main forte (on n'aperçoit que la main) et s'ensuivent 2'59' de limage
intense. Le train haut, soumis à la
navette, je songeai que le distributeur pourrait adjoindre l'instrument au
coffret promotionnel et que le-film en serait en quelque sorte le mode
d'emploi. Suivant: gros gonflable noir,
diamètre d'entrée 10 x 25. Gonflage à
l'intérieur du rectum (2'), va-et-vient (2'05), réintroduction à grosseur
maximale (circonférence 15, 1150' tout de même). Plan sur trou épaté, zoom, contractions,
fermeture, ouverture, poussée. Une
caméra endoscopique permet de voir le proche intérieur, la chair rose foncée
qui bat au rythme effréné du coeur.
Bouteille ordinaire trois étoiles, passe à l'aise, par le goulot comme
par le cul. Ballon de rugball dont
j'enfourne la pointe; même graissé, trop gros; j'adresse au spectateur un
sourire marri. Fin. Critique de Satisfaction Guarantie
(magazine international):
"Le célèbre Scott O'Kief se découvrirait-il une tardive vocation de bottom? Dans un film époustouflant il nous démontre qu'un grand talent dormait qu'on nous avait caché, sans doute entretenu dans l'abnégation par des années de pratique égoïste. Qu'on se le dise, Long Scott, comme on l'appelle désormais, est aussi large qu'il a su être long. L'ensemble de la rédaction lui décerne ce mois-ci les trois phallus d'or de la persévérance’'.
Me
sens moins seul. Embusqué derrière ma
fenêtre condamnée, je les observe. Je me
sers du
matériel laissé par Tino pour les filmer. Je me fais des souvenirs en conserve, je
choisis mes
images, je me branle sur les gestes ambigus des
tâcherons du ghetto.
Ai pris une drogue intéressante avec Vino. M'a fait halluciner. Ai vu les keufs danser sur la tri-di, se
déshabiller, appuyer sur les klaxons des fourgons avec leur bite. Curieux, toute la journée du lendemain, alors
que j'étais redescendu, ils se sont gratté rageusement le cul et les couilles.
En ai volé au studio un plein sac de cachetons
multicolores. Tous raides pour le
premier tour de manivelle. Zino a trouvé
un mec formidable qui peut faire un noeud avec sa bite. Et malgré le noeud elle est, au repos, encore
plus longue que la mienne en érection.
Incroyable!
Je suis accroupi sous les feux des projos pour tourner In
the ass (Dans le mille). Ma queue
est guérie et mon retour de trique est exceptionnel sous la langue du
phénomène. Sa longue tige ne tient pas
longtemps l'érection. Au moment où nous
pensons qu'il va enfin réussir à me sauter, Zino n'a que le temps de crier
"Action' et la porte du loft vole en éclats sous les coups de hache. Un groupe de keufs armés, en cagoule et tenue
de combat, débarque dans ma chambre. Ils
essayent de nous tenir en joue mais leurs rires font trembler les
fusils-mitrailleurs. Sherlock (il vient
d'Ôter son masque) renifle les cachets inodores à disposition sur la table
basse. Ses acolytes nous passent les
menottes tandis qu'il nous notifie les chefs d'inculpation:
-Exercice de la sexualité de groupe en zone
administrative classée an-orgasmique,
-Détention de drogues virtuelles dont une au moins
répertoriée au tableau des armes de guerre neurotropes.
-Occupation illicite d'un immeuble désaffecté dans le
périmètre de sécurité absolue,
-Espionnage d'agents gouvernementaux dans l'exercice de
leurs fonctions,
-Intelligence avec l'ennemi,
-Tapage nocturne,
-Usurpation d'identité,
-Dépression chronique.
Au premier mot pour notre défense, coups de crosse dans
le ventre et dans les parties. Le grand
con claironne:
- On les emmène comme ça, ça va mettre de l'ambiance
...
Derrière le champ magnétique qui clôt ma cellule,
j'aperçois René assis au standard. Il
découpe un article de journal. La paire
de ciseaux qui brille dans son poing me rappelle le meeting du Y. Il n'a pas
levé les yeux vers moi. Je pleure.
Je n'ai pas peur.
S'il s'agissait d'autre chose que d'une tentative d'intimidation, ils
nous auraient exécutés sur place. Je
m'en fous, je suis intouchable, je suis une oeuvre d'art. Doomsday va me tirer de là, ou bien?..
