Tandis que je creusais un
puits dans mon jardin stérile au désert, j'ai mis au jour ces
manuscrits.
Evangile
du Légionnaire
Moi, optio carceris,
détaché de la 10è cohorte, second du centurion Petronius
commandant la garde du procurateur de Judée, témoigne de ce que je
vis de mes propres yeux :
La Grandeur parfaite
se repose dans la Lumière indicible. Merveille
insaisissable que cette écriture au sujet de l’eau
inappréhendable,
inconcevable ; c’est de nous qu’est cette parole « C’est
Moi qui suis en vous et vous qui êtes en Moi comme le Père est en
vous en toute innocence.»
L’apôtre
Philippe dit : « Joseph le charpentier planta un jardin parce
qu’il avait besoin de bois pour son métier. C’est lui qui
fabriqua la croix avec les arbres qu’il avait plantés. Et sa
semence était suspendue à ce qu’il avait planté. » Sa semence,
c’était Yeshua
et ce qu’il avait planté, c’était la croix. Mais l’arbre de
la vie était dans le milieu du paradis et c’est par le truchement
de l’olivier dont provient le chrême qu’advint la résurrection.
Nous,
soldats survivants de la décimation, livrés au châtiment et aux
bêtes sauvages, méprisés, sommes la lie de la terre, la glaise
sur laquelle Tu as soufflé l'esprit, les oiseaux créés de la boue
qu'enfant tu fis s'envoler tels une nuée de faucons.
Un
homme vint à notre camp, proposant de nous livrer le Maître de
Justice que nous avions reçu pour ordre d'arrêter sans rien
connaître qui nous le permît.
« Tu
es venu te dénoncer, seul ? Pour quel autre salaire que te
faire violer par nos membres ? »
Après
l'avoir pénétré tous les quatre, nous lui remîmes les trente
deniers que valait sa trahison. Il les dépensa en vin pour nous
payer à boire, afin que nous l'honorions à nouveau ; ce
n'était pas de trop, privé que nous étions d'en connaître
d'autres que nos camarades.
Un
homme vint à nous et dit : « Vous viendrez au jardin des oliviers,
afin que vous ne vous trompiez pas de tronc, j'embrasserai celui que
vous voulez prendre, car autrement vous ne pourriez ni le
reconnaître, ni le connaître. Il les a tous pris grâce à un
subterfuge, car il n’est pas apparu tel qu’il était, mais c’est
tel qu’on serait capable de le voir qu’il s’est montré. C’est
à tous qu’il est apparu ; aux grands sous l’aspect d’un grand
; aux petits sous l’aspect d’un petit ; aux anges sous l’aspect
d’un ange et aux hommes sous l’aspect d’un homme. C’est
pourquoi son Verbe est resté caché à tous. Certains l’ont vu en
croyant se voir eux-mêmes. Mais lorsqu’il apparut en gloire à ses
disciples sur la montagne, il n’était pas petit. Il devint grand,
mais pour qu’ils le puissent voir grand, il fit grandir ses
disciples.»
Le
centurion dit : « Branle-nous, nous le ferons ! »
Au
jardin de Gethsemani, la nuit étant tombée, nous allâmes sans
notre cohorte. Judas se leva et baisa les lèvres de Yeshua. « Je
t'avais choisi pour que tu me trahisses » ajouta celui-là, et se
tournant vers les autres disciples, « ne sortez pas vos glaives,
celui qui se sauve par le fer mourra par le fer ». Judas
devint si semblable à Yeshua par son langage et dans son visage que
nous crûmes que c'était lui.
Les disciples cherchaient où était le
Maître : « C'est toi, Seigneur, notre Maître! Nous as-tu oubliés
? » Mais
il nous dit en souriant : « Etes-vous fous? Je suis Jude
le jumeau.
»
Après avoir entendu ces paroles comme hors d'eux-mêmes, les disciples s'enfuirent. Jean qui dormait enveloppé d'un drap s'éveilla et s'enfuit. Comme un soldat l'avait saisi par le drap, il laissa le drap et se sauva nu.
Après avoir entendu ces paroles comme hors d'eux-mêmes, les disciples s'enfuirent. Jean qui dormait enveloppé d'un drap s'éveilla et s'enfuit. Comme un soldat l'avait saisi par le drap, il laissa le drap et se sauva nu.
Les soldats s'emparèrent de Judas et le ligotèrent non sans dérision car il niait la vérité qu'il était Yeshua. Ils lui disaient en se moquant de lui : « Ne crains pas, Seigneur, nous sommes venu pour te faire roi d'Israël ! Nous ne t'avons ligoté que parce que nous savons que tu refuses le royaume! » Judas répondit : "Avez-vous perdu la cervelle? Vous êtes venus prendre Yeshua avec des armes et des lanternes comme un voleur et vous m'avez ligoté pour me faire roi, moi qui vous ai conduits ici!"
Alors
nous
perdîmes
patience
et à coups de poings et à coups de pieds commençâmes
à
rendre à Judas
la monnaie de sa pièce et en furie, le conduisîmes
à Jérusalem.
[2
pages manquantes]
A
la citadelle, le Centurion me chargea d'extirper le fils de l'Homme
de sa cellule et de le conduire devant le Procurateur, selon les
modalités qui me convenaient. Je lui ôtai ses chaînes sans autre
rituel et le laissai sans tunique tel qu'il avait passé la première
nuit dans sa prison. Le Centurion demanda si je l'avais soulagé et
après mes dénégations, jeta devant lui son manteau quand il
pénétra dans la salle du jugement ; devant lui les aigles dorées
que portaient les autres légionnaires s’inclinèrent.
Le
Procurateur irrité dit à l'assemblée : « Choisissez
vous-mêmes des garçons forts et musclés. C'est eux qui porteront
nos aigles : nous verrons si elles s'inclinent toujours seules. Je
vous le jure par la vie de César, si les aigles ne s'inclinent pas à
l'entrée de Yeshua, je vous ferai couper la tête. » Le Centurion
nous choisit, l'optio statorum et moi, et le quatrième, un soldat du
rang qu'on surnommait Herclé, car c'était une brute qui se tenait
toujours le bras en l'air pour frapper. Yeshua sortit et entra de
nouveau. A peine le seuil franchi, les aigles s'inclinèrent devant
lui et le saluèrent !
Le
Procurateur se retira avec le Centurion, son favori. Tel qu'il le
raconta il demanda son conseil. Après l'avoir irrumé, Petronius lui
dit, « livre-le nous, nous saurons comment t'en défaire. »
Le
Procurateur descendit les marches marches du palais qui menaient aux
piscines où les servants lavaient les agneaux de Pâques, et il
harangua la foule réunie dans l'espoir du supplice. Sous les huées
il fit paraître l'accusé. Son corps était puissant et ses cuisses
velues.
Il
dit : « Dois-je libérer Yeshua Bar-Abbas ou Yeshua le Nazôréen ?
Mais,
le désignant il n'y avait qu'un seul homme sur qui le peuple
crachait déjà, car il avait chassé ceux qui leur prêtaient de
quoi vivre sur le pavé du temple, et avec ses complices, disait-on,
en avaient étranglé d'autres pratiquant l'usure au profit des
Prêtres. « Disposez-en selon ce que vous voudrez. S'il mourrait
sous le fouet, cela nous épargnerait d'autres palabres. » Tels
furent les ordres du serviteur de l'Empire.
Quand
nous nous retirâmes aux abords des cellules le Centurion dit : « Il
est à nous, et sa nuit est à nous, quelle que soit sa nature. »
Il
ordonna qu'avant les sévices, nous jouions aux dés pour déterminer
qui le pénétrerait le premier. Herclé le plus laid et le plus
contrefait, le plus méritant car possédant la plus grosse mentule,
tira deux as et s’empara de son gain. Dépouillé des derniers
vêtements, le prisonnier geignait ; le vainqueur du jeu lui asséna
quelques coups, suffisamment pour l'estourbir mais qu'il demeure
conscient et le besogna jusqu'à satisfaction. Herclé éjacula mais
le prisonnier ne rendit pas de semence. Nous étions des soldats,
accoutumés à ces préliminaires, nous abusions de nous-même en
nous enivrant, l'étape suivante n'apportant guère plus que la
satisfaction du devoir accompli.
Le
Centurion choisit les instruments du supplice. Il me tendit un fouet
de cordes dont les nœuds se mêlaient d'esquilles de verres
tranchant au lieu des tessons de terre cuites ou de fragments d'os,
car il était dit que le verre issu du souffle glorifiait l'âme, et
qu'il ne fallait pas briser le squelette de l'Agneau. Lui-même donna
les premiers coups, le condamné lié à la colonne, visant les
organes génitaux, clamant « Tu prêches la chasteté et que la
reproduction est abominable, tu n'en as aucun besoin, il est juste
que nous te fassions eunuque » Puis nous le liâmes à
l'étroite cage de fer qui avait servi à le reclure, afin de dégager
son dos. L'optio statorium se drapant la main du subligaculum dont on
l'avait dépouillé, se saisit de la lame que nous avions mise au feu
et lui rasa la tête pour dégager ses épaules et permettre que la
couronne d'épines préparée pour le moquer pénètre plus
profondément dans son cuir. Inspiré par l'ivresse, le soldat plaqua
la lame dans le sillon dorsal, la chair fuma. L'optio reposa la
l'arme au feu. Quand les tisons l'eurent blanchie, il voulut s'en
saisir à nouveau, mais ayant oublié le linge, il se brûla la paume
au manche de la dague. Yeshua dit : « Je vais guérir ta main afin
que tu puisses poursuivre ton office » et malgré ses entraves, il
arrondit le dos pour recevoir le fer dont le dessin forma le
patibulum de la croix.
Comme
il nous défiait par sa résistance, la brute, celui que nous
surnommions Hercle prit le flagrum ferré d'hameçons, assénant
lentement mais violemment les coups pour que les crochets se plantent
profondément et qu'il n'ait plus qu'à tirer vers l'arrière pour
déchirer des lanières de peau sur son siège et le long des
cuisses. En tant que gardien des prisons, j'avais vu nombre de fois
des soldats battus de verges, des condamnés au cirque frappés de
lanières à clous, mais jamais rien de comparable à cet
écorchement. Le surveillant militaire, les sens enflammés par
l'écoulement du sang et les lambeaux de muscles suintant dans les
tranchées ouvertes des blessures, transportés par la musique
déchirante des cris du supplicié s'était adossé au mur. Les yeux
exorbités, il bavait en se masturbant furieusement de sa main où
avaient disparues les cloques des brûlures ; son sperme gicla par
trois fois sur les mollets du flagellateur. Seul le centurion
contemplait le spectacle d'un air grave, clignant de ses yeux à
demi-morts, car, vétéran des guerres contre les Parthes, il
distinguait difficilement ce qui luisait dans les ténèbres sous
l'éclat des brasiers. Quant Bar Abbas ne fut plus qu'une plaie
sanguinolente, ses côtés avaient été épargnés pour qu'il
survive, nous enfonçâmes à coups de bâton les épines dont nous
avions eu la fantaisie de le coiffer.
