Carnets de Scott O'Kief
Notes pour servir de Mémoires
Mon seul bien est mon corps.
Ma seule liberté en jouir ou le mutiler.
Je m'appelle Scott O'Kief, troisième du nom, bien que
les précédents n'appartinssent pas à ma famille. Mais qu'importe le nom: quoique je sois connu
du monde entier, peu de mes fidèles sont capables d'associer ce nom à mon
visage, et certains de mes plus fervents admirateurs parviennent à peine à se
rappeler le visage qui va avec le corps.
Acteur, je n'ai jamais vraiment tourné de film, je n'ai
abusé personne par la parole. J'ai
seulement vendu par morceaux mon image.
Comme l'athlète de haut niveau j'ai gagné ma vie à force de performances
physiques, négociant mon savoir et mes heures d'entraînement contre toutes sortes
de contrats publicitaires. J'ai ingéré
fortifiants, anabolisants, vitamines propres à épaissir les humeurs, je me suis
astreint à tous les régimes nécessaires à l'entretien de mon outil de travail. Comme l'acteur, comme l'athlète, j'ai dû
soutenir la compétition, prouver que j'étais plus résistant, plus long. Et je porte les marques du métier dans ma
chair, je surveille la disposition des traces dans mon dos (car ma peau de roux
marque facilement), comme le gymnaste regarde s'élargir à l'intérieur de ses
bras les bleus laissés par les barres parallèles ou examine la peau de ses
paumes durcie par les rotations et le frottement des appareils. Même l'avertissement liminaire de mes
prestations assimile mes performances à l'exercice d'un art et en souligne la
portée éducative. Ordonnateur
d'installations complexes et de tableaux vivants., je suis certain d'entrer un
jour au musée comme le représentant emblématique d'un courant esthétique qui
marqua mon siècle. Et si, comme je le
pressens depuis toujours, le destin voulait s'en mêler, peu s'en faudrait que
je sois considéré comme un mythe, le support-culte d'une sous-culture appelée à
renverser et à remplacer la bienséante culture dominante.
Je n'étais pourtant guère intelligent, rusé seulement,
et je consacrais l'essentiel de mes loisirs à anéantir par les drogues le reste
d'esprit et de raison que l'exercice physique n'avait pas su chasser.
Oui, vous me connaissez forcément, comme certains
tableaux sont gravés dans votre mémoire sans que vous ayez jamais entendu
prononcer le nom du peintre. Je suis
partout, sur les murs des célibataires (car ma vraie place est dans les
chiottes), en double page des journaux qu'on achète, loin de chez soi, dans les
gares, en couverture des livres qu'on lit la nuit, et j'apparaîtrai longtemps
après ma mort sur des jaquettes de films auxquels, par force, je n'aurai pas
participé.
Où que vous viviez en ce monde, vous m'avez vu dans les
écrans des chaînes distribuées sur abonnement, par satellite; et même dans les pamphlets
rédigés par mes détracteurs vous m'avez croisé sans y prendre garde.
Un bref résumé de mon oeuvre vous rafraîchira la
mémoire:
Dans leurs transcriptions sur disque, les bandes de mes
débuts conservent l'aspect saccadé de vieux films de vacances. Les scènes s'y enchaînent si vite qu'on
distingue assez mal les premiers rôles, et j'éprouve quelques difficultés
moi-même à m'identifier dans la séquence finale de Sophomore Basement
(La Cave aux Bleu-Bites). Adolescent
malingre lié à plat ventre sur une échelle, je n'apparais que pour pisser
copieusement sur quelques victimes plus ou moins consentantes que les membres
d'une congrégation pseudo-grecque glissent à la file sous les barreaux. On m'avait abreuvé de plusieurs litres de
bière qui furent ma seule rétribution.
Dans le film c'est bien moi qui pisse, mais la caméra cadre de loin et
n'a pas fait de gros plan. Je jouais une
utilité, comme on dit des figurants inutiles.
C'est parce que je trainais nu entre deux plans sur le plateau que le
réalisateur constata qu'il avait fait une grosse erreur de casting. Après vingt minutes de hurlements, dus au
limage intensif que je lui fis subir à sa demande dans sa loge, il me réengagea
pour Wild Punks (Les Voyous Sauvages).
Là encore je n'apparais que dans le dernier tiers du film, mais j'ai
pris du galon puisque j'ai un costume.