La suite, je ne peux pas la raconter autrement qu'à la
troisième personne, car c'est un autre moi qui subit, ce serpent nourri dans
mon sein contre qui j'ai perdu la bataille.
........................................................................................................................................
Au premier sous-sol, on a pris des photos, puis ses
empreintes, doigts, oreilles, gland. Au
deuxième sous-sol, il est passé dans l'étuve de désinfection. Au troisième sous-sol, deux grands blonds
musclés l'ont jeté dans un réduit aux murs de béton insonorisés, pourvu de
chiottes.
René, en pantalon bleu nuit et maillot de corps sans
manches, est assis à califourchon sur l'unique chaise. Scott protège son sexe avec ses mains; il
dépasse. Il tremble, il n'a jamais vu
l'homme d'aussi près. Il contemple les
pores épatés, les points noirs, les sourcils plantés irrégulièrement qui se
rejoignent à la racine du nez, les poils abondants qui s'éclaircissent sur les
épaules et dans le cou, la bedaine replète qui déforme le marcel.
- Les copains me confient toujours les trou-du-cul
comme toi. C'est pas que j'y prends du
plaisir, mais parait que j'ai le meilleur doigté.
Scott, qui ne comprends pas cette entrée en matière,
retrouve un certain calme en constatant que la pièce est vide de tout
accessoire ou instrument contondant.
Pourtant les poings serrés du keuf l'impressionnent. il écarte les
mains, reste bras ballants, comme pour attendrir le fauve par son innocence.
René parcourt des yeux toute la longueur de la teub.
Son sourcil gauche se lève. En d'autres
circonstances, sauna, club de sport, il se sentirait insulté par la
disproportion. Là, il sourit, de ce
rictus annonciateur de méchante farce.
Le visage ne lui dit rien, mais la queue ne lui est pas inconnue.
- Tu as deux solutions: ou tu chies le paquet dans la
cuvette, ou alors je vais le chercher.
- Quel paquet?
- Dans la position où on t'a trouvé, nous avons tout
lieu de croire que tu te faisais charger pour un transport illicite.
- Je n'ai rien planqué.
- Les passeurs n'ont qu'une seule bonne cachette ces
temps-ci, dit René en se frappant la poche arrière. Réfléchis, dis-moi quelle quantité tu
transportes et on tiendra compte de ta coopération. (Il croise les bras sur le
dossier de la chaise.)
- Je suis employé par quelqu'un d'influent.
- Je me fous de savoir par qui tu te fais
endauffer. Crache le paquet dans les
chiottes et on n'en parle plus.
- J'ai pas envie de chier.
Le keuf sort de sa poche un gant de plastique et le
chausse. Il ordonne:
- Les mains sur la lunette des chiottes!
Scott exécute le commandement sans hésitation, il a
l'habitude. Il entend que le keuf
repousse sa chaise. René lui fait
rectifier la position, ouvrir plus largement l'angle des jambes, en lui
frappant les talons avec ses grolles.
- J'ai pris des gants, mais, dans ton intérêt je te
conseille de collaborer.
- Tu me fais vomir et je raterai pas l'occasion de te
gerber dans la gueule, sale porc!
Le keuf lui assène une forte pichenette dans les
burnes, déterminant une douleur à retardement, lancinante.
- Ça se voit que tu t'es déjà fait pêter la rondelle,
et par des calibres; on n'a pas naturellement un trou pareil. Me la fais pas...
- Tu me fais...
La
phrase reste suspendue car la main du keuf serre violemment les couilles, écrasant
les boules l'une contre l'autre dans un mouvement de torsion.
- Monsieur l'Officier, Vous... C'est pas parce que je
vais te fourrer la main dans le derche qu'on est devenus intimes!
- J'ai rien planqué, je le jure. Vous pouvez pas faire ça, et à sec ...
- C'est pas une partie de plaisir. Vérification de routine, mon gars, c'est pas
mon boulot de te plaindre.