Cette
nuit-là, dans la tente commune préparée dans les jardins du palais
pour notre quadrige de bourreaux, le Centurion rêva qu'il était
reclus dans les ténèbres d' une citerne et que survenait du néant
un lion qui le dévorait. Plusieurs fois dans la nuit il s'éveilla
sans blessures, mais quelque apaisement qu'on lui offrît, le songe
recommença et il se fit dévorer de nouveau.
La
bête lui souffla : « Heureux est le lion que l’homme mangera, et
le lion sera homme ; et souillé est l’homme que le lion mangera,et
le lion sera homme. »
L'ombre
dans la nuée dit - mais nous n'y primes pas garde car c'était un
rêve comme dans l'ivresse :«En vérité, ceux-là, ne les tiens pas
pour des hommes, mais compte-les parmi les animaux ; en effet, comme
les animaux s’entredévorent, il en va aussi des hommes de cette
espèce: ils s’entredévorent, mais ils sont exclus de la vie
puisqu’ils aiment la douceur du feu et qu’ils sont esclaves de la
mort et qu’ils se pressent vers les œuvres de la souillure. Ils
portent à son achèvement le désir de leurs pères. On les
précipitera dans l’abîme, et on les fouettera à cause de l’amère
fatalité de leur mauvaise nature; on les flagellera, en effet,
jusqu’à les faire fuir, tête basse, vers le lieu qu’ils ne
connaissent pas, et ils perdront leurs membres, non dans l’endurance,
mais dans le désespoir. Ils se réjouissent du feu par amour de la
folie et de la divagation.
Le
lendemain dans le prétoire, après l'avoir couronné d'épines nous
ramenâmes Yeshua devant la foule. Sur la demande des prêtres le
Procurateur lui demanda : « Je vois que tu portes couronne ; es-tu
roi ? » « Tu le dis » répondit-il mais mon royaume n'est pas de
ce monde. Et je ne suis né et je ne suis venu dans le monde que pour
faire entendre ma voix à quiconque est de la vérité.
- Qu'est-ce que la vérité ? dit le procurateur.
- La vérité est du ciel, répondit Yeshua. Tu vois comment les maîtres du pouvoir sur terre jugent ceux qui disent la vérité !
- Qu'est-ce que la vérité ? dit le procurateur.
- La vérité est du ciel, répondit Yeshua. Tu vois comment les maîtres du pouvoir sur terre jugent ceux qui disent la vérité !
-
Le soleil m'en est témoin, je ne trouve rien dont on puisse accuser
cet homme... Que ferai-je de toi ?
-
Fais selon ce que tu as reçu.
- Et qu'ai-je reçu ?
- Et qu'ai-je reçu ?
-
Moïse et les prophètes ont annoncé ma mort et ma résurrection.
Les
prêtres murmurèrent : « Que
peux-tu entendre de plus fort que ce blasphème ? »Tu n'es
pas l'ami de César si tu le relâches. Il s'est dit fils de Dieu et
roi. C'est donc ce roi-là que tu veux, et pas César ? »
Nous, les quatre soldats, ne comprenions rien à leurs arguties, mais à ces mots le Procurateur arracha le manteau de pourpre dont nous avions couvert Yeshua, et nous vîmes que malgré le bariolement de ses blessures, la marque au fer rouge de la croix dans son dos s'étaient effacé. Le Procurateur se tourna vers la foule et dit: « voici l'Homme ! Et la foule cria : « Au poteau »
Alors le Procurateur prit de l'eau et se lava les mains, face au soleil, disant : « Je suis pur du sang de ce juste ! A vous de voir ! » A nouveau les clameurs fusèrent parmi le peuple : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » Il fit tirer le rideau de la tribune où il siégeait, et il dit à Yeshua : « Ta nation a démenti que tu fusses roi. Voici ma sentence : tu as été flagellé selon la coutume [...] tu seras cloué en croix, dans le jardin où l'on t'a arrêté. Tes complices Dysmas et Gestas, seront [...] avec toi. »
Alors
nous liâmes ses bras à un timon de char pour qu'il porte […]
et
Simon revenu des champs fut aussitôt cloué par les paumes à la
pièce de bois […] releva […] les marques des fouets sur ses
épaules et l'arrière de ses cuisses
...
[30
lignes manquantes]
Il
dit au bourreau « Ne perce pas mes mains, mais plus haut sur le
bras, afin que je survivre suffisamment longtemps pour vous
satisfaire ».
Et
derrière lui cheminaient les révoltés qu'on avait désignés comme
ses complices, qui, n'étant pas passé entre nos mains, n'avaient
reçu que les quarante-neuf coups de fouets réglementaires, à qui
les honnêtes gens jetaient des pierres, eux qui n'auraient que la
corde au lieu des clous. « A vous ces ladres, ô citoyens de
Jérusalem, baisez-les tels qu'il vous sied puisqu'ils vont mourir.
Le châtiment de l'usurpateur appartient à Rome » le Centurion
ordonna : « Elargissez-les pour introduire sans forcer la corne et
l'épine pour les pénétrer » et Herclé introduisit la pointe de
son glaive dans l'anus de Gesmas, fouraillant pour le distendre
tandis que l'optio carceris retournait l'autre afin de le préparer à
chevaucher la croix. Alors que son complice avait enduré la ponction
sans crier, celui-là hurla sa douleur.
Le
charpentier avait construit le sedile ; l'épine sur laquelle on
l'assiérait n'était qu'un gros cône de bois, arrondi, sans pointe.
Le crochet en forme d'index nous l'avions réservé au larron de
droite, le Bacchus souffrant, Atys déchiré par le fondement, sorti
à l'extérieur par les crocs de boucher quand il refuserait de
mourir! Et mon âme s'émut en entendant ses imprécations.
Alors
s'approcha l'autre Joseph, qui interrompit notre partie de dés et
nous montra les acheteurs de la tunique qui se tenaient à distance.
Le prix paya le vin de myrrhe. Nous le partageâmes avec le
supplicié, lui infusant par force ce qu'il ne put cracher, sachant
que la boisson en plus de l'ivresse accentuerait la turgescence de
nos sexes et du sien.
Pour
Yeshua l'humiliation devait excéder la douleur. Herclé fixa au bout
d'une pique l'éponge imbibée d'hysope qui diminue les irritations
anales et, l'homme étant toujours sur le dos, mains fixées à la
traverse de bois, lui introduisit le pansement dans le rectum. Le
centurion, monté aux premiers barreaux de l'échelle posa dans
l'orifice du sedile sa lance brisée aux deux tiers, et nous hissâmes
le patibulum. Petronius s'assura que la pointe émoussée de la lance
se fiche dans l'anus, et tirant sur ses jambes, nous perçâmes à
coups de marteau ses talons pour les arrimer au bois.
Après
quelques minutes, ses bras ayant faibli, et les clous étirant ses
jambes, il commença malgré lui à s'asseoir, et les efforts pour
regagner la position droite résultèrent en une pénétration plus
profonde. L'érection qui y succéda déclencha les quolibets de la
foule :
«Descends
de ton trône, abandonne ta monture». Et Gesmas, lui dont le crochet
déchirait la
paroi rectale
ajouta : « Voilà comment tu te donnes en spectacle, tu vas éjaculer
devant la foule, alors que nous endurons
» Et Dysmas, qui n'endurait que le cône de bois, mais n'avait pas
bu le vin dit : « Tu n'as même pas crainte de Dieu,
alors que tu subis le même châtiment ! Pour nous, c'est justice,
nous payons nos actes : mais lui n'a rien fait de mal »
Et il disait : « Yeshua, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume.»
Il répondit en lâchant sa semence : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras encore à mes côtés dans l'assemblée du Plérôme. »
Et il disait : « Yeshua, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume.»
Il répondit en lâchant sa semence : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras encore à mes côtés dans l'assemblée du Plérôme. »
La foule se
dispersa, réjouie d'avoir assisté à ce qu'elle croyait être la
conclusion du divertissement. De l'autre côté de l'échelle,
soulevant la jupe j'avalai le vit du centurion que la scène et
l'abus de vin aphrodisiaque faisait pointer à l'extrême, tandis
qu'Hercle descendant les feminaliae de l'optio sodomisait avec
brutalité notre camarade, lui promettant le baume apaisant dès
qu'il se serait vidé en lui.
Gesmas dont les
testicules avaient rejoint le bois émit un long jet de pisse.
L'autre regardait vers le ciel dans une extase suspecte qui n'était
que le masque de sa souffrance car son sexe restait flasque, ce qui
compromettait sa future émasculation. De peur qu'il dure trop
longtemps et nous fasse passer l'heure de la retraite, nous avons
pris des gaules pour lui briser les os des jambes. C'était le
mauvais travail, mais il fallait qu'il accouche de la mort pour
monter vers le soleil. Ce
monde est un mangeur de cadavres. La vérité est une mangeuse de
vie. Voilà pourquoi aucun de ceux qui sont nourris de [vérité] ne
mourra.
L'autre eut droit au
traitement conventionnel afin qu'il meure de l'hémorragie externe ;
je lui coupai moi-même les bourses et mes compagnons maniant l'alène
comme des couturières novices les lui cousirent au lacet de cuir
dont nous décorâmes son col. Je découpai péniblement son pénis
pour le saigner à mort, et Herclé se hissant à la corde qui
pendait de son coude disloqué le lui introduisit dans la bouche pour
compléter le tableau.
Yeshua dit : « Tout
est consommé
ô ma force, tu m'a abandonné !"
Le
centurion martela ses organes génitaux afin qu'il s'assît
définitivement.
Ayant
parlé, il fut élevé. La lance traversa son côté et un flux de
sang et d'eau jaillit de sa blessure, éclaboussant les yeux du
centurion. De l'eau qui était issue de la blessure, le Centurion
regagna la vue et le soleil fuyant le blessa comme en plein midi. Il
tomba à genoux et dit : « Ô vous qui ne voyez pas, vous ne voyez
pas votre aveuglement ! C'était vraiment Son Fils, et nous l'avons
empalé tel un esclave. »
A
cet instant, le voile du temple de Jérusalem se déchira en deux.
Alors
nous retirâmes les clous des mains du supplicié et l'étendîmes
sur le sol. Et toute la terre trembla, et il y eut une grande
frayeur. Oui la terre a tremblé, et nous avons vu la difformité des
ombres de l'éclipse ; et les plantes du désert étaient traversées
de clous, et leurs ombres montraient des rubans en volutes et les
deuxièmes ombres derrière révélaient […]
[soixante
lignes manquantes]
Le
Procurateur donna à Joseph le doit de l'ensevelir en un lieu-dit son
Jardin…
[…]
Inquiets,
les Anciens vinrent trouver le Procurateur et le supplièrent en ces
termes : «Donne-nous des soldats. Nous surveillerons son tombeau
pendant trois jours, de peur que ses disciples ne viennent le
dérober, que le peuple l'imagine ressuscité des morts et ne cherche
à nous nuire. »
Ayant
roulé la grande pierre, tous,aidés du centurion nous la poussâmes
à la porte du sépulcre et
y
apposâmes sept sceaux, puis dressâmes une tente pour monter la
garde.
Il
est vrai que la nuit étant favorable, et sans nous consulter sur les
derniers prodiges nous nous enculâmes dans la satisfaction du devoir
accompli.
Le
lendemain, au commencement du sabbat, de Jérusalem et des environs
arriva une foule qui voulait voir le sépulcre scellé. Dans la nuit
qui précéda le dimanche, tandis que les soldats
relevaient
la garde, deux par deux, une grande voix retentit dans le ciel.