Coiffé d'une casquette de cuir et chaussé des santiags du cameraman,
j'ai gardé mon propre jean aux déchirures éloquentes. Je ne suis pas encore refait, et les gros
plans sur mon sourire révèlent mes dents cassées et le chevauchement de mes
incisives. J'avais ou dix-huit ans la
veille et nous tournions dans le jardin d'hiver de la villa de Doomsday. Avant mon apparition mon partenaire a été
disposé à plat ventre sur un banc par un autre motard d'opérette. Au premier plan rapproché on voit que j'ai le
regard vague. Le patron avait fait
circuler une pleine tabatière de poudre.
Le cerveau chamboulé par deux sniffs, je l'avais raide pour des
heures. Les quelques mètres de pellicule
sur lesquels ma bite apparait pour la première fois dans toute sa splendeur
sont eux-mêmes devenus un morceau de choix que les collectionneurs se disputent
au prix fort. Je me souviens mieux de ce
que personne ne filma: le tournage virant à l'hommage, les scriptes, les
gaffeurs, le perchman, l'éclairagiste voulaient toucher le pompon n'en croyant
pas leurs yeux. Des dizaines de mains
voletaient autour de mon sexe, certains tombaient à genoux pour le flatter à
coup de langue. Au-dessus de la mêlée,
Dino criait "Né lé faites pas zouir.
Moteur' car l'homme attaché à son banc commençait à trouver le temps
long. En m'agenouillant derrière lui je
lui embrassai la rosette (mouvement de compassion coupé au montage). La surprise lui redonna une érection présentable,
la script cria: "Raccord!", des braguettes de techniciens s'ouvrirent
...
Mais on coupe pour me graisser la queue. Le cuisinier a préparé en même temps que le repas de midi, un lavement d'huile tiède qu'on administre au colis ligotté pour que je puisse, comme le veut le scénario, l'encaldosser d'un trait dans la plus grande propreté. Les pets liquides font pouffer les assistants.
Le maquilleur essuie les traînées jaunes qui dégoulinent à l'intérieur de ses cuisses, et donne quelques tapes pour faire rougir le siège. Je tente de le pénétrer en force. Malgré la préparation il se contracte au passage de la couronne du gland, effrayé par l'attente et la douleur subite qui l'écartèle. Il gueule qu'il ne peut pas. Dino s'énerve "Tou veux dévénir oun star, si o no? il va me gâcher la séquence!"
L'accessoiriste prépare la seringue, le gars gueule quand il le pique dans la rosette: '’C'était pas prévu’'. On lui promet une rallonge. Deux minutes après (et je n'ai pas molli), il me présente un anus béant anesthésié, un boulevard large à y carrer des bouteilles, le sphincter si insensible qu'on aurait pu y tailler au couteau. C'est pour ça qu'on ne voit pas la saillie de près, qu'on n'a gardé que la chevauchée, peu agréable d'ailleurs, car à quoi bon se frotter dans de la viande froide. Je jouis au ralenti, les oscillations de ma queue qui se redresse et les giclées projetées sur sa nuque et son dos sont du meilleur effet. Le dernier plan s'attarde sur ma gueule sur laquelle il se branle. Des rigoles de jus dégoulinent des commissures de mes lèvres et je râle bouche ouverte de toutes mes dents irrégulières, tentant d'attraper au vol le jet que j'avale dans un claquement de langue. Le film, qui n'était pas très bon, se vendit si bien que le patron décida de pondre personnellement le scénario du suivant.
Mais on coupe pour me graisser la queue. Le cuisinier a préparé en même temps que le repas de midi, un lavement d'huile tiède qu'on administre au colis ligotté pour que je puisse, comme le veut le scénario, l'encaldosser d'un trait dans la plus grande propreté. Les pets liquides font pouffer les assistants.
Le maquilleur essuie les traînées jaunes qui dégoulinent à l'intérieur de ses cuisses, et donne quelques tapes pour faire rougir le siège. Je tente de le pénétrer en force. Malgré la préparation il se contracte au passage de la couronne du gland, effrayé par l'attente et la douleur subite qui l'écartèle. Il gueule qu'il ne peut pas. Dino s'énerve "Tou veux dévénir oun star, si o no? il va me gâcher la séquence!"
L'accessoiriste prépare la seringue, le gars gueule quand il le pique dans la rosette: '’C'était pas prévu’'. On lui promet une rallonge. Deux minutes après (et je n'ai pas molli), il me présente un anus béant anesthésié, un boulevard large à y carrer des bouteilles, le sphincter si insensible qu'on aurait pu y tailler au couteau. C'est pour ça qu'on ne voit pas la saillie de près, qu'on n'a gardé que la chevauchée, peu agréable d'ailleurs, car à quoi bon se frotter dans de la viande froide. Je jouis au ralenti, les oscillations de ma queue qui se redresse et les giclées projetées sur sa nuque et son dos sont du meilleur effet. Le dernier plan s'attarde sur ma gueule sur laquelle il se branle. Des rigoles de jus dégoulinent des commissures de mes lèvres et je râle bouche ouverte de toutes mes dents irrégulières, tentant d'attraper au vol le jet que j'avale dans un claquement de langue. Le film, qui n'était pas très bon, se vendit si bien que le patron décida de pondre personnellement le scénario du suivant.