Malgré la pétoche qui lui fait flageoler les jambes,
Scott bandoche devant la réalisation de son ultime fantasme. Il devine que le destin a choisi pour lui un
piège à sa mesure. Il tente de se
préparer mentalement au viol, à la fusion, de se faire croire qu'il est le
partenaire d'un acte d'amour, comme il y parvient si bien sous les feux de la
rampe. Il regrette furtivement qu'il n'y
ait pas de caméra. Au même instant, une
flèche à quatre doigts lui a forcé le rectum, d'un bloc, par surprise. La respiration du keuf est devenue
immédiatement profonde, attentive, lointainement rauque. S'aidant de la main gauche pour dégager le
lieu de travail, il veut introduire le pouce et donne de petites cadences de
cinq impulsions suivies d'un arrêt pour constater la progression. Les gémissements de Scott virent au cri quand
les premières phalanges groupées en pointe remuent et gagnent du terrain. Il
gueule "Non, non", chiale et hoquète.
- Crie, si ça te soulage, je suis habitué. On nous entendra pas de l'extérieur. Tiens, mords le mouchoir.
René, de la main gauche, tend à Scott un morceau de
tissu bleu. L'effort qu'il fait en se
relevant à demi pour le saisir, l'empale un peu plus sur les doigts
réunis. Le keuf reprend, la voix posée,
calme et sérieuse, chuchotant comme en confidence:
- Le mieux pour toi maintenant, serait de t'asseoir
sagement sur ma main, d'inspirer et d'expirer profondément pour faciliter la
dilatation.
Scott, sanglotant, bâillonné, ne trouve plus la force
de suivre le conseil. René amorce une
vrille rapide, s'enfonce jusqu'à l'articulation de la troisième phalange. Un ton plus haut, légèrement irrité, il ajoute:
- Je vais refermer le poing, je te déconseille tout
mouvement brusque.
Et soudain le bélier se transforme en dragon, il a
craché le feu dans les entrailles de Scott que ses bras ne portent qu'à peine,
que l'expansion de la boule ardente coincée dans son cul amène au bord de
l'évanouissement. Sa queue est plus que
molle, il lui semble qu'elle continue à se rétracter. René lui enserre la taille du bras gauche et
le tire à lui, projetant son bras emmanché vers l'avant d'un coup sec. Il déplie et replie la main, tourne de
quarante-cinq degrés à gauche et à droite.
Le poignet est avalé à son tour.
Le keuf est surpris par la profondeur intérieure et la relative facilité
de l'introduction. Il regarde avec
amusement le bord du gant disparaître et les poils de son bras couchés en
arrière par le sphincter épaté. Il sent
que dans son slip réglementaire, sa queue comprimée se redresse. Il se reproche aussitôt mentalement de ne plus
agir en professionnel, mais ne peut s'empêcher de dire:
- Une veine pour toi que j'ai ôté ma montre.
Il se sent bien installé, le tiers de l'avant-bras au
chaud dans le corridor moite.
- Là, ça y est, je suis dans l'ampoule. C'est con pour toi, t'avais raison, y a rien
là-dedans, qu'un peu de merde. Mais
maintenant tu vas me dire où tu as eu la drogue si tu veux que j'enlève mon
bras.
- Je l'ai achetée ... dans la rue.
- Menteur! fait René ironique.
Il referme le poing et amorce un va-et-vient tournant.
- Pitié, retirez la main, j'ai trop mal.
- Qui t'a vendu la drogue?
- Une pute à Fantasyland.
- Menteur!
Le bras se retire, presque à sortir, se renfonce aussi
vite, pistonne violemment vers le haut, à gauche, à droite.
- Aux studios Doomsday.
René, refroidi, se retire d'un coup dans un bruit de succion
comique. Scott s'effondre sur la lunette
du chiotte, il pète tout l'air que le poing du keuf a enfourné dans son
cul. René lui saisit la nuque avec son
gant odorant et lui rabat la tête dans la cuvette. Scott, à genoux, se débat, suffoque, avale
l'eau où René a pissé avant la séance.
Son front, son nez, cognent contre la porcelaine. Le poing fermé et sec taraude à nouveau son
anus traumatisé.
- Qui te fournit la came?
- Le patron, je suis le mec du patron, et Doomsday,
c'est un keuf qui le fournit ...
René lâche tout, se relève, enlève le gant, dit:
- Quelqu'un viendra prendre ta déposition.
Il sort.
Je n'ai pas
compris. Cinq minutes plus tard, j'étais
rhabillé, traité avec déférence et raccompagné de l'autre côté de la rue, dans
ma résidence interdite. On m'a même fait
signer une décharge et ils m'ont rendu le matos.