Et
nous vîmes s'ouvrir les cieux et deux hommes, nimbés de lumière,
en descendre et s'approcher du tombeau. La pierre qui avait été
placée à la porte roula d'elle même, et se rangea de coté, et le
tombeau s'ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent.
A
cette vue, nous réveillâmes le centurion et les Anciens, qui
étaient là, eux aussi à monter la garde.
Et
quand nous leur eûmes raconté ce que nous avions vu, ils virent à
nouveau trois hommes sortir du tombeau ; deux d'entre eux soutenaient
le troisième et une croix les suivait. Et tandis que la tête des
deux premiers atteignait le ciel, celle de l'homme qu’ils
conduisaient par la main dépassait les cieux.
Et
l’on entendit une voix disant d'en haut : "As-tu annoncé la
nouvelle à ceux qui dorment ?"
Et
de la croix on entendit la réponse: « oui».
Nous
en débattions encore quand nous vîmes à nouveau les cieux s'ouvrir
et un homme descendre et entrer dans le sépulcre.
A
ce spectacle, le centurion et nous, dans la nuit, courûmes chez le
Procurateur et en grand émoi, racontâmes tout ce que nous avions
vu, disant: " Il était véritablement le Fils de Dieu."
S'étant
approchés, tous priaient et suppliaient le Procurateur d'ordonner au
centurion et à sa suite de ne répéter à personne ce que nous
avions fait ou vu.
«
Mieux vaut pour nous, disaient-ils, nous charger du plus grand péché
devant Dieu, que de tomber aux mains du peuple et d'être lapidés. »
Le Procurateur donna donc ordre au centurion de ne pas
souffler
mot.
[…]
Ce
faisant le centurion était retourné dans la tombe et se pencha pour
regarder. Et il vit jeune homme, assis au milieu du tombeau. Il était
beau et habillé d'un vêtement éblouissant. Il lui dit: « Pourquoi
es-tu venu ? Qui cherches-tu ? Ne serait-ce pas le Supplicié ? Il
est ressuscité et il est parti. Si tu ne me crois pas, baisse-toi et
regarde l'endroit où il gisait. Il n'y est pas, puisqu'il est
ressuscité et qu'il s'en est allé là d'où il a été envoyé.
Ceux qui disent qu’ils mourront d’abord, puis qu’ils
ressusciteront, se trompent. S’ils ne reçoivent d’abord la
résurrection de leur vivant et s’ils meurent, ils ne recevront
rien Il y en a certains qui ont peur de ressusciter nus ; c’est
pourquoi ils veulent ressusciter dans la chair. Mais ils ne savent
pas que ce sont ceux qui sont revêtus de la chair qui sont nus. Ce
sont ceux qui [ ... ] … se dévêtir qui ne sont pas nus.
Alors
le centurion apaisé par ses paroles le suivit parmi les apôtres qui
s'étaient cachés pendant le supplice.
«
Frappe et l'on t'ouvrira » dit l'Homme. Au-dedans était dressée la
table du festin, mais au-devant des onze, selon ce qu'Il leur avait
enseigné, ne se trouvait que la coupe et du pain sans levure.
Montrant le centurion, il dit encore : «Je vous ai amené Longin, le
porteur de la lance, afin que vous soyez de nouveau douze. Il vous
surpasse tous car il a sacrifié l’homme qui me revêtait.
Montrez-moi la pierre que les bâtisseurs ont rejetée : c’est
elle, la pierre d’angle. »
Jude Tomas se leva et dit : « A qui tu es semblable, pour que je le dise, mon visage ne parvient absolument point à le saisir. »
Jude Tomas se leva et dit : « A qui tu es semblable, pour que je le dise, mon visage ne parvient absolument point à le saisir. »
«
Frère Tomas, puisqu’on dit que tu es mon jumeau et mon véritable
compagnon, examine-toi et comprends qui tu es et comment tu es ou ce
que tu deviendras. C’est pourquoi donc, toi, mon frère Tomas, tu
as vu ce qui est caché aux hommes. Je ne suis point ton maître, car
tu as bu ; tu t'es enivré de la source bouillonnante qui est mienne
et que j'ai répandue. »
Puis
il le prit et s'écarta ; il lui dit trois mots. Et, lorsque Tomas
revint vers ses compagnons, ils le questionnèrent : « Que t'a-t-il
dit ? » et Tomas leur répondit : « Si je vous dis une seule des
paroles qu'il m'a dites, vous prendrez des pierres et me les
jetterez, et un feu sortira des pierres et vous consumera ! »
Dégrafant
sa tunique, il prit les doigts de Tomas pour rouvrir sa blessure, et
tendant le calice où s'était collecté le sang, il dit :
«Je
me suis tenu debout au milieu du monde, et je me suis manifesté à
eux dans la chair ; je les ai
trouvés
tous ivres ; je n’en ai trouvé aucun
qui eût soif ; puisqu’ils sont venus dans
le monde vides, c’est vides aussi qu’ils cherchent à en sortir ;
quand
ils
auront cuvé leur vin, alors ils se convertiront.
Je
suis Christ, le Fils de l’Homme, qui est issu de vous ; je suis en
vous pour être méprisé à cause de vous afin que vous-mêmes, vous
oubliiez la différence. Et ne devenez pas femme de peur que vous
n’engendriez le mal et ses frères : jalousie et discorde, colère
et emportement, crainte et duplicité, et
désir
vain, dépourvu d’existence. Quand j’étais dans la gueule des
lions, ils m’ont châtié et je suis mort, non pas en réalité
mais en apparence, car les outrages et la honte qu’ils
m’infligeaient restaient loin de moi. En effet, cette mort qui est
mienne et qu’il pensent être arrivée, [est arrivée] pour eux
dans leur erreur et leur aveuglement, car ils ont cloué leur homme
pour leur propre mort. En faisant cela, ils se condamnaient. Celui
qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas moi. Ils me
flagellaient avec le roseau. C’était un autre, celui qui portait
la croix sur son épaule. C’était un autre qui recevait la
couronne d’épines. Quant à moi, je me réjouissais dans la
hauteur, au-dessus de tout le domaine et au-dessus de la semence de
leur erreur, de leur vaine gloire, et je me moquais de leur
ignorance. Et j’ai réduit toutes leurs puissances en esclavage.
Lorsque je descendis, nul ne me vit car je me transformais,
échangeant une apparence pour une autre et, grâce à cela, lorsque
j’étais à leurs portes, je les traversai facilement et je voyais
les lieux, et je n’éprouvai ni peur ni honte, car j’étais
immaculé. Et je leur parlais, me mêlant à eux par l’intermédiaire
des miens, et foulant aux pieds leur dureté ainsi que leur jalousie
et éteignant leur flamme. »
Après
que Yeshua eut dit cela, il partit.
Nous
les douze disciples du Seigneur, nous pleurions, nous étions dans le
désarroi. Simon Pierre et André son frère prirent leurs filets et
ils gagnèrent la haute mer... Et Longin était avec nous, que le
Seigneur […]
Actes
des soldats
Hermès
Irénée Victor, dernier converti de la 7è légion, recense [...]
pour la fin du temps ce que rapporta Longin le centurion, ses actes
et ceux de Tomas […] le bien-aimé.
Lorsqu'
ils me virent agenouillé devant le tombeau, les prêtres aidés d'un
autre cohorte se saisirent de moi
et m'enfermèrent
dans une maison sans fenêtre, postèrent des gardes à l'entrée et
scellèrent la porte derrière laquelle j'étais
captif. Je dis au geôlier :
«tu l'as vu comme moi se relever, et les tiens t'ont puni pour te
convaincre de te taire. Ouvre-moi, ouvre-toi ! », et par la
puissance de la foi la porte lourde pivota sur ses gonds. Quand
il fut dans mes bras je vis les traces du fouet et des baguettes qui
avaient lacéré son dos et j'y posai les mains pour apaiser ses
blessures.
Ils
ne le comprendront pas, ô bien-aimé, mais tu bois à ma source. Le
mal que tu éprouves, l'épieu de la croix en toi, ton supplice, te
rend pareil à moi, écartelé par la connaissance, soldat puni sans
raison que le doute, sanctifié par la torture, écartelé par
l'éclat de la révélation, la distorsion de mes mains en prière.
Tu témoigneras que je t'ai donné une deuxième fois la vie et fait
fleurir la rose que tu cachais en m'attendant, cette fleur sans
épine, dont le cœur noir était avide de m'aspirer.
Le lendemain quand les prêtres vinrent à la prison dans le
dessein de me mener devant le Procurateur, ils ouvrirent la porte,
mais ne me trouvèrent pas à l'intérieur. Le peuple entier fut
stupéfait et même saisi de terreur quand il s'aperçut que les
sceaux étaient intacts et que leur chef lui-même avait gardé la
clef. Et ils n'osèrent plus lever la main sur ceux qui qui s'étaient
placés à la suite du Sauveur.
« Vous m'avez enfermé le vendredi, vers la dixième heure, et je suis resté là tout le samedi. Mais à minuit, tandis que j'étais debout à prier, la maison où vous m'aviez enfermé se souleva par les quatre coins et une sorte d'éclair vint éblouir mes yeux. Epouvanté, je tombai à terre. Alors quelqu'un me prit par la main et m'enleva de l'endroit où je gisais, et une eau fraîche coula sur moi de la tête aux pieds, tandis que des effluves de myrrhe emplissaient mes narines. Il m'essuya le visage, m'embrassa et me dit : « Ne crains pas. Ouvre tes yeux et regarde quel est celui qui te parle. » Levant mon regard, je vis Yeshua. Mes frayeurs redoublèrent. Je pensai que c'était un fantôme et je me mis à réciter les commandements. Mais il les récita avec moi .Alors je m'écriai : « Rabbi Élie! » Il me dit : « Je ne suis pas Elie. - Qui es-tu, Seigneur ? lui dis-je.
Il
ne répondit pas mais je vis en me retournant que nous étions devant
la maison de Pierre.
[...]
Nous nous rendîmes à la mer à un
moment opportun qui pour nous survint du fait du Seigneur. Nous
trouvâmes un bateau amarré au rivage prêt pour appareiller et nous
négociâmes avec les marins du bateau pour embarquer avec eux. Eux,
de leur côté, montrèrent une grande courtoisie envers nous et nous
acceptâmes qu'ils nous honorent pour prix de la traversée. Et il
arriva que, après avoir appareillé, nous naviguâmes, remplis mais
secs ; durant deux jour et une nuit. Après quoi un vent poussa le
bateau et nous échoua sur une petite ville sise au milieu de la mer.
Quant à moi, je me renseignai sur le
nom de cette ville auprès d'un vieillard assis sur le quai et je
l’interrogeai sur le nom de la ville : « Le nom de cette ville est
: « Demeure, persévère dans l’endurance » dit-il. Je répondis
en disant : « C’est aussi pour cela que les gens l’ont, à juste
titre, appelée “la première”.