Dans Like it Rough (L'amour à la dure), je suis
une des cinq bites qui ornent les glory holes pratiqués dans une cloison
pailletée montée en hâte dans les chiottes écarlates du "Y". Un esclave aux yeux bandés nous pompe à tour
de rôle. Je suis le seul à triquer sans discontinuer même quand il cesse de me
têter le dard. Appréciant ma raideur il
s'étrangle à vomir sur son bâillon de chair.
A la scène 2 on le retrouve attaché au plafond, les bras levés et ne
touchant le sol que de la pointe des pieds.
Quoique le générique impute le rôle à un acteur fictif, c'est moi qui
incarne le deuxième fesseur, dissimulé derrière la cagoule de cuir intégrale et
le string clouté. J'ai toujours pris mon
travail très au sérieux. Pour que le
spectateur adhère, je dois prendre mon pied, ne pas me contenter d'un
professionnalisme distant, ne pas avoir d'égard pour mon partenaire si le
scénario l'exige. Ne pas faire vrai;
être vrai. Aussi lorsqu'on me mit la
cravache entre les mains en usai-je sans ménagement envers le comédien. J'avais trouvé bien molle la correction
infligée par le premier maître. Je
savais que je pouvais tirer plus de ce grand corps blanc, mince et
élastique. Son silence timide, son
effacement, l'esquive dansante sous la lanière prouvaient suffisamment qu'il
attendait qu'on le force à donner toute la mesure de son talent. Du nanan pour un vrai pervers; je l'entrepris
à pleine paume pour gagner sa confiance, distribuant mes coups à contre-temps
au rythme de ses relâchements, guettant l'instant précis où l'homme commence à
croire à un répit précaire. Je lui fis
compter jusqu'à vingt les coups appuyés de raquette de ping-pong, puis je
recommençai, armé d'un tawse, dont l'impact fit monter d'un ton sa voix dans
l'aigu. Je m'efforçais d'obtenir que la
lanière souple du fouet appliqué à plein dos, s'enroule autour de la cage
thoracique, soignant la sonorité des claquements, croisant les marques pour
dessiner des motifs agréables à l'oeil, faisant indéfiniment varier la nature
des envols et des rebonds affolés du sujet d'expérience. La caméra fixait le virage des roses aux
rouges, puis au violet sous l'oeil offusqué de nos camarades ahuris mais au garde-à-vous. L'accessoiriste fit rouler à mes pieds un
martinet. Je balançai les queues
élastiques de l'accessoire contre la sienne dont l'état de turgescence m'était
soudain apparu comme une insulte au personnage dominateur que je m'efforçais
d'incarner. Pour la première fois il
demanda grâce. Gino fit signe de
continuer à tourner. S'il tentait de se
protéger les couilles en remontant les genoux ou en se coinçant les burnes
derrière les cuisses, je l'atteignais par derrière, balayant l'entrejambe. Un hurlement autoritaire et ses pleurs me dégrisèrent. Un silence total succéda à notre échange,
lourd du bourdonnement des respirations oppressées. Lorsqu'il quitta le tournage, rhabillé et
vouté dans son costume de ville, il me salua discrètement d'un "Merci,
maître’’. Je répondis que tout le plaisir
avait été pour moi.
Le lendemain le tournage me mit sur les rotules
puisqu'il me fallait démontrer mes aptitudes de pompeur. Ma mission consistait à provoquer et à
maintenir l'érection des sept membres qui pendaient tristement par les ouvertures
de la cloison. Aspiration, salivation,
exploration du méat, mordillement, mâchouillage, je menai l'opération de bouche
de maître, et mon instinct de l'instant propice ne m'empêcha pas de boire la
tasse, une fois au moins. Mais c'est là,
les mains liées et les genoux en terre que je compris que toute ma vie avait
tendu vers ça: l'enfance dans les bois, l'exercice physique, la honte de la
différence, le poil roux, mes mollets trop nerveux, mes dents cassées, ma queue
encombrante, tout trouvait sa solution dans le désir irrépressible que je
déclenchais chez mes partenaires.