Le plus dur, c'est la douleur, elle ne diminue pas
après, elle s'installe. Le pire, c'est
la toux, chaque toussotement provoque une contraction identique du sphincter
anal. On ne peut s'asseoir sur rien, on
ne dort que sur le ventre, on marche difficilement en écartant les jambes, on
ne mange plus pour ne pas renouveler le calvaire en chiant. Heureusement je n'ai ni fissure, ni hémorragie. Le salopard connaissait son affaire, il a
fait un boulot propre.
Ce soir, à l'heure où il prend son service, je suis,
moi aussi à mon poste, derrière les interstices de la
fenêtre mal murée qui donne, au ras du bitume sur le
bâtiment noir du feukmissariat. Je vois
arriver les uns après les autres les gars de la relève, le montagnard,
l'homme-poisson, Sherlock, Rocky. Puis,
bon dernier, c'est le pas ferré de René qui emplit de son écho traînant le
cul-de-sac désert. Il porte une chemise
kaki ouverte jusqu'au nombril dans l'encolure de laquelle flotte sa plaque
d'identité rectangulaire. Avant
d'entrer, il prend position sur le trottoir, de dos devant mon soupirail. Se baissant pour refaire son lacet, il amène
son gros cul sanglé par le jean noir, à hauteur de mes yeux. Il pète, l'odeur flotte jusqu'à moi. Je sue à grosses gouttes; je hume le relent
chaud de son intérieur. Je ferme les
yeux. Il s'engouffre dans la grande
boîte.
La casquette sur les yeux, il réapparaît dans la tenue
d'été; l'ourlet de son short blanc dérange l'agencement des poils sur ses
cuisses qu'il caresse machinalement. Il
s'est placé dans le cône de lumière qui éclaire l'entrée, vedette sous son
projecteur. J'admire les protubérances
carrées de ses genoux, la légère courbure de ses tibias. Il se gratte les couilles du gras du pouce en
regardant dans ma direction. Il sait que
je suis là; en témoigne la boule agressive de sa braguette bourrée de papier
hygiénique.
- T'es en forme, René, remarquent les collègues.
Il rentre le ventre et remonte sa ceinture, découvrant
à mi-cuisse une bande blanche de chair cachée.
Je zoome, j'enregistre la braguette outrancière, la main, la montre, la
bande pâle où se détache distinctement le crin noir. Sa nervosité se traduit dans l'accélération
de sa danse. Est-ce qu'il bande, est-ce
la flasque de gin qui fuit dans son slip, s'est-il mal égoutté pour qu'une
tache de liquide souligne le renflement suspect? Est-ce l'émotion qu'il anticipe d'une séance
programmée au troisième sous-sol?
Je branche la tri-di sur Inter-K, le réseau
convivial. Les images digitalisées d'un
marin, d'un soldat, d'un pompier et d'un keuf en constituent la page de
présentation. Banques de données et
messageries sont surveillées en permanence d'en face et René a mis au point son
filtre personnel qui ne manquera pas de l'alerter en repérant poing, cul et
drogue dans mon annonce. Je branche
l'imprimante pour ne rien perdre de notre échange. Je balance le texte: ‘'Ch keum en tenue, gros
poings de boeuf pour me boxer le cul.
Rouge et poppers bienvenus.'’
- O.K. Expérience de la boxe, ni tendresse, ni
violence, répond mon correspondant enhardi par l'anonymat.
- Unif?
- Ça peut se faire.
- Partant pour entrer poing fermé dans mon cul? Même si étroit?
- Même sale, c'est toi qui souffres ... Peux garder mon
bracelet-montre si t'as envie.
- René?
Mon contact se déconnecte aussitôt.
J'ai fait porter un paquet en face par
Doomsday-courses. Heureusement, les gars
n'ont pas fait sauter le colis qui contenait une gourmette en or gravée à son prénom. Il y avait peu de chance que ça lui
arrive. Pourtant, ce soir en prenant son
tour de garde, il portait la gourmette attachée au passant de la ceinture où il
fixe d'habitude ses menottes. Quand il
se retourne, il joue avec et j'entends le cliquetis des maillons contre l'acier
des bracelets. Je prends un cliché du
moment où il feint de se l'attacher à la cheville.
Mon nouveau répondeur sur Inter-K dit: ‘’Ch Keuf à
bijoux, pour m'enfoncer ses bracelets et ses bagues." Je n'attends que
quelques heures avant de trouver dans ma Bal: "Je passe de temps en temps
au 90-60-90. Gaffe que j'y vienne pas
avec une patrouille pour faire la chasse aux espions!"