Et
il arriva que je partis vers la ville pour chercher . . . [ . . . ]
un logement. Un homme sortit portant un linge serré autour de sa
taille, ayant une ceinture d’or serrée sur lui ainsi qu’un voile
noué autour de la poitrine, remontant sur ses bras et recouvrant sa
tête et ses mains. Je regardais l’homme, car il était beau par
son aspect et son maintien. Ce sont quatre parties de son corps que
je vis : les plantes de ses pieds, une partie de sa poitrine, la
paume de ses mains et son visage. Je devinais son sexe et il était
incirconcis. « Si tu cherches mon nom, Lithargoël est mon nom,
dont l’interprétation est “la pierre légère de gazelle” ».
Je répondis en lui demandant : « Quel est le nom du lieu auquel tu
te rends, et quelle est ta ville ? » Il me dit : « Tel est le nom
de ma ville : “Dans neuf portes rendons gloire à Dieu, tout en
étant conscients que la dixième est le sommet. Je veux te demander
qui t’a donné le nom de Longin ? » Je lui dis : « C’est
Jésus-Christ, par le baptême. C’est lui qui m’a donné ce nom.
» Il répondit en disant : « C’est moi ! Reconnais-moi, Longin !
» Il se dépouilla de l’habit qui le couvrait, celui par lequel il
s’était transformé devant nous. Nous ayant révélé que c’était
Lui en vérité, nous nous prosternâmes sur le sol et l’adorâmes.
Nous
comptions douze disciples dans la chambre haute : et les autres
étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Tomas, Barthélemy,
Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude, fils de
Jacques.
«
Comme moi, dépouillez-vous de vos vêtements Ainsi les sicaires ne
pourront point vous les prendre. Lorsque vous vous dépouillerez sans
que vous ayez honte, que vous ôterez vos vêtements et les déposerez
à vos pieds à la manière des petits-enfants, et que vous les
piétinerez ! Alors vous serez les fils du Vivant, et vous n'aurez
plus de crainte. »
Les
disciples dirent : « Maître, nous vous avons vu en vision, car nous
avons eu de grands rêves la nuit […] Nous avons vu une grande
maison avec un large autel à l’intérieur, et douze hommes — ce
sont les prêtres selon nous — et un nom. Et une foule de gens
attend à cet autel, jusqu’à ce que les prêtres [...] et
reçoivent les offrandes. Mais nous avons attendu. Certains [...]
deux semaines ; certains sacrifient leurs propres enfants,d’autres
leurs femmes ; d’autres couchent avec des hommes ; d’autres sont
impliqués dans des massacres ; certains commettent une multitude de
péchés et d’actes illégaux. Et les hommes qui se tiennent devant
l’autel invoquent ton nom, et parmi tous les actes de leur
faiblesse, les sacrifices sont achevés […].»
Après avoir dit ceci, ils se turent, car ils étaient troublés.
« Pourquoi êtes-vous troublés ? En vérité je vous le dis, tous les prêtres qui se tiennent devant l’autel invoquent mon nom. Et ils ont planté des arbres sans fruits, en mon nom, de manière honteuse. Ceux que vous avez vu recevoir les offrandes à l’autel, c’est vous. C’est le dieu que vous servez, et vous êtes ces douze hommes que vous avez vus. Le bétail que vous avez vu amenés au sacrifice sont tous ceux que vous avez induit en erreur devant cet autel […] ... Après lui, un autre homme se tiendra là parmi les fornicateurs et un autre se tiendra parmi les massacreurs d’enfants, et un autre parmi ceux qui couchent avec les hommes, et ceux qui font abstinence, et le reste de ceux qui sont pollués, sans loi et dans l’erreur, et ceux qui disent : “Nous sommes comme des anges” ; ils sont les étoiles qui amènent toute chose à son achèvement. Car pour les générations humaines, il a été dit, « Regarde, Dieu a reçu ton sacrifice des mains d’un prêtre »- c’est-à-dire, d’un ministre de l’erreur. Mais au dernier jour, il leur sera fait honte. Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. » Et les disciples comprirent qu'il parlait du temple de son corps.
Après avoir dit ceci, ils se turent, car ils étaient troublés.
« Pourquoi êtes-vous troublés ? En vérité je vous le dis, tous les prêtres qui se tiennent devant l’autel invoquent mon nom. Et ils ont planté des arbres sans fruits, en mon nom, de manière honteuse. Ceux que vous avez vu recevoir les offrandes à l’autel, c’est vous. C’est le dieu que vous servez, et vous êtes ces douze hommes que vous avez vus. Le bétail que vous avez vu amenés au sacrifice sont tous ceux que vous avez induit en erreur devant cet autel […] ... Après lui, un autre homme se tiendra là parmi les fornicateurs et un autre se tiendra parmi les massacreurs d’enfants, et un autre parmi ceux qui couchent avec les hommes, et ceux qui font abstinence, et le reste de ceux qui sont pollués, sans loi et dans l’erreur, et ceux qui disent : “Nous sommes comme des anges” ; ils sont les étoiles qui amènent toute chose à son achèvement. Car pour les générations humaines, il a été dit, « Regarde, Dieu a reçu ton sacrifice des mains d’un prêtre »- c’est-à-dire, d’un ministre de l’erreur. Mais au dernier jour, il leur sera fait honte. Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. » Et les disciples comprirent qu'il parlait du temple de son corps.
Tomas
dit : « je ne suis pas certain de Te reconnaître » et j'ajoutai :
« Celui que ma lance a percé était circoncis. »
«
Mon élévation m'a
restauré dans mon intégrité : si la
circoncision
était utile, leur père les engendrerait circoncis de leur mère ;
la vraie circoncision est
dans
l’esprit ; la
mutilation du corps est l'artifice des faux prophètes. Pénétrez-vous
sans répandre la semence et quand vos sexes ressortiront, ils seront
à nouveau dans l'état de naissance.Un semeur sortit
pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence
tomba le long du chemin: elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux
du ciel la mangèrent. Une autre partie tomba sur le roc: quand elle
fut levée, elle sécha, parce qu'elle n'avait point d'humidité. Une
autre partie tomba au milieu des épines: les épines crûrent avec
elle, et l'étouffèrent.
Répandez
la vôtre sur le sol, elle n'engendrera rien si vous ne fécondez
l'esprit. »
Après
cela il
nous quitta
en paix.
Cette
même nuit je fus apparié à Tomas. Et tandis qu'il se répandait
exalté par ma douleur,
il parla
de son alliance.
Tomas
l'Athlète a écrit : « Le troisième jour, il se tint une des noces
à Cana ; la mère du Sauveur y fut, et lui-même et nous, ses
frères.
Le
vin vint à manquer et Mariam dit « Ils n'ont plus de vin. »
Yeshua
répondit : « De quoi te mêles-tu, Femme ? Mon heure n'est pas
encore venue.»
Simon
Pierre dit: « Que Mariam sorte de parmi nous, car les femmes ne sont
pas dignes de la vie.» Et le Seigneur répondit : « Voici, moi je
vais la guider afin de la faire mâle, en sorte qu’elle devienne
elle aussi un esprit vivant semblable à vous les mâles, car toute
femme qui se fera mâle entrera dans le Royaume des cieux. Des jours
viendront en effet où vous direz: heureux le ventre qui n’a pas
enfanté et les seins qui n’ont pas allaité. »
Mariam
dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu'il vous dira.»
Et
elle pria pour que s'accomplisse l'union. «Malheur à vous qui
aimez l’intimité féminine et le commerce souillé avec elle ! Car
celui qui connaîtra père et mère, on l’appellera fils de
prostituée. Toute union survenant entre deux êtres qui ne se
ressemblent pas mutuellement est un adultère. Mais si de deux vous
faites un, vous deviendrez Fils de l’Homme, et si vous dites :
montagne, déplace-toi, elle se déplacera. »
Or
il y avait six vieilles outres de peau contenant chacune de deux à
trois mesures. Le Promis dit :
«
Remplissez d'eau ces outres » et les serviteurs les emplirent
jusqu'en haut. « Portez-en maintenant au Maître du Festin ». Dès
qu'il eut goûté à l'eau changée en vin vieux ( il ne savait pas
d'où venait ce vin mais ses serviteurs le savaient ), il interpella
l'Epoux et lui dit : « Tout homme sert d'abord le bon vin et après
que tous soit ivre, le plus jeune ; mais toi, tu as conservé le
meilleur jusqu'à ce dernier moment. »
Il
répondit : « Jamais homme ne boit du vin vieux et ne désire après
boire du vin nouveau; on ne verse pas du vin nouveau dans de vieilles
outres, pour qu'elles ne se fendent point, et l'on ne verse pas du
vin vieux dans des outres neuves, afin qu'il ne se gâte. »
Et
quand nous fûmes dans la chambre nuptiale, le Fiancé dit :« Celui
qui boit à ma bouche sera comme moi ; moi aussi, je serai lui, et ce
qui est caché lui sera révélé. Je suis entré dans mon jardin,
mon fiancé, j ai cueilli ma myrrhe avec mon baume; j'ai mangé mon
rayon avec mon miel, j'ai bu mon vin dont je t' enivre. Ouvre-moi,
mon frère, mon ami, mon immaculé; car ma tête est couverte de
rosée; les boucles de mes cheveux sont trempées des gouttes de la
nuit. »
J'ai
ôté ma tunique, comment la remettre? J'ai lavé mes pieds, comment
les salirais-je?
Mon
bien-aimé a passé la main par le trou de la serrure, et mes
entrailles se sont émues sous lui.
Au
dernier jour des Noces quand les outres furent de nouveau vidées, le
Vivant dit : « Un personnage avait un vignoble qu'il avait donné à
des cultivateurs pour qu'ils le travaillent et qu'il en reçoive
d'eux le fruit. Il envoya son serviteur pour que les cultivateurs lui
donnent le fruit du vignoble ; et ceux-ci s'emparèrent de son
serviteur, le frappèrent et il s'en fallut de peu qu'ils ne le
tuent. Le serviteur revint et le dit a son maître. Alors, le maître
envoya son fils ; il se dit : " Sans doute respecteront-ils mon
enfant ? " Mais, quand ils surent que celui-ci était l'héritier
du vignoble, ces cultivateurs le saisirent et le tuèrent. Que celui
qui a des oreilles entende. »
Le
Verbe dit : « J'ai jeté un feu sur l'univers, et voici : je veille
sur lui jusqu'à ce qu'il s' embrase. Certainement les hommes pensent
que je suis venu pour jeter une paix sur l'univers. Mais ils ne
savent pas que je suis venu pour jeter sur terre des discordes, le
feu, l'épée, la guerre. Si en effet il y a cinq dans une maison,
ils se trouveront trois contre deux et deux contre trois, père
contre fils et fils contre père et ils se lèveront solitaires. »
«
L’adultère survint d’abord, puis le meurtrier. Et il fut
engendré dans l’adultère car il était l’enfant du serpent.
C’est pourquoi il fut homicide comme son père également et il tua
son frère.
En vérité je vous
le dis, les étoiles qui
amènent
les choses à leur achèvement, apparaîtront
avec les générations, et elles finiront ce qu’elles ont dit
qu’elles feraient. Alors elles forniqueront en mon nom et tueront
leurs enfants […] et ...
Dieu est un mangeur d’homme. C’est pourquoi on
lui sacrifie l’homme. Celui
qui ne haïra pas son père et sa mère ne pourra devenir mon
disciple et celui qui ne haïra pas ses frères et ses sœurs et ne
portera pas sa croix comme moi ne deviendra pas digne de moi [...]