J'étais un phénomène; plus qu'un acteur, j'étais moi, enfin. La scène finale symbolisa donc mon entrée
fracassante dans la grande fraternité du show-bizz. Tout le casting fit cercle autour de moi,
avec blaireaux, mousse et rasoirs. Mon
sexe dégagé des touffes de poils roux, apparut, monstrueux, obscène, déplacé
sur mon corps lisse et imberbe et je reçus, étendu les bras en croix un geyser
de foutre, une gerbe à huit faisceaux, inondant mes oreilles, mes yeux et mes
narines. Je distribuai à chacun un nom
de guerre inspiré par le goût de sa décharge, Groseille acide, Morille
crémeuse, Amande amère, Sirop expectorant, Eau de vaisselle, et la scène s'acheva
dans des éclats de rire. Seul et ruisselant,
au centre du plateau, sous les projecteurs, j'ignorai les congratulations
d'usage. Je venais de jouir mais ma
trique pointait encore contre mon nombril.
Fléchissant les cuisses et me cassant en deux, je lèchai le sperme
étranger sur mon ventre. Les lèvres
tendues j'aspirai l'extrémité de mon gland. Quand il me vit en action Gino faillit s'en
étouffer: ‘’madre Putana, et dire qu'on n'a pas mis ça dans la boite!'
Ce fut l'argument d' Help Yourself (Aide-toi,
ton cul t'aidera), tout entier consacré à mes performances en solo. Pas d'autre décor qu'un podium blanc entre
trois murs de carton crème. Ce film
révèle aussi la partie de mon anatomie jusqu'alors insuffisamment
exploitée. On n'a pas encore entrevu ma
gueule que mon trou a déjà la vedette.
M'écartant les fesses, je présente au publie et au zoom de la caméra mon
oeil noir, j'en lisse les plis épilés.
D'un doigt profondément dardé, je fais valoir l'élasticité du bourrelet,
la mobilité de la bague, son relief rose-carmin qui forme crevasse entre les
lunes pales. Ecartant le sac des
couilles, je glisse mon paf entre mes cuisses, je parviens à me chatouiller
l'anus du bout du gland. Mais aussitôt
que je tente de me pénétrer, je bande.
Tant pis, vous en avez assez vu de ce côté-là. Je vous montre que mes mains superposées ne
contiennent pas les deux tiers de l'outil.
Je lâche quelques glaviots longtemps roulés d'une joue à l'autre, qui lubrifient
ma hampe. Le spectateur a tout le loisir
aussi de flasher sur ma belle gueule carrée filmée par dessous, mon nez écrasé
de boxer, le crin roux qui commence à repousser sur mes tempes. Debout contre le mur, en souplesse avant, je
m'auto-pipe. Plaqué sur le dos, je
ramène mes jambes en l'air et le bassin par-dessus la tête, je me tiens en
équilibre sur les épaules. Dans cette
position je parviens à m'avaler plus avant, je joue de la langue autour de la
base du gland. Au signal de Lino, je
m'aide de la main et jouis dans cette pose, relèchant mon foutre sur mes
babines. Je lui trouve un goût fade de
lait pour bébé, mais je ne feins pas l'extase qui me transporte à commettre cet
acte d'auto-anthropophagie.
Non content de me tondre la laine sur le dos, deux
soirs par semaine, Doomsday réclamait son dû de performances live. Il avait surtout pris goût à m'enculer (ce
qui ne me faisait pas grand mal), appelant ça son domaine réservé, son
copyright exclusif, puisqu'à l'écran j'étais toujours puceau des arrières. Quand je demandais pourquoi (après tout, ma
fierté et mon honnêteté professionnelle étaient en jeu), il invoquait de vagues
raisons publicitaires, arguant que tout un montage financier reposait sur ce
suspense et qu'il comptait vendre très cher ma défloration officielle. Ne parvenant pas lui-même à se faire prendre
sans douleur, à cause de restes de fistules, de tumeurs hémorroïdaires et
peut-être un début de cancer qu'il niait, il rabattait des gigolos autour des
gares, promettant le paquet à ceux qui étaient assez courageux pour engloutir
le mien, mesurant et déduisant de leurs gages une somme proportionnelle au
nombre de centimètres demeurés hors du tube les fois ou la sodomie était
incomplète, triplant la mise pour qui consentirait à l'essayer à sec, aidé par
des capsules d'ammoniaque fixées dans les narines et une profusion de
psychotropes variés.