Le 90-60-90 est un bar à putes où les déviationnistes
se donnent le frisson devant des numéros de strip exécutés par des travs et des
trans. Lola Roploplo, star de
l'hétéro-porno underground se déhanche sur un mix improvisé. Elle caresse sa poitrine gonflée de silicone
et de pâte de soja, tout en branlant sa queue soufflée à l'hélium. Sa partenaire ouvre à son approche sa chatte
cicatricielle. Des murmures parcourent
le public, saluant mon entrée. Des bancs
d'applau samplés par le D.J. réclament que je monte sur scène. Je fais signe que non. La foule me pousse vers la rampe. Je suis obligé de grimper sur les planches,
d'ouvrir ma braguette, de soumettre à l'admiration quasi-générale mon
braquemard légendaire; certains s'étonnent en constatant que mes videos
n'étaient pas truquées. Lola tente de me
faire bander en me servant la soupe. Je
l'aide un instant en me tapant des deux mains la colonne. Puis je remballe difficilement l'objet de
convoitise, bouclant mon ceinturon sur le morceau. Je me fraye un chemin dans la foule,
j'échappe aux mains qui papillonnent pour me serrer la flamberge. La raideur me gêne pour avancer, ravivant la
douleur anale qui me noue les tripes, m'aide à mollir un peu à chaque pas.
Là-bas, au bar, quelqu'un qui tourne le dos à la scène
n'a pas applaudi. De ma voix la plus
déguisée, la plus mâle, je crie au barman:
- Le whisky de l'officier est pour moi. La même chose, en double.
René s'est retourné, le teint bleu dans le reflet de sa
chemise violette, la bouche tordue, l'oeil méchant.
- Dégage!
Il m'a reconnu.
J'ouvre ma chemise, dégageant le sein droit où luit mon anneau:
- Regarde, je l'ai fait poser pour toi.
- Menteur!
Je suis pris d'un tremblement nerveux.
Rentrons ensemble dans ma tanière de Dead End
Street. J'ai vidé ma chambre de tout
autre meuble qu'une table d'examen haute et étroite et une valise pour ses
affaires. Les murs sont recouverts de
vidéogrammes de René extraits de mes bandes: René se grattant la tête, se
tirant le slip d'entre les fesses, assis sur la balise de stationnement,
mettant une main au cul à l'homme-poisson, sirotant sa sucette. Son ignoble sourire hologrammatique occupe en
image arrêtée tout l'écran de la tri-di.
- T'es salement accroché sur ma tronche.
- Le crochet c'était ton bras.
René observe avec intérêt les détails de ses
portraits. Je me déshabille pendant
qu'il flâne. Je me mets en position à
quatre pattes sur la table, et j'attends la joue calée sur mes bras
croisés. Quand il me rejoint, je lui
tends un pot de graisse à traire.
- Si c'est pour remettre le couvert, tu peux ranger le
saindoux. Combat à mains nues, comme la
première fois.
- Alors mets-toi en tenue. Dans la caisse, près des chiottes tu en
trouveras une à ta taille.
J'entends le bruit du ceinturon qu'il boucle, les
godillots qui s'entrechoquent. Il ne
faut pas que je le voie à poil sans quoi je vais jouir bêtement. Je me triture le cul pour limiter les
dégâts. Je l'entends refermer la porte
des chiottes. Il est debout dans mon dos. Il relève ses manches. Il pose son poing fermé contre mon anus que
j'écarte. Il dit:
- J'ai pas l'heure mais si tu veux je garde ma
gourmette.
Il me défonce la rose à coups de poings. Il veut me casser, me détruire, pénétrer sans
préparation comme dans un punching-ball éventré.
Plus tard, je lui montre le film où le shaman me perce
les seins. Il repasse plusieurs fois, en
se malaxant la braguette la séquence de cris étouffés. Je n'ai toujours pas vu sa queue. Je lui montre un documentaire emprunté au
studio, qui détaille la pose d'un Prince Albert [1]. Il jubile: "Ouais, ouais" ...
- J'ai tout le matériel. Quand tu m'auras posé l'anneau, je ne pourrai
plus me servir de ma bite pendant six semaines. Il n'y aura que ma bouche et
mon cul pour te satisfaire.
- Raison de plus!
Repasse le film, que je mémorise les gestes.