«
Quand vous ferez le deux Un, et le dedans comme le dehors, et le haut
comme le bas, quand vous ferez des yeux à la place d’un œil, et
une main à la place d’une main, et un pied à la place d’un
pied, et une image à la place d’une image, alors vous entrerez
dans le Royaume. »
Et
me souvenant de ma prison, je dis à Tomas : « Qui est esclave
contre son gré sera capable d’être libre. Qui a été libéré
par la grâce de son maître et s’est donné lui-même en esclavage
ne pourra plus être libre. Je me suis levé pour m'ouvrir à mon
bien-aimé, et de mes doigts a dégoutté la myrrhe exquise, sur la
poignée du verrou. Ses joues sont comme des parterres de baumiers,
des carrés de plantes odorantes ; ses lèvres sont des lis, d'où
découle le nard le plus pur. Ses jambes sont des colonnes d’albâtre,
posées sur des bases d'or pur. Son aspect est celui du Liban,
élégant comme le cèdre. Comme un pommier au milieu des arbres de
la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. J'ai
désiré m'asseoir à son ombre, et son fruit est doux à mon
palais.»
C'est
ainsi qu'il recruta ses disciples.
[...]
Et
voici la mission qu'il nous confia : « Quittez Jérusalem.
Appelez-les afin qu'ils soient hommes et se convertissent, sauf celui
qui est Dieu et doit subir le même supplice que moi, crucifié au
bord du chemin, livré aux corbeaux quand le pal aura fait son œuvre,
et que nous le recevrons pour qu'il demeure écartelé jusqu'à la
fin des temps, dévoré d'envie comme ceux qui voudront imiter mon
martyre. Je suis venu afin que ce monde mensonger connaisse sa fin,
pour permettre que celui de la lumière commence. »
Comment
chanterions-nous le cantique de Yaldabaoth, sur la terre de
l'étranger?
Si jamais je
t'oublie, Jérusalem ; que ma main droite cesse de trancher !...
Que ma langue s'attache à mon palais, si je cesse de penser à
toi, si je ne mets pas Jérusalem au premier rang de mes joies!Souviens-toi, des enfants de Sodome, quand au jour de Jérusalem, ils disaient: «Détruisez, détruisez-la, jusqu'en ses fondements!»
Fille de Babylone, vouée à la ruine, heureux celui qui te rendra le mal que tu nous as fait !
Heureux
celui qui saisira et brisera tes petits enfants contre la pierre!
Je
dis aux soldats du calvaire : « Suivez-moi, nous répandrons la
parole et le sperme dans nos amours. Que le Procurateur écrive à
Tibère pour que nos compagnons se mettent à nos trousses. Nous les
convaincrons aussi mais sur la grand'route, ne vous retournez pas ! »
Avec
des chevaux volés, nous gagnâmes la Cappadoce où j'étais né, et
l'humble ferme, hors de Césarée qui nous servit de Tabernacle. Dans
la ville se trouvaient déjà quelques convertis par le premier
discours de Pierre après la Pentecôte. Nous ne dédaignions pas de
travailler la terre de nos mains ; mais, pleins de zèle pour le
salut des âmes, nous nous occupâmes surtout d’augmenter le
faible troupeau du Sauveur. Le Seigneur bénit nos travaux. Mais nos
nouveaux ennemis déclenchèrent contre nous diverses persécutions.
C'était l'heure où, imbibant leurs pieds de naphte les autorités
faisaient brûler comme des chandelles ceux qui ne reniaient pas leur
foi, même s'il s'en remettaient à l'autorité de l'empire.
Par ordre du gouverneur de la ville, je
fus traîné au prétoire. Le gouverneur m'ordonna de sacrifier aux
idoles ; puis, sur mon refus, il commanda qu’on me souille en
m'enfonçant dans le rectum la crosse-héqa, le fléau-nekhekh et la
queue de taureau des souverains d'Egypte, ce qui déclencha les rires
des magistrats. Même l'extraction du bâton pastoral ne m'arracha
pas un rictus ; je dis dans un sourire extatique : « Je suis Soldat,
rompu à ces douleurs, coutumier du plaisir qui en découle.» Le
gouverneur ordonna pour me punir d'avoir parlé, qu'après avoir
soulagé les bourreaux, dont les verges ne suffirent pas à
m'étouffer, ils me brisassent les dents et m'arrachassent la langue
malgré quoi, la bouche baignée de leur sperme, je ne perdis point
l’usage de la parole.
En dépit de ce prodige, le gouverneur
m'intima de nouveau de sacrifier aux idoles et me fit remettre la
hache qui servait à immoler les victimes afin que j'émascule un
prisonnier qu'on apporta ficelé, et les organes pendant à cet
effet. Je la pris, mais au lieu de frapper la victime me retournai
vers les idoles et les réduisit en morceaux, m’écriant : « Si ce
sont des dieux, nous le verrons. »
Les démons quittèrent alors les
idoles, où ils avaient établi leur siège, et soulevant d'un
tourbillon leur robes entrèrent dans le corps du gouverneur et de
tous les juges, qui commencèrent à aboyer comme des animaux, et se
roulèrent dans la poussière jusqu’à mes pieds, tendant leur
croupe pour que j'arrose le feu qui les consumait.
Ma verge en eux dit aux démons :
«Pourquoi habitiez-vous dans les idoles ? »
- Nous habitons, répondirent les
esprits infernaux, là où le signe de la croix ne brille pas.
Cependant le gouverneur était devenu
aveugle, mon agitation en lui faisant couler des larmes de sang, et
demeurait toujours plongé dans le délire ; le prenant en pitié, je
lui dis :
- Sache que tu ne pourras être guéri
qu’après ma mort, je prierai pour toi auprès de Dieu et tu
recouvreras la santé du corps et de l’âme.
La Cappadoce presque entière avait
entendu la bonne nouvelle ; la nouvelle des nombreuses conversions
parvint bientôt jusqu’ aux princes des prêtres. Ils se rendent
aussitôt auprès du Procurateur ; « Longin,dirent-ils, déserteur
des armées impériales, prêche partout un nouveau roi appelé
Yeshua, et range des foules entières sous son commandement. » La
lettre fut portée à Rome et les prêtres revinrent avec une réponse
de César, me condamnant à la décollation.
Dès qu’il eut pris connaissance de la
lettre, versant un sanglot pour son ancien favori, le Procurateur
envoya des soldats en Cappadoce pour se saisir de moi et me faire
mourir comme traitre et rebelle.
Arrivés
à Césarée, les soldats demandèrent ma
demeure, on la leur indiqua ; en arrivant, ils virent auprès d’une
humble maison un vénérable vieillard occupé à travailler la terre
; ils m’abordèrent
sans savoir qui j'étais.
Les envoyés de Tibère ignoraient qu'il était mort quand il
frappèrent à notre porte, car la destinée ou le service du Christ
les avait conduit là.
- Ne connaîtriez-vous pas, dirent-ils,
un ancien soldat nommé Longin, ennemi de l'Empereur et des dieux ?
N’habite-t-il pas en ces lieux, Craignant qu’il ne nous échappe
encore comme à Jérusalem, nous voudrions le surprendre.
- Suivez-moi, répondis-je, et je vous montrerai celui que vous
cherchez.
A ces mots, les soldats s’avancèrent,
et je laissais échapper de mon cœur ces paroles : « Bientôt je
verrai les cieux ouverts ; bientôt je contemplerai la gloire du
Mère-Père ; bientôt je pourrai répéter les paroles que j’ai
entendu sortir de la bouche d’Etienne, le premier martyr : «
Seigneur, recevez mon âme. » Bientôt au milieu du triomphe de la
victoire, je monterai vers la Sodome céleste, patrie des anges et
des saints. Je vais enfin quitter cette chair mortelle, je vais
quitter cette prison, cette terre corrompue pour revêtir
l’incorruptibilité. Je vais abandonner ce monde misérable, où
tout est tempête et naufrage, et atteindre enfin le port véritable,
où il n’y a plus de tristesse, mais rien que jouissance éternelle
! »
Je fis asseoir les soldats et leur
servis un festin abondant de mets dépourvus de sang. Je ne
négligeais pas la satisfaction du corps, me traînant sous la table
à leurs genoux tandis qu'ils s'enivraient, les traitant comme mes
anciens condisciples, comment qu'un vieillard puisse flatter leur
beauté. Et je leur dis, répétant les paroles du Maître, telles
que Thomas me les avaient transmises : « Un homme avait des hôtes,
et, après avoir préparé le repas, il envoya son serviteur pour
convier les hôtes. Il alla vers le premier et lui dit : « Mon
maître te convie.» Celui-là dit :« J’ai de l’argent pour des
marchands ; ils viennent chez moi ce soir, je vais leur donner des
ordres. Je m’excuse pour le repas. Il alla vers un autre. Celui-ci
qui lui dit : « J’ai acheté une ferme, je vais percevoir les
redevances ; je ne pourrai pas venir. Je m’excuse ».Le suivant
répondit :« Mon ami va se marier et c’est moi qui ferai le repas
». Le serviteur revint et dit à son maître : « Ceux que tu as
conviés au repas se sont excusés. » Le maître dit à son
serviteur : « Va sur les chemins ; ceux que tu trouveras, amène-les
pour prendre le repas. Les acheteurs et les marchands n’entreront
pas dans les lieux de mon Père. » Voilà pourquoi vous avez trouvé
ma porte, puisque nous vous attendions. Pourquoi donc, dis-je après
le repas, recherchez-vous Longin avec tant d'ardeur ?
-
Ceci est un secret, mais si vous nous permettez
de vous
prendre
et de ne pas l'en
avertir nous vous le découvrirons.
[...]
En apprenant que mes amants devaient
aussi mourir pour la foi, j' envoyai mon serviteur leur porter cette
heureuse nouvelle et presser leur retour. Ils étaient alors loin de
Césarée, occupés à prêcher et aussi ne furent-ils de retour
qu’après trois jours.
Pendant ce temps, je traitai
généreusement mes hôtes, donnant de moi tout ce qu'ils pouvaient
désirer et même ce qu'ils ignoraient désirer encore. En apprenant
enfin que mes deux compagnons étaient près d’arriver, je dis aux
soldats :
- Venez, voici que je vais vous montrer
Longin.
Les soldats me suivent ; à peine
sont-ils hors de la maison que me dévêtant devant eux je leur dis
en souriant :
- Eh bien ! c’est moi qui suis Longin,
je suis celui que vous cherchez.
Les soldats remplis d’étonnement ne
pouvaient en croire leurs oreilles.
- Pourquoi parler ainsi? dirent-ils, nous vous voyons sourire,
nous savons bien que vous n’êtes pas ce Longin que nous devons
mettre à mort.- Oui, je suis l’ancien centurion. Je suis celui que vous cherchez, me voilà nu entre vos mains comme je n'ai cessé de l'être.