Après quelques mois de musculation et de dentiste, je
tournai enfin mon premier long métrage en vedette, avec rôle parlant, s'il vous
plaît, Summer blue (La Plage aux Empafés). Jeune campeur j'y raconte mes aventures de voyage
qui constituent le scénario de sketches où je n'apparais pas toujours. En véritable acteur, je déguise ma voix, je
la tire vers le grave, j'emprunte un accent mâle et faubourien et mon débit
ralenti n'est pas dû qu'à l'abus de poudre.
Je ne garde pas longtemps ma chemise à carreaux et mon slip de coton
trop neuf si je conserve mes chaussettes blanches. Les séquences qui me sont consacrées me
montrent surtout en solo, secouant mes trente-trois centimètres de viande,
retardant indéfiniment la séquence d'auto-fellation à coup sûr attendue par ma
clientèle. Intermède bucolique: courant
nu dans les bois, j'avise un campeur sauvage occupé à dresser sa tente. Il est en kilt et sa position courbée met en
valeur les burnes pendantes entre ses larges cuisses musclées. Grimpé au sommet d'un pin, je me branle pour
qu'il me repère. Dans l'herbe et les
aiguilles de conifères, nous rampons. Il
me suce, je bande mou. Un garde
forestier nous surprend. Nous le
circonvenons et tandis que l'autre campeur, jupe relevée, le pompe en 69, je lui
écarte les genoux pour le défoncer.
Rapidement les atermoiements du comédien en uniforme m'agacent. Il fait la mijaurée, me repousse, me ralentit
de la main, recale ma bite dont la cambrure le fait souffrir, s'ouvre
enfin. A peine l'ai-je pilonné trois
fois que ma queue ressort sale.
Interruption du tournage. Je
l'insulte, je lui crie: "Allez, viens nettoyer ta merde" en le tirant par
les cheveux je frotte ma bite à son nez, à ses lèvres. "Quand on fait ce métier-là, on prend
ses précautions avant’’. Je regrette cet
accès d'humeur. J'étais à bout. Les interviews, les photos, le succès naissant
me montaient à la tête. Et puis je
redoutais la scène suivante, toute entière construite autour de mon dépucelage
cinématographique.
C'est pendant cette interruption que l'hélicoptère de
Dommsday se posa dans le champ voisin.
Jamais Pino n'avait vu le producteur débarquer en personne pendant les
extérieurs. C'est que Master Reginald
avait réfléchi et insistait pour qu'on me substitue une doublure durant la
scène de pénétration. On tourna à
regret, et c'est le cul du décorateur, roux, comme moi, que vous voyez à
l'écran.
Cette sodomie pourtant, je l'avais attendue, j'en étais
venu à la désirer avec violence. Je voulais
que mon public réalise enfin que j'étais un enculé et que je jouissais d'autres
qualités que celles trop évidentes de mon mandrin fabuleux. Mécontent de ne pouvoir me donner à fond, je
ne voulus pas passer pour un lâche devant Pino et les techniciens. Ayant tété dès neuf ans le manche en
plastique cannelé d'une balayette de chiottes, je m'étais aguerri grâce aux bois
des couteaux à désosser de la boucherie.
Avant de recevoir l'hommage mémorable de la bite à papa, tous les objets
usuels de la maison étaient entrés en contact avec mon fion. Tout cul de bouteille, si renflé soit-il
avait plongé profondément dans le mien.
Parfois je circulais, gardant au chaud des fioles, que j'expulsais pour
faire rire les gamins de l'école. Au
jardin j'essayais les manches des râteaux ou des pioches, les piquets des
clôtures, les animaux, les vagabonds, le tout venant.
Dès que Doomsday eut tourné les talons, je me mis à
croupetons et demandai qu'on m'apporte un des concombres achetés pour le
hors-d'oeuvre de notre pique-nique. Il
était plus court mais tout aussi renflé en son milieu que mon pieu. Sans autre lubrifiant que ma salive je
m'introduisis d'un trait le légume que mon cul accepta comme un
suppositoire. Je m'efforçais de rester
impassible pour faire honte au brailleur, esquissant à peine le commencement
d'une grimace au passage des reliefs du cucurbitacé. Des applaudissements fusèrent quand l'objet
disparut en entier, et de nouveau quand je restituai cette merde verte, sans un
spasme. J'invitai Pino, comme j'allais
m'en rendre compte bien nommé, à remplacer l'accessoire, puis par ordre
protocolaire d'importance, tous ceux que la scène avait échauffés, à prendre sa
relève. A l'issue de la tournée je
dégorgeai un demi verre de foutre que je recueillis pour l'avaler d'un trait à
la santé de tous. Je sais que certains
ont bâti une fortune en revendant la bande pirate de cette séquence off de
travail collectif. J'avais la conscience
tranquille; j'avais mis en accord mon désir et mon devoir.