Il tient ma queue flasque entre le pouce et
l'index. J'ai bu, un, deux, trois pleins
verres d'alcool. Il m'a déjà introduit
dans l'urètre un coton-tige, puis la canule creuse qui guide le poinçon dont la
flèche bute à l'intérieur de mon gland, juste au-dessous du frein, en un point
sans cesse plus brûlant. Tenant
fermement le gland à sa base, il bloque de l'index l'extrémité du stylet. Il pousse.
Je vois les tissus étirés par la pointe se distordre. Une pluie d'étincelles m'aveugle. Les pans biseautés de la flèche s'enfoncent,
crèvent la peau, et la pointe ressurgit, écartant la chair. Ma bite suspendue tient, comme un trophée de
chasse, à la tige d'acier porte-anneau.
L'alliance frotte aux bords du trou neuf, m'arrachant une plainte vite
éteinte dès qu'il referme en cercle la demi-lune du bijou. Je halète encore sous le choc quand il
déclare:
- Tu as mérité de voir.
Il ôte son pantalon, j'oublie le mal.
Il
chevauche ma tête. Je distingue chaque
aspérité de son entrecuisse, les muscles ronds, les premières ridules, la
naissance du poil plus dru vers l'aine et la raie du cul, un bouton près
d'éclore. Le pubis est très noir et la
bite très blanche, encapuchonnée d'un long prépuce qui retombe en chaussette, à
l'extrémité renflée comme la balustre d'un balcon florentin. La hampe veinée de bleu est épaisse et
courte. Il tire dessus, la peau glisse,
découvre la moitié du chapeau en poire.
Un jet sombre en jaillit. Il dit
'Bois' et je lape, m'étranglant sous la pisse qu'il retient pour me laisser le
temps de déglutir. J'en recrache par le
nez, ça me coule sur les joues, bière mousseuse, servie chaude. Il me largue un crachat dans la bouche que
j'avale avec les dernières gouttes.
Enfin, il m'octroie le droit de lui lècher le bout. Je continue de le décalotter avec la
langue. Je trouve sous la couronne un
abondant fromage salé à l'odeur de jambon sec, résidu macéré de
branlettes. Lui, tire à l'arracher sur
l'anneau de mon sein.
J'ai la mâchoire pendante. Le Bleu, le Bleu marine, l'ourlet de la
chemise, tout vacille. Je suis le Sphinx
et je tiens dans ma gueule la colonne sur laquelle repose le monde. Je suis là pour l'éternité, pour les siècles
des siècles je la dévore, je n'ai jamais rien goûté d'aussi bon. Le bâillon s'engaine dans ma gorge, j'ai la mâchoire
béante. Il durcit et me chatouille la
luette, je vais vomir des flots de salive et de bile qui le lubrifieront. Par en haut aussi il pourrait rentrer la
main. Je récupère la mobilité du
visage. Des crampes douloureuses me
sillonnent le menton. Voilà des heures
que je le suce, mes lèvres en sont gonflées:
- Pas les dents, martèle-t-il en me giflant.
Je suis attaché au plafond, j'ai ses menottes aux
chevilles. Il passe en prenant son
service, me corrige au ceinturon., vérifie la cicatrisation de mon Prince
Albert qu'il désinfecte à la vodka.
Passe de l'alcool sur les marques de coups dans mon dos. A midi, il me nourrit de boîtes de pâtée et
de riz. Il dit que ces aliments
entretiennent le bon état de marche de mon cul.
Le repas est arrosé par un grand verre d'urine tiré directement à la
pompe. En quittant le poste, il passe
faire ma toilette, il me branche le tuyau de douche dans le cul. Mon mouvement de balancier rend mon viol plus
facile. Fermant son poing sur la boucle
de sa ceinture, il enroule la lanière autour de son avant-bras comme un serpent
de caducée. Il s'enfonce presque
jusqu'au coude, puis, ouvrant sa main enchâssée, retire la ceinture qui se
déroule lentement, me donne l'impression que je pars par le cul, qu'il va aspirer mes organes, me retourner comme
un poulpe qu'on dépiaute. Pourtant le
pal est toujours là [2]. Si, pour une fois, il a plongé la main gauche
dans le pot de crème, c'est qu'il tente de la glisser le long de son poignet
droit. D'abord, il ne semble pas que la
différence soit énorme, mais les deux mains se rejoignent dans le couloir,
paume contre paume comme en prière, les doigts s'entrelacent, forment une seule
masse immobile dans laquelle il glisse sa bite pour se finir au chaud.