- O triste agapes, s’écrient-ils, ô
hospitalité qu’il nous faut payer par un crime ! Comment avez-vous
pu recevoir et traiter si bien chez vous ceux qui étaient venus pour
vous donner la mort ? Les bourreaux entrent dans votre demeure et
vous-même vous offrez en victime ! Nous avons reçu chez vous un
accueil favorable, nous sommes maintenant plus criminels que des
voleurs. Qu’avez-vous fait ! Prenez la fuite. Pour vous récompenser
de votre hospitalité, nous voulons vous sauver la vie. Comment
pourrions-nous en effet porter le glaive contre vous ? nous avons mis
la main dans le plat, cette main se refuse maintenant à vous donner
la mort. Nous préférons encourir la colère du Procurateur plutôt
que de blesser notre conscience ; nous sommes prêts à tout souffrir
plutôt que de vous remercier par une telle récompense !
- Non, répondis-je, vous ne me rendrez
pas malheureux en me donnant la mort. Frappez, faites ce qui vous a
été ordonné. Pourquoi ne pas vouloir me mettre en possession des
biens éternels qui m’attendent ? Pourquoi pleurer ainsi ma mort ?
Ce n’est pas la mort que vous allez me donner, mais vous allez
m’ouvrir les portes de la vie éternelle. Je préfère la mort à
la vie de cette terre, car ici-bas, je suis éloigné de mon Dieu, je
ne jouis pas de sa vue bienheureuse. Bientôt, ô mes amis, vous
serez consolés, quand vous saurez que je jouis du bonheur céleste ;
que cette seule pensée fasse votre joie et votre consolation. Ne
pleurez pas celui qui va quitter la terre, mais félicitez celui qui
va recevoir la récompense des élus. Permettez-moi de rendre
témoignage par mon sang à celui que j’ai fait mourir pour nous
sur la lance. Je craindrais d’être accusé par la nature entière
si je ne rendais pas témoignage à Celui dont la mort a plongé le
soleil dans le deuil et ébranlé la terre.
Je parlais encore quand mes deux
compagnons arrivèrent. A leur vue, plein de joie, je m’écriai en
me jetant à leur cou : « Salut guerriers du Christ ; salut,
héritiers du Royaume. La porte est déjà ouverte ; les anges sont
là, prêts à recevoir nos âmes pour les offrir au Fils de Dieu. Je
vois des lumières étincelantes ; les palmes et les couronnes sont
déjà préparées. »
Puis, me tournant vers les bourreaux :«
Faites, je vous en prie, ce qui vous a été ordonné. »
Nous, instruments, soldats de la légion
itinérante n'avions pas d'autre choix que le sien.
« Dénudez-vous dit-il à ses Epoux
terrestres, afin que nous pénétrions sans oripeaux dans la salle du
festin nuptial. »
[...]
Il embrassa de nouveau ses deux
compagnons, puis nous, ses bourreaux, car j'étais l'un d'eux. Il
nous indiqua le lieu où il désirait être enseveli. Les trois
soldats du Calvaire tombant à genoux nous présentèrent leur cou et
eurent la tête tranchée.
Ainsi nous rentrâmes à Jérusalem, la
tête du Centurion, telle un trophée au bout d'une pique.
Le
nouveau
gouverneur, pensant
satisfaire Caligula fit
placer cette tête sur une des portes de la ville. Mais Dieu glorifia
encore son serviteur ; cette tête brillait pendant la nuit comme un
astre étincelant et éclairait tous les alentours. Furieux de ce
nouveau miracle, les prêtres
jetèrent
à l'égout
la précieuse relique. Les anges veillèrent sur elle en attendant le
jour où le
Seigneur la
ferait retrouver
d’une manière miraculeuse.
Dans
son aura je m'agenouillai priant pour la délivrance. Amen.
Apocalypse
du Voleur
Quant
à moi, le dernier
converti,
je n’avais
pas cessé de réclamer un lieu de repos digne de mon esprit, avant
d’être enchaîné au monde
sensible. Et alors, comme je souffrais beaucoup et que j’étais
d’humeur sombre en raison de la médiocrité qui m’entourait, je
poussai l’audace jusqu’à me livrer aux bêtes sauvages du
désert, pour périr de mort violente.
Devant
moi se dressa l’ange de la connaissance de la
lumière
éternelle et il me dit : « Pourquoi
es-tu pris de folie comme si tu étais ignorant des grandeurs
éternelles qui sont en haut. Voilà pourquoi tu as été envoyé
vers la
Connaissance
pour être sauvé. Ne tente plus jamais de mourir et ne prête plus
attention à ceux que tu connais, afin d’en sauver d’autres, ceux
que le père des hauteurs choisira.
Voici
que je te révélerai ce que ni les cieux n’ont connu ni celui qui
se vanta en disant : “Je suis Dieu et il n’y en a pas d’autre
que moi !» Toi, il t’enviera, celui qui s’est appelé lui-même
le Jaloux. »
Il
existe un royaume grand et sans limite, dont aucune génération
d’anges n’a vu toute l’étendue, dans lequel il y a un grand
esprit invisible qu’aucun
œil d’ange n’a jamais vu, qu’aucune
pensée du cœur n’a jamais comprise, et
qui ne fut jamais appelé d’aucun nom.
Et un nuage lumineux apparut là. Il dit : « Qu’un ange soit créé qui soit mon serviteur. »
Un grand ange, l’Inengendré, divin et illuminé, émergea du nuage. A cause de lui, quatre autres anges apparurent d’un autre nuage, et ils devinrent les serviteurs de l’angélique Inengendré. C’est ainsi qu’il créa le reste des astres illuminés. Ils les fit régner sur eux, et il créa pour eux des myriades d’anges innombrables, pour les assister.
«Adamas fut dans le premier nuage lumineux qu’aucun ange n’a jamais vu parmi tous ceux appelés « Dieu ». Il en fit apparaître l’incorruptible génération de Seth, soixante-douze astres dans la génération incorruptible, selon la volonté de l’Esprit. Les soixante douze eux-mêmes firent apparaître trois cent soixante cinq satellites dans la génération incorruptible, selon la volonté de l’Esprit, que leur nombre soit de cinq pour chacun. Les douze esprits des douze astres constituent leur père, et il leur fut donné autorité et une grande armée d’anges sans nombre, pour la gloire et l’adoration, et après cela aussi des esprits vierges, pour la gloire et l’adoration de tous les cieux et de tous leurs firmaments.»
« La multitude de ces immortels est appelée le cosmos — c’est-à-dire, la perdition — par le Père et les soixante-douze astres qui sont avec l’Inengendré. En lui le premier humain est apparu avec ses pouvoirs incorruptibles. Et l’éon dans lequel sont le nuage de la connaissance et l’ange, est appelé El. Du nuage apparut un ange dont le visage était enflammé et dont l’apparence était défigurée par le sang. Il s’appelait Nebro, ce qui signifie rebelle ; d’autres l’appelait Yaldabaoth. Un autre ange, Saklas, vint aussi du nuage. Aussi Nebro créa six anges — ainsi que Saklas — pour être ses assistants, et ceux-ci produisirent douze anges dans les cieux, qui reçurent chacun une portion des cieux.
Le premier est Seth, qui est appelé Christ.
Le second est Harmathoth.
Le troisième est Galila.
Le quatrième est Yoel qui sera Barbélô.
Le cinquième est Adonaios.
Ce sont les cinq qui règnent sur le monde d’en dessous, et surtout sur le chaos.»
«Alors Saklas dit aux anges : “Créons un être humain à la ressemblance et à l’image.”
Ils façonnèrent Adam et sa femme Eve, qui est appelée, dans le nuage, Zoé. Car par ce nom toutes les générations cherchent l’homme, et chacune d’elles appelle la femme par ces noms. Si la femme ne s’était pas séparée de l’homme, elle ne serait pas morte, non plus que l’homme. C’est la séparation de celui-ci qui fut le commencement de la mort. C’est pourquoi le Christ est venu pour réparer cette séparation survenue aux origines, réunir les deux, donner la vie à ceux qui étaient morts à la suite de la séparation et les unir. C’est pourquoi Dieu ordonna à Michael de donner les esprits des gens à eux en prêt, pour qu’ils puissent offrir leur service, mais le Suprême ordonna à Gabriel de donner les esprits à la génération suprême qui n’a pas de maître au-dessus d’elle — c’est-à-dire, l’esprit et l’âme.
El permit que la connaissance soit donnée à Adam et à ceux avec lui, pour que les rois du chaos et de monde d’en dessous ne puisse pas régner sur eux. Pour toutes les générations, les étoiles amènent les choses à leur achèvement. Quand Saklas achèvera la durée qui lui a été assigné, leur première étoile apparaîtra avec les générations, et elles finiront ce qu’elles ont dit qu’elles feraient. Alors elles forniqueront en mon nom et tueront leurs enfants.
Ces six étoiles errent avec ces cinq combattants, et ils seront détruits avec leurs créatures. Et alors l’image de la grande génération d’Adam sera exaltée, car avant le ciel, la terre, et les anges, cette génération, qui appartient aux royaumes éternels, existe. Ecoute, lève les yeux et regarde le nuage et la lumière qui s’y trouvent et les étoiles qui l’entourent. L’étoile qui montre le chemin est ton étoile.
Et un nuage lumineux apparut là. Il dit : « Qu’un ange soit créé qui soit mon serviteur. »
Un grand ange, l’Inengendré, divin et illuminé, émergea du nuage. A cause de lui, quatre autres anges apparurent d’un autre nuage, et ils devinrent les serviteurs de l’angélique Inengendré. C’est ainsi qu’il créa le reste des astres illuminés. Ils les fit régner sur eux, et il créa pour eux des myriades d’anges innombrables, pour les assister.
«Adamas fut dans le premier nuage lumineux qu’aucun ange n’a jamais vu parmi tous ceux appelés « Dieu ». Il en fit apparaître l’incorruptible génération de Seth, soixante-douze astres dans la génération incorruptible, selon la volonté de l’Esprit. Les soixante douze eux-mêmes firent apparaître trois cent soixante cinq satellites dans la génération incorruptible, selon la volonté de l’Esprit, que leur nombre soit de cinq pour chacun. Les douze esprits des douze astres constituent leur père, et il leur fut donné autorité et une grande armée d’anges sans nombre, pour la gloire et l’adoration, et après cela aussi des esprits vierges, pour la gloire et l’adoration de tous les cieux et de tous leurs firmaments.»
« La multitude de ces immortels est appelée le cosmos — c’est-à-dire, la perdition — par le Père et les soixante-douze astres qui sont avec l’Inengendré. En lui le premier humain est apparu avec ses pouvoirs incorruptibles. Et l’éon dans lequel sont le nuage de la connaissance et l’ange, est appelé El. Du nuage apparut un ange dont le visage était enflammé et dont l’apparence était défigurée par le sang. Il s’appelait Nebro, ce qui signifie rebelle ; d’autres l’appelait Yaldabaoth. Un autre ange, Saklas, vint aussi du nuage. Aussi Nebro créa six anges — ainsi que Saklas — pour être ses assistants, et ceux-ci produisirent douze anges dans les cieux, qui reçurent chacun une portion des cieux.
Le premier est Seth, qui est appelé Christ.
Le second est Harmathoth.
Le troisième est Galila.
Le quatrième est Yoel qui sera Barbélô.
Le cinquième est Adonaios.
Ce sont les cinq qui règnent sur le monde d’en dessous, et surtout sur le chaos.»
«Alors Saklas dit aux anges : “Créons un être humain à la ressemblance et à l’image.”