De mon temps, la seule discipline médicale en expansion
à K-pital était la chirurgie esthétique.
Les progrès de la science ont permis à mes contemporains d'atteindre la
complétude de leurs désirs fantasmatiques.
Hormis moi, qui en suis un, je sais que le rêve de la majorité des
envieux est de devenir un monstre, d'avoir trente centimètres de viande dure à
poser sur la table. Dans ma profession
c'était plus qu'une obligation. Nombreux
sont mes camarades qui ont terminé leur carrière mutilés par trop
d'interventions douteuses. Pour les plus
mous, la mode fut en un temps de se faire greffer dans la verge un fragment de
côte afin de présenter une érection perpétuelle. D'autres se firent implanter des dispositifs
à pompe, dont le réservoir dissimulé dans les couilles ou sous le scrotum,
permettait d'aboutir occasionnellement au même effet. On imagina ensuite d'insuffler entre la peau
et les corps caverneux de l'air comprimé, au moyen d'une aiguille creuse,
procédé efficace mais éphémère; je le vis pratiquer sur divers plateaux,
admirant le stoïcisme des vedettes qui s'infligeaient en grimaçant
l'introduction du biseau de la grosse aiguille.
Sous l'impulsion du professeur Unsinn se répandit la technique consistant à implanter de la graisse liposucée pour
accroître le diamètre de l'organe, mais un résultat fiable ne paraissant
atteint qu'après la quatrième ou cinquième tentative, l'intervention laissait
sur la verge des cicatrices inesthétiques.
Malgré les greffes de peau et les prothèses perfectionnées, la concurrence
s'agitait en vain.
Désormais mon nom faisait vendre. Je gagnais plus en un jour de tournage que la
somme cumulée de mes rétributions antérieures.
J'apparaissais en guest star dans les productions de studios
concurrents, comme dans Watergames (Histoire d'eau) où j'incarne un
jardinier chaussé de paraboots qui arrose par mégarde son patron endormi au
soleil. Comme il convoite mon tuyau
d'arrosage, je l'en pénètre et il rejette l'eau claire de ces lavements successifs. Lorsque l'eau est limpide, je l'encule. L'acteur était joli garçon, son cul
accueillant et souple. A la plus grande
satisfaction de Nino, je lui tirai du foutre sans q'il se soit touché et je
réussis à lui pisser dans le cul pour couronner la scène par un ultime
rinçage. Dans Talkin'bout Mechanics
(Devenez Pompiste en dix Leçons), nu sous mon bleu de garagiste, je retourne le
collègue sur le capot de la jeep, il me demande de le fourrer avec des clés à
pipe et je le graisse avec une burette d'huile de vidange. Il a pourtant du mal à encaisser le cadeau,
se cabre, mais cette fois c'est moi qui dirige et je prends plaisir à tourner
vers la caméra sa face contractée de martyre appliqué qui vous suggère
parfaitement dans quel état vous seriez à sa place. Rassurez-vous, comme c'est dans son contrat,
il l'aura prise sans moufeter jusqu'à la garde, et recevra le droit de se
venger, en sandwich, sur son petit copain débutant.
Les scénarios étaient d'une pauvreté affligeante et
l'on se lasse de la répétition des mêmes exercices. Pour exploiter le filon jusqu'à la corde, la
production me faisait enregistrer des cassettes de remise en forme, des
conseils de régime ou d'entraînement sportif.
Profitant de la mode du rap, on m'encouragea à enregistrer un disque qui
connut un relatif succès. On m'avait
laissé libre de poser sur la boucle musicale les paroles de mon choix. Je cite, de mémoire:
Ils m'ont
appelé l'homme à la verge d'or
Qui n'en
n'a pas tâté peut en douter, d'accord!
Vas-y c'est bon, encore, crient sous moi les plus forts
Quand mon bâton d'acier les agite comme un ressort
Ils m'ont appelé la carabine à six coups,
Le magicien de la braguette avec ma baguette à un bout,
Le missile à deux têtes, le plus dur des bourreurs de
mou
Je marche sur trois pieds, moi ça m'en bouche un coin,
pas vous?
Lâchez l'étalon dans la ville!
Lâches, vous tournez les talons.
Moi, je mets toujours dans le mille,
Mon flingue est dans mon pantalon.
Maintenant le taureau vous baise,
Vous qui vouliez des couilles au cul
Vous en avez quatre, et, foutu,
Vous criez qu'on vous tue, foutaise!
L'homme à la verge d'or a toujours dans ses outres
Pour vous désaltérer quelques litres de foutre.
Ceux qui ont peur du pal et du mal, passez outre.