Parfois, il envoie des copains. Il n'assiste jamais aux séances. Le sous-chef prend son pied en me travaillant
le derrière avec la crosse de son flingue.
Rocky me bourre avec sa chère matraque, ne dédaigne pas de s'enfiler
l'autre extrémité, aime ensuite s'asseoir sur mes trente-trois centimètres et
pomper du cul (flexion des genoux, il compte "HanDeux, Han-Deux'), tourne
sur le pieu les quilles à l'équerre, me colle sa matraque et la bite
ensemble. Songe à apporter d'autres
accessoires, cône de signalisation, pied de table torsadé.
Un keuf en tenue de combat que René a envoyé pisser
ailleurs, me découvrant à plat ventre, attaché les membres en croix, m'encule,
urine dans mon cul puis boit le liquide que je restitue. Il veut que je le finisse à la bouche. Sa queue courbe butte rageusement contre mon
palais. Il aime que les dents
l'éraflent, que je lui morde le gland, après quoi il s'éclipse sans avoir joui.
D'autres soirs, René rentre avec un inconnu. Il m'attache aux pieds de la table. René et l'intrus luttent nus devant moi. René se met en position de passivité, fait
admirer ses fesses, les graisse, tire le mec par le chibre et s'empale après
deux essais infructueux.
- Vas-y, lime-moi bien fort, lui il a pas le
droit. A la queue trop grosse.
La croupe haute, le souffle rapide, il contracte en
cadence pendant que le mec s'affaire, régulier, indifférent.
- Va jouir dans sa bouche, qu'il en ait le parfum.
L'intérieur de René pénètre dans ma bouche, le musc,
les particules fécales, la chaleur exacte qui l'anime. Je suce le garçon jusqu'à ce que le goût
s'estompe. Il paye l'intrus et le
renvoie.
René me glisse entre les lèvres une pilule de Reality.
- Premier choix, dit-il. Pas comme ce que je revends tous les jours
dans les ghettos. Ça a le goût de la vie, et ça tue à coup sûr.
Je nous vois, répétés dans le champs de deux miroirs, à
l'infini:
- Formule ton désir.
Et le petit génie de la lampe l'accomplira. Tu fermes les yeux et déjà je sens la tête du
serpent s'insinuer en moi alors que je ne le permettrai jamais.
Dans Borderline (Au-delà de l'Extrême Limite),
le keuf a un marteau et des clous, mais je souffre trop quand il tente de
m'enfoncer le premier piton carré dans la main.
Heureusement, il a pensé à emmener une perceuse. Dressé contre le mur, je suis un X. Il
suspend des poids, des poires de plomb à l'anneau de ma queue. Il dit: "Pour la faire grandir’'. Il la décore d'épingles à nourrice. Il attache des pinces crocodile aux anneaux
de mes seins, me branche sur le secteur, jouit de la secousse. Il se branle et contemple son oeuvre qu'il
fait clignoter comme une guirlande électrique.
Le jus dans les couilles et dans le nez m'assomme. Je crois qu'il déleste ma bite. Il me masturbe sans ôter les épingles de
sûreté, ne m'en débarrasse qu'au moment où je commence à bander. Approche une planchette de liège et me pique
la queue comme un entomologiste transperce un insecte. Me traverse la hampe avec ses épingles; fait
un avant-trou au poinçon à travers le gland, y fiche un clou, laisse balancer
son ouvrage. Une fois ma bite clouée, il
m'arrache à la croix, me dévisse.
Son poing fermé me lime, il rentre un bras, puis
l'autre. Il joue avec ses orteils râpeux
contre le gouffre, s'aventure prudemment jusqu'à la base de la cheville. Il se shampouine la tête, lisse le reste de
cheveux courts avec le savon. Tête en
avant, il fonce, écartant mes fesses à les déchirer. Le monde, la planète va entrer en moi. Il me boute vers l'avant. Le clou dans le gland me lance. Il m'assoit sur le sommet de sa tête. Je glisse irrémédiablement le long de la
calotte crânienne. Ca s'évase encore, ça
n'est pas possible. Seigneur, l'Ogre est
revenu, le boucher, Saturne!