Ils façonnèrent Adam et sa femme Eve, qui est appelée, dans le nuage, Zoé. Car par ce nom toutes les générations cherchent l’homme, et chacune d’elles appelle la femme par ces noms. Si la femme ne s’était pas séparée de l’homme, elle ne serait pas morte, non plus que l’homme. C’est la séparation de celui-ci qui fut le commencement de la mort. C’est pourquoi le Christ est venu pour réparer cette séparation survenue aux origines, réunir les deux, donner la vie à ceux qui étaient morts à la suite de la séparation et les unir. C’est pourquoi Dieu ordonna à Michael de donner les esprits des gens à eux en prêt, pour qu’ils puissent offrir leur service, mais le Suprême ordonna à Gabriel de donner les esprits à la génération suprême qui n’a pas de maître au-dessus d’elle — c’est-à-dire, l’esprit et l’âme.
El permit que la connaissance soit donnée à Adam et à ceux avec lui, pour que les rois du chaos et de monde d’en dessous ne puisse pas régner sur eux. Pour toutes les générations, les étoiles amènent les choses à leur achèvement. Quand Saklas achèvera la durée qui lui a été assigné, leur première étoile apparaîtra avec les générations, et elles finiront ce qu’elles ont dit qu’elles feraient. Alors elles forniqueront en mon nom et tueront leurs enfants.
Ces six étoiles errent avec ces cinq combattants, et ils seront détruits avec leurs créatures. Et alors l’image de la grande génération d’Adam sera exaltée, car avant le ciel, la terre, et les anges, cette génération, qui appartient aux royaumes éternels, existe. Ecoute, lève les yeux et regarde le nuage et la lumière qui s’y trouvent et les étoiles qui l’entourent. L’étoile qui montre le chemin est ton étoile.
Mais
ceci
ne fut que le commencement.
Sous le désert de sable, il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière parut comme du sang, et de l'abîme se levèrent dans de grands fracas de tonnerre trois stèles formant les angles du triangle isocèle. L'ange de la connaissance me dit :
Sous le désert de sable, il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière parut comme du sang, et de l'abîme se levèrent dans de grands fracas de tonnerre trois stèles formant les angles du triangle isocèle. L'ange de la connaissance me dit :
«
Mange les pierres et tu vivras. Car voici la révélation
qui
fut faite à
Judas et Tomas, les deux faits un
quand
le Verbe pénétra en eux.»
Sur la première pierre était gravé ceci:
Alors,
le Grand Logos, l’Autogène, et le Verbe des quatre luminaires
adressèrent une louange au Grand Esprit invisible, qu’on ne peut
invoquer, virginal, et à la Vierge mâle, aux trônes qui sont en
eux et aux puissances qui les entourent avec des gloires et des
dominations, aux puissances de l’Enfant triple-mâle et à la
Vierge mâle et à celui qui détient la gloire, l’enfant de
l’enfant et la couronne de sa gloire, afin qu’ils appellent le
Père: «quatrième», et que la race incorruptible, appelle la
semence du Père : «la semence du Grand Seth».
Alors
le Grand Seth vint, il apporta sa semence et elle fut semée dans les
astres engendrés,
dont
le nombre est le chiffre de Sodome.
Certains
disent que c’est Sodome le lieu de pâturage du Grand Seth, alors
que c’est Gomorrhe.
Mais
d’autres disent que le Grand Seth tira sa plante de Gomorrhe et
qu’il la planta dans le deuxième lieu, qu’il appela «Sodome».
Sur
la deuxième était écrit:
L’Enfant
triple-mâle adressa une louange et demanda une puissance au Grand
invisible Esprit virginal. Alors se manifesta à partir de ce lieu-là
[... qui voit des] trésors dans un des mystères [invisibles, du
silence [... ] la Vierge mâle Yoel et l’enfant de l’enfant,
Éséphech. Et ainsi fut complétée la triade, le père, la mère,
le fils, les cinq sceaux de l'étoile et des luminaires, la puissance
invincible,c’est-à-dire le Grand Christ de tous les
incorruptibles.
Car
c’est lui Adamas, la lumière qui illumine, celui qui vient de
l’Homme, le premier Homme,
celui
par qui tout est arrivé, celui pour qui toute chose existe, celui
sans qui rien ne s’est produit.
Il
sortit, le Père inconcevable, inconnaissable. Il sortit, descendit
pour l’annulation de la déficience.
Alors
le Grand Logos, l’Autogène divin, et l’Homme incorruptible,
Adamas, se mélangèrent l’un à l’autre. De leur union advint un
logos humain.
Il
adressa une louange au Grand invisible, insaisissable, virginal
Esprit et à la Vierge mâle, et à l’Enfant triple-mâle, celui
qui détient la gloire, l’enfant de l’enfant, et la couronne de
sa gloire, et aux trônes qui sont en lui, à leur plénitude
entière et à la terre aérienne, la réceptrice de divin, le lieu
où prennent forme les hommes saints de la grande lumière, les
hommes du Père du silence, le silence vivant, le Père.
Je
te célèbre, Père, Adamas ,moi, comme ton propre fils, Emmacha
Seth, que tu as engendré sans enfantement pour la célébration de
notre Dieu,car je suis ton propre fils et tu es mon Intellect, ô mon
Père. Quant à moi, j’ai ensemencé et j’ai engendré, mais toi,
tu as vu les Grandeurs : Tu t’es dressé, en sorte que tu n’as de
cesse.
Et
la troisième pierre était :
Je
te célèbre, Père, célèbre-moi.
Tu
es établi sur une race, parce que c’est toi qui les as tous fait
croître ; et c’est pour ma semence, parce que c’est toi qui sais
d’elle qu’elle est établie dans l’engendrement : je célèbre
sa puissance qui m’a été donnée.
Toi,
qui as été cause que les masculinités qui existent vraiment
deviennent triplement mâles !
Toi
qui nous as été donné en une triple Puissance, qui fus engendré
sans enfantement. Toi qui as quitté le milieu, à cause de ce qui
était humilié, et qui traversas le Milieu : Tu es Père du fait
d’un Père, Parole issue d’un commandement. Nous te célébrons,
ô Triple-Mâle,parce que tu nous as réuni, le Tout à partir d’eux
tous, parce que tu nous as donné puissance. Tu as existé à partir
de l’Un, du fait de l’Un ; Tu t’en es allé, tu es revenu à
l’Un. Tu as sauvé ! Tu nous as sauvés, Ô Couronné qui donne la
couronne !
Nous
te célébrons pour l’éternité. Nous te célébrons, nous qui
avons été sauvés, comme les parfaits à titre individuel, parfaits
à cause de toi, et devenus parfaits avec toi : Ô accompli qui
donnes l’accomplissement.
Ô
parfait grâce à tous ceux-ci, Toi qui es de partout ressemblant. Ô
Triplement Mâle, tu t’es dressé, tu fus le premier dressé. Tu
t’es dispensé en tout lieu : tu persistes à être un.
Et
ceux que tu as voulus, tu les as sauvés, et Tu veux que soient
sauvés tous ceux qui en sont dignes. Tu es parfait ! Tu es parfait !
Tu es parfait !
Nous
te célébrons, ô Non-être !
Ô
Existence antérieure aux existences !
Ô
Première Essence antérieure aux essences !
Père
de la divinité et de la vitalité ! Créateur d’intellect !
Dispensateur
de bien, Dispensateur de béatitude !
Nous
te célébrons tous, ô toi qui détiens la science.
Je
me tournais pour voir quelle était la voix qui m'avait instruit.
Alors
de la porte ouverte dans le ciel, je vis venir un vieillard qui
s'avançait sur ses béquilles et il avait la corde au cou. Au
dernier roulement du tonnerre son visage prit l'apparence de la
jeunesse malgré les cicatrices de son corps torturé. Quand je me
retournai à nouveau il était recouvert d'une armure. Les rayons
d'or du couchant lui fournirent un siège. Et je fus élevé par le
quadrige qui tirait son char jusqu'à sa couche.
L'ange
dit : « Comme tu t’es revêtu le premier, tu es aussi celui qui le
premier se dénudera. Et tu deviendras comme tu étais avant que tu
ne te fusses dénudé ».
Et
il me baisa la bouche et m’embrassa, en disant : «Mon bien-aimé !
»
Et
si l'on te demande : « Où iras-tu ? », tu répondras : « À
l’endroit d’où je suis sorti, là je retournerai». Et si tu dis
ces choses, tu échapperas à leurs attaques. Et si tu tombes entre
les mains des trois saisisseurs, qui prennent les âmes par vol, en
cet endroit, pour tu leur diras: « Je suis un vase plus précieux
que la femme qui est votre mère. Car tant qu’elle est ignorante de
sa racine, vous-mêmes, vous ne serez plus dégrisés ».
«
Mon bien-aimé, comprends et connais toutes choses afin de sortir et
d’être tout comme je suis !
Voici,
je vais te révéler Celui qui est caché. Maintenant, étends ta
main. Maintenant, embrasse-moi !»
Alors
il m'apparut dans la gloire de sa nudité. Après avoir entendu et vu
ces choses, je tombai aux pieds de l'ange qui me les montrait pour
l'adorer. Mais il me dit: " Garde-toi de le faire! Je suis
serviteur au même titre que toi, que tes frères, les prophètes.
Adore Dieu ! et donne-lui gloire, car l'heure de son jugement est
revenue ; adore Celui qui vient sur les nuées. Tout œil le verra,
et ceux même qui l'ont percé. Il dira à nouveau :
«
Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin, celui qui
est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.qui a fait le ciel et
la terre, la mer et les sources des eaux.»
Il
était celui-là que ne vit pas celui qui créa le ciel et la terre,
et qui y habita.
Il
était celui qui est la vie. Il était la lumière. Il était celui
qui sera ; et de nouveau il donnera
l’achèvement
à ce qui a été commencé et le commencement à ce qui sera achevé.
Il
était le Saint Esprit et l’Invisible, qui n’est pas descendu sur
la terre.
Il
était la vierge ; et ce qu’il désire lui arrive.
Moi-même,
je l’ai vu, alors qu’il était nu et ne portait aucun vêtement.
Ce
qu’il désire lui arrive .
Je
suis celui dont l'apparence renaît, et qui revient sans fin. Comme
je fus le voleur des richesses, je suis voleur d'âme. J'étais l'un
des témoins qui frappa à la porte de Loth.
J'étais
sur la route de Bethléem où était inhumée la Brebis mère de
Benjamin, fils caché de sa droite, sa douleur ; j'étais avec Mariam
en Egypte, violeur, bandit de grand chemin, escroc, voleur. Et au
commencement je me suis engendré moi-même selon le vœu du
Créateur. J'ai défloré tous mes compagnons de route, afin de faire
pénétrer l'Intellect en eux, d'humilier devant eux leurs congénères
nés des femmes, et qu'ils demeurent avec moi dans la chair.
Il
viendra Elagabal l'enfant couronné, conduisant le char tiré par
quatre chevaux portant le Bétel, la pierre que contient l'arche : sa
trinité est
le
Soleil, le
Sperme
et le
Taureau. Il épousera en chair les colosses vainqueurs des courses de
char, Hiéroclès et Zoticos, les mieux pourvus, il se prostituera
dans ses orgies et les convives épuisés s'éveilleront dans la cage
des ours et des lions. La
foule de ses ennemis le saisira. Ils le dépèceront, l'exposeront,
et
ils jetteront
sa dépouille au fleuve.