Charpentiers, à cheval! dansez la java sur ma poutre.
Lâchez la grappe à l'artilleur,
Sortez vos mains de mon futal,
Cinq minutes un quart de bonheur
Vous enverraient à l'hôpital.
Car on m'appelle l'homme au bélier mortel,
Le curateur des culs et le bourreau des selles
Le chevaucheur à cru, le pêteur de rondelles,
Et tous ces noms sont bien en-dessous du réel ...
On m'invitait avec curiosité jusque dans les émissions
littéraires, les couturiers et les peintres se disputaient mes faveurs
exorbitantes de modèle surpayé. Les
instances officielles négociaient mon soutien, utilisant mon image pour des
campagnes de propagande, m'habillaient en soldat, en médecin, en
superstitieux. Tout cela
m'attristait. La notoriété me rendait
neurasthénique.
Comme tout artiste, j'avais besoin de silence, de
solitude, de réflexion, de confrontations muettes avec la caméra chargée de
porter jusqu'à vous mes moindres émotions.
Quand je me branle, le monde existe, et moi avec. Je suis réceptif à tout. Nulle entreprise n'est impossible et je
voudrais les tenter toutes. Le but
ultime serait de se maintenir dans cet instant instable, d'élargir le spasme,
la jouissance, aux dimensions de la vie, cette vie de nouveau vide dès que le
sperme a coulé, que la raison recommence à souffler ses mensonges et commande
"passe à autre chose". C'est
ce message que j'ai disséminé aux quatre vents par mon image. S'il est exact que le moindre de nos gestes
altère la course réputée immuable des astres, songez que vous êtes des
milliers, à toute heure du jour et de la nuit, à reprendre en choeur avec moi
la prière interrompue, le rythme souverain amplifié par nos gestes simultanés,
qui soulève la terre en hoquets, déclenche les émeutes, les révolutions, et
noie les sociétés constituées dans le fleuve de foutre qui nous poisse les
mains.
"Tout artiste a besoin d'être applaudi"Paul Valéry
.......................................................
Voilà des nuits que je me terre dans l'immeuble
abandonné et sombre de Dead End Street où je vis retranché, éclairé seulement
par la lumière des écrans qui me cernent.
Dehors, personne n'est plus en sécurité. Les quartiers commerciaux et les centres de
loisirs (qui, connaissant mon code identitaire, m'a envoyé cette carte d'entrée
permanente à Fantasyland?) sont les premières cibles des attentats. Les milices qui surveillent la pose des
écrans-ciel s'attaquent indifféremment à tous les passants. Les étoiles et la lumière naturelle
disparaissent des zones habitées.
Les menaces des hétéro-terroristes affluent
quotidiennement aux studios, et c'est ce danger, réel ou imaginaire qui a finalement
décidé le boss à m'installer dans ce bunker.
J'y serais moins esseulé si j'acceptais la compagnie des top-models que
Doomsday m'envoie dans l'espoir que je consente à reproduire ensuite nos ébats
sous les projecteurs. Hors-caméra, les
performances des pros ne valent pas tripette.
Ils me donnent l'impression de venir faire de mauvaise grâce des heures
supplémentaires. De plus, je ne tiens
pas à ce que le patron et la société soient informés par leur canal de tous les
détails de ma vie intime.
Ceux de l'extérieur ne valent guère mieux; ils sont
déjà tous fichés en face. Quand ils me
reconnaissent, ils sont flattés d'abord, puis jaloux, et effrayés enfin par ma
célébrité comme par mon calibre. J'en ai
passé des nuits à m'échiner sur ces culs tremblants sans parvenir à rien, qu'à
m'irriter la bite. La plupart
s'effarouchaient moins de la taille de mon poing. Et si, pour satisfaire mes tripes, je leur
offrais mon cul, pris d'un accès de respect ils débandaient, ou éclataient
avant d'avoir trouvé l'entrée dans l'anticipation du bonheur à venir.
J'avale une pilule violette et je branche la
tri-di. Voilà à quoi en est réduit le
mâle universel! Plongé
dans l'univers falsifié du spectacle, j'aurai toujours
vécu couché. A mesure que la drogue se
répand dans mon organisme, les ouvertures des murs se comblent, l'écran
étincelant demeure la seule fenêtre.