Dans le miroir il est assis en tailleur et je vois, en
relevant les cuisses, que la dilatation ultime a eu lieu, le bourrelet anal
couronne son front. Il happe mes
couilles, les roule dans sa bouche, essaye de cisailler le sac à coups de
dents, tire des deux bras sur mes cuisses pour m'amener au bord de ses
sourcils. Il saisit mon paquet de la
main gauche, un poignard brille. Il
tranche. L'homme sous moi est devenu une
fontaine de sang. Il m'aspire, il
m'aspire ...
Conclusions du rapport dressé par le brigadier Roch au
sujet de la tuerie de Dead End Street:
"Il parait certain que la vedette de cinéma connue
sous le nom de Scott O'Kief a succombée à une hémorragie consécutive à une
émasculation totale pratiquée peu avant son décès. Tout laisse à penser que l'officier René Proctor
aurait procédé à cette ablation des organes génitaux avec un couteau de cuisine
retrouvé sur les lieux. La verge
retranchée du sus-nommé a été retrouvée profondément enfoncée dans le conduit
anal de notre défunt collègue.
Aussi ahurissant que cela puisse paraître, la mort de
l'officier Proctor a dû survenir alors qu'il était parvenu à introduire sa tête
par les voies dites naturelles de l'acteur, et cela probablement jusqu'au
menton puisque c'est dans cette position que les corps ont été trouvés. Le décès peut être raisonnablement attribué à
l'asphyxie résultant de l'opération plus haut décrite. Il est à noter qu'il fallut transporter les
corps ainsi soudés à la morgue, la rigor mortis ayant rendu impossible leur
séparation sans l'intervention d'un légiste."
Dans son bureau suspendu du 666ème étage, Doomsday
donne ses ordres à son nouveau secrétaire:
- Le montage de ce que nous avons tourné est prêt. C'était une fière idée de dissimuler un jeu
de caméras dans les faux plafonds du loft de Scott, grâce à quoi nous sommes en
possession d'un matériel de première bourre.
Toutefois nous ne pouvons pas compter sur les réseaux de distribution
habituels. Faites envoyer en
cadeau-prime avec les armes pour le moral des peuples en guerre. Ecrivez à la délégation gouvernementale que
je renonce à commercialiser Reality, toutes les conséquences de son utilisation
n'étant pas suffisamment connues des fabricants. Remerciez-là de sa compréhension et de l'aide
apportée pour le bon déroulement des tests.
Faites disparaître le nom Scott O'Kief de tous les catalogues...
Voulez-vous vous déculotter s'il vous plaît.
Approchez. Chiez sur la
table. C'est un ordre!
Le secrétaire baisse son pantalon, monte sur le bureau
et défèque. Doomsday considère l'étron,
le renifle et conclut:
- Vous êtes renvoyé.
[1]
Appelé 'dressinq ring' sous le règne de Victoria,
l'anneau de méat connu sous le nom de Prince Albert, avait à l'origine pour
fonction d'assujettir la verge à une agraffe (la maintenant tendue dans l'une
des jambes du pantalon ou accrochée à la ceinture), afin de diminuer le volume
des avantages naturels, en ces temps hypocrites où la mode imposait
paradoxalement aux hommes le port de pantalons collants très étroits. On dit que le prince Albert portait un tel
anneau pour rétracter en permanence son prépuce et le tenir exempt d'odeur,
dans le souci de ne pas indisposer la souveraine.
[2]
Le fist-fuckinq n'est pas une invention
récente. Seules son érotisation et sa
diffusion peuvent sembler neuves.
Michel-Ange le représente dans les fresques de la Sixtine comme l'un des
tourments de l'enfer: un beau diable, s'est emmanché le bras dans le fondement
d'un damné effaré, dont la main voudrait repousser avec horreur le poing déjà
enfourné au-delà du poignet. En 1796,
Sabatier, en son tome III De la médecine opératoire en mentionne la
variante thérapeutique: 'Un particulier s'était introduit dans le rectum une
fiole de verre longue. N'ayant pu la
retirer, il lui fut impossible d'aller à la garde-robe, ni de recevoir des
lavements. Les pinces n'avaient point de
prise sur ce corps. On ne trouva d'autre
moyen pour en délivrer le malade que d'engager un enfant de huit à neuf ans,
dont on avait fait graisser la main, à la lui introduire dans le rectum pour
pouvoir le saisir et l'amener au dehors'.
L'auteur ne précise pas quelles conséquences eut sur l'esprit de
l'enfant cette expérience hors du commun.
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