Les
étranglés et les fornicateurs je les ai assassinés pour les
retirer des mains marquées des corrupteurs. J'égorge leur cadavre
et je leur rends la vie.
Je
les fais marcher pieds nus sur l'arc-en-ciel.
Je
les arrache aux grottes, à l'obole de miel, au sacrifice du taureau.
J'ai
répandu, je répands et je répandrai le vice car il est
l'instrument de la perfection, et ils ne se repentiront ni de leurs
meurtres, ni de leurs enchantements, ni de leur impudicité, ni de
leurs vols.
J'ouvre
les portes du jardin du Temple où sont les deux oliviers et les deux
candélabres, les témoins qui sont dressés en présence du Seigneur
de la terre.
Et
je vis le Sauveur, se tenant en haut du Temple, à l’aplomb de sa
base et en harmonie avec la dizaine de colonnes, et se reposant sur
le nombre de la Grandeur vivante immaculée, ses yeux étaient comme
une flamme de feu ; ses pieds étaient semblables à de l'airain
qu'on aurait embrasé dans une fournaise, son visage était comme le
soleil lorsqu'il brille dans sa force. Sur son ventre et sur sa
cuisse, il portait écrit ce nom : Roi des rois et Seigneur des
seigneurs, et sa voix était comme la voix des grandes eaux : «Sois
fort jusqu’à ce que l’imitateur de la justice de celui qui t’a
appelé auparavant, t’appelle afin que tu le connaisses, selon le
mode approprié, relativement à l’écart qui le déchire, à
propos des tendons de ses mains et de ses pieds, à propos de la pose
de la couronne par les gens de la Médiété, et à propos du corps
de son illumination. C’est dans l’espoir d’un service en vue
d’un salaire “glorieux” qu’on le prend ».
«Celui
qu’ils ont cloué, c’est le premier-né et la maison des démons,
le couteau de pierre avec lequel ils chassent, appartient au dieu
pluriel, maître de toutes les puissances, et à la croix qui est
sous sa Loi. En revanche, celui qui se tient près de lui, c’est le
Sauveur vivant, celui qui était d’abord dans celui qu’ils ont
saisi et qui s’est échappé ; il se tient debout dans la joie,
voyant que ceux qui lui ont fait violence sont divisés entre eux, et
se moquant, à cause de cela, de leur aveuglement, sachant que ce
sont des aveugles-nés. Ainsi donc, doit-il exister celui qui
souffre, c’est le corps substitut. Mais celui qui a été relâché,
c’est mon corps incorporel. Car moi, je suis l’Esprit
d’intelligence, celui qui est plein de lumière rayonnante. Toi
donc, sois courageux et ne crains rien, car je serai avec toi pour
qu’aucun de tes ennemis ne se rende maître de toi.Voici que je
viens bientôt : tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne
ravisse ta couronne. Celui qui vaincra, j'en ferai une colonne dans
le temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus ; et j'écrirai sur
lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la
nouvelle Sodome, qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon
nom nouveau. »
Alors
qu’il disait cela, je vis les prêtres et le peuple accourant à
nous avec des pierres comme
pour
nous tuer. Et moi, je fus troublé à l’idée que j'allai mourir.
La
populace se leva, disant : «Oui, tuons cet homme, de sorte qu’il
soit enlevé du milieu de nous. Car il ne nous sera d’aucune
utilité».
Et
ils étaient là, et ils le trouvèrent debout près du pinacle du
Temple, près de la puissante pierre angulaire. Et ils décidèrent
de le jeter en bas, depuis cette hauteur. Et ils le jetèrent en bas.
Mais eux en le regardant, s’aperçurent qu’il vivait encore. Ils
se levèrent et descendirent.
Ils
le saisirent et le frappèrent, en le traînant par terre. Ils
l’allongèrent, et placèrent une pierre sur son ventre, ils le
piétinèrent tous, disant : «Tu t’es fourvoyé ! » Puis ils le
relevèrent, car il était encore vivant, et lui firent creuser une
fosse. Ils le firent s’y tenir. L’ayant couvert jusqu’à la
hauteur du ventre, ils le lapidèrent ainsi.
Quant
à lui, il étendit ses mains et dit cette prière, non pas celle
qu’il avait l’habitude de dire : «ne laisse pas se prolonger
pour moi ces jours de ce monde, mais le jour de ta lumière, où ne
reste aucun reste de nuit, fais qu’il brille sur moi ! Amène-moi
au lieu de mon salut. Délivre- moi de cette résidence ! Sauve-moi
de la mauvaise mort,car je me suis confié en toi de toute ma force.
»
Et
Dieu donna à ses deux témoins, revêtus de sacs, la puissance de
fermer le ciel pour empêcher la pluie de tomber durant les jours de
leur prédication ; et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer
en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, autant
de fois qu'ils le voudront.
Et
quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de
l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera. Et leurs
cadavres resteront gisants sur la place de la grande ville, qui est
appelée
en langage figuré Sodome et Egypte, là même où leur Seigneur a
été crucifié. Des hommes des divers peuples, tribus, langues et
nations verront leurs cadavres étendus trois jours et demi, sans
permettre qu'on leur donne la sépulture. Et les habitants de la
terre se livreront à l'allégresse et s'enverront des présents les
uns aux autres, parce que ces deux prophètes ont fait leur tourment.
Mais après trois jours et demi, un esprit de vie venant de Dieu
pénétra dans ces cadavres; ils se dressèrent sur leurs pieds, et
une grande crainte s'empara de ceux qui les regardaient. Et l'on
entendit une voix venant du ciel, qui leur disait: « Montez ici. »
Et ils montèrent au ciel dans une nuée, à la vue de leurs ennemis.
L'ange
de l'Etoile dit :« Le séjour des ténèbres est l'impermanence.
C'est pourquoi j'annonce la fin du temps. Car le monde d'en bas est
livré à la violence, à la peur et à la vengeance, pour s'être
donné à la puissance et je reviendrai le détruire. En ces
jours-là, les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront
pas ; ils souhaiteront la mort, et la mort fuira loin d'eux.»
Dans
la plaine autrefois fertile se lèvent les armées de squelettes. Les
144 000 seront devenus des millions mais ils ne pèseront pas plus
dans le plateau de la balance.
Ils
égorgent, décapitent , brûlent vifs les purs dans des cages
d'acier, les font mourir sous la torture, ayant capté l'éclair,
buvant l'eau amère de l'étoile Absinthe précipitée dans les mers,
sans qu'ils sachent à quoi est utile son essence.
Et
d'autres hommes, jetés d'un haut escarpement, tombèrent jusqu'au
fond et furent forcé d'escalader le rocher pour être rejetés en
bas de nouveau, et ils n'avaient aucun repos de ce tourment.
C’étaient les hommes qui souillèrent leurs corps en se
reproduisant. Dans une étreinte infinie et douloureuse avec leurs
concubine, sur le chevalet, ils vomissaient des serpents qui
rampaient sur eux pour les mordre, les rats faisaient leur lit dans
leur anus rongé, et les rapaces se délectaient de leurs yeux et des
organes mis à nu des serviteurs des ténèbres. Car ils songeaient à
se prolonger, et à toucher l'intérêt du fermage.
Le
Voleur
dit : « Le
monde est entré en révolte contre vous. Les
âmes de chaque génération humaine mourront. Quand cependant ces
gens auront achevé le temps du royaume et que l’esprit les
quittera, leurs corps mourront mais leurs âmes continueront à
vivre, et elles seront emportées.
Malheur au sage qui blesse des créatures de Dieu! Malheur au fort
qui abuse de sa force! Malheur aux chasseurs! Car ils seront
eux-mêmes chassés à leur tour. Bénis seront tous ceux qui
s'abstiennent de toutes les choses que l'on obtient grâce au sang
versé ou à la tuerie. Bénis sont ceux qui pratiquent le droit et
la justice. Je
suis venu pour abolir les sacrifices sanglants ainsi que la fête du
sang. Et si vous ne voulez pas cesser de sacrifier la chair et le
sang des animaux pour les manger, alors la colère de Dieu n'aura pas
de fin : elle s'abattra sur vous comme c'est arrivé à vos ancêtres
dans le désert ; ils se réjouissaient de manger de la viande et ils
furent pleins de pourriture et décimés par les épidémies. Car je
mange seulement les fruits des arbres et les semences des plantes,
et, par l'Esprit, ces substances sont transformées en ma chair et en
mon sang.
De
même que tous les êtres procèdent de l'invisible dans ce monde,
ils retournent à l'invisible ; ils reviendront jusqu'à ce qu'ils
soient purifiés. Quant aux corps des morts, qu'ils soient rendus aux
éléments, et le Père-Mère qui renouvelle toutes choses, donnera
l'ordre aux Anges de les recevoir. Et les Anciens prieront afin que
les corps puissent reposer en paix et afin que leurs âmes se
réveillent pour une joyeuse résurrection.
Bénis
sont ceux qui ont passé par de nombreuses expériences, car c'est
par la souffrance qu'ils se seront accomplis, et ils ne mourront pas.
Ils
seront comme des Anges de Dieu dans le ciel
;
ils ne renaîtront plus, car mort et renaissance n'ont plus de prise
sur eux.»
Et
l'ange à ses côtés cria d'une voix forte à tous les oiseaux qui
volaient par le milieu du ciel : « Venez, rassemblez-vous pour le
grand festin de Dieu, pour manger la chair des rois, la chair des
chefs militaires, la chair des soldats vaillants, la chair des
chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous les hommes,
libres et esclaves, petits et grands. »
Les
étoiles du ciel tombèrent vers la terre, comme les figues vertes
tombent d'un figuier secoué par un gros vent. Le ciel se retira
comme un livre qu'on roule, et toutes les montagnes et les îles
furent remuées de leur place.
Et
je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et
la première terre avaient disparu, et il n'y avait plus de mer. Et
je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, une
Sodome
nouvelle, vêtue comme un nouveau
marié paré pour son époux. Ses portes ne se
fermeront point le jour, car là il n'y aura point de nuit.
J'entendis
une voix forte qui disait: « Voici le tabernacle de Dieu avec les
hommes: il habitera avec eux, et ils seront son peuple. Dieu essuiera
toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura
plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont
disparu. Voici que je fais toutes choses nouvelles. Je suis l'alpha
et l'oméga, le commencement et la fin. »
Un
grand signe apparut dans le ciel : un homme,
vêtu de
soleil, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze
étoiles. Il
était enceint et criait dans le travail et les douleurs de
l’enfantement. Il
mit au monde un fils, un enfant mâle ; et son enfant fut enlevé
auprès de Dieu et de son trône.
L'Enfant
dit : «Heureux ceux qui sont invités au festin des noces car les
noces sont venues, et l'époux s'est préparé. »
Le
bétyle se dressa dans sa gloire et son éjaculat incendia l'univers,
consumant les générations du vide.
Elevés
au troisième ciel, les hommes revenus dans Sodome, s'établirent
sous les pics salins et sur les berges du lac Asphaltys qui crache le
feu de bitume et ses cendres. Et leurs travaux feront se gonfler de
pulpe les fruits secs, et pourtant, toujours plus nombreux, ils se
fécondèrent sans se reproduire.
Tout
commença à nouveau. Et la lumière fut.