J'entre dans la phase crépusculaire. Je glisse une sphère dans le codeur
et l'image se colle à moi, se développe dans l'espace que je pénètre. C'est une copie d' Help yourself . Mon
image élargie s'est solidifiée. Je peux
me toucher maintenant. Je m'introduis
les doigts dans l'anus. Je me concentre
pour éjecter de mon champs sensoriel la doublure-lumière. L'image tremble et grésille, mais le codeur a
capté l'intention. Le voyant qui
clignote me signale qu'il faut reprendre un quart de tablette de rouge pour
poursuivre. Je me vois, courbé devant
moi, cul offert. Je pince mon sphincter
pour encourager son relâchement. Je ne
sens rien, mais le moi à quatre pattes, lui, grogne et fait un bond vers l'avant.
Il doit coopérer, c'est moi qui tiens les rennes. Il s'écarte les fesses. Mon bélier se cale contre les lèvres de l'anneau,
je me pénètre, et grâce au comprimé, la sensation de chaleur m'envahit en
boucle. Rempli, écartelé, et chaussé en
moi-même, je me bourre avec mon gode vivant, celui-là même dont vous possédez
tous la copie en latex. Mais parfois,
comme toi, spectateur, je me lasse de ma propre image. Couché devant la tri-di, par la force de
l'hypnose, je voyage dans les réalités artificielles.
Je glisse une sphère de sport dans le codeur. Les cordes d'un ring apparaissent autour de
moi. Je dévêts les combattants qui
s'affrontent parés de leur seule coquille.
Les entraîneurs entre les rounds vaselinent les culs en place des
visages, huilent les queues. C'est pour
la pipe que le champion ôte son protège-dent et c'est du foutre qu'il crache au
lieu d'eau vinaigrée dans la bassine. quand le K.O. survient, le vainqueur se
saisit de l'adversaire estourbi; les élastiques de la coquille encadrent
l'accès au trou prélubrifié qui accueille sans effort même un pal
mollissant. Le vaincu revient à lui,
éveillé par la douleur insolite du tringlage.
Rendu à son camp., il attend, cassé sur les cordes, que l'éponge du
soigneur ait torché le canal du sperme et de l'excès de graisse qui
l'obstruent.
C'est après la grande course. Mal à l'aise dans leurs souliers hauts, les
cyclistes font la queue devant ma caravane, car j'ai endossé la blouse du
médecin. Par souci de correction et
respect de la vie privée, une vitre les sépare de mon bureau. Je leur rappelle que le règlement exige
qu'ils pissent cuissard baissé sur les genoux et les bras assez loin du corps
pour éviter qu'ils déversent dans les flacons d'analyse d'éventuelles poches
d'urine cachées sous les aisselles ou sous le scrotum. Je regarde défiler les deux cents bites du
peloton, l'oeil froid et inquisiteur derrière mes lunettes aux verres argentés. J'attends patiemment que l'envie leur vienne,
qu'ils écrasent les dernières gouttes sur le col du pistolet, se décalottant ou
se secouant l'outil bruyamment. Je grave
dans ma mémoire ce défilé de vits, je prends note mentalement de leur
dimension, du relief, cherchant celui qui serait en mesure de me filer des
complexes, long à mi-cuisse, large, à la tête épatée et violette. Quand je veux m'en saisir, l'illusion se
dissipe ...
J’avale
un autre quart de rouge. Mon coeur
s'affole. Pendant un temps qui me parait
infini, je reste paralysé, incapable de remuer un doigt ... Apparaît un
abatteur de bois. Je le zappe. Il ôte sa chemise à carreaux, présente à ma
bouche engourdie ses couilles ridées dont les poils noirs libèrent de petites
étincelles au contact de ma langue. Je
le fais enculer par un soldat dans le cul duquel un vieux superstitieux barbu
tente d'enfourner la bite d'un cheval blanc.
L'étalon lui casse le cul et lui défonce l'abdomen. Je zappe avant que le couple d'enfilés ne
soit noyé dans ses tripes et piétiné par la bête.
Même
dans l'univers des codeurs, tout n'est pas licite. Perdu dans les mondes parallèles suscités par
la machine, le drogué sous l'empire du rouge attente à la réalité commune. Les modifications qu'il introduit dans
l'image du passé affectent le déroulement du présent. Je suis bien placé pour le savoir, tiraillé
que je suis par votre désir collectif, violenté par votre volonté qui résonne
en moi comme l'écho d'un grand orgue, et poussé toujours plus avant, de l'extravagant
à l'inimaginable. Dans le vide neigeux,
entre les canaux, les psycho-keufs sont à l'affût. C'est peut-être ce passant à la mine fermée,
cet acteur de série Z, ce rugballman que je vais cueillir dans son vestiaire et
projeter au centre de ma chambre au moment où il sort de sa douche, ruisselant
et mis en condition par les agacements et les tripotages de ses coéquipiers
victorieux.
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