samedi 23 septembre 2017

supplément au voyage vers Quia


Suppléments au Transit vers Quia

Il y aura des tirs factices
De pétards dans le ciel d’hiver
Des fusées de feux d’artifice
Et des bonbons d’orange amers

La prochaine fois que je pleurerai
Sur d’autres sur moi sur après

Il y aura dans mes armoires
Les cadavres de mes aïeux
Des fanions de proche victoires
Et des portraits en camaïeu

Des bagues des bijouteries
La coquetterie des adieux
Et dans chaque boulangerie
Les galettes des trois rois pieux

Il y aura de la musique
Pour les corps nus dans les pornos
Quelques complaintes romantiques
Sur le beat lourd de la techno

Des gladiateurs blessés sans risque
Mais qui circulent dans le sang
Des laits noirs suintant des lantisques
Au cabaret des trépassants



On va toujours à l’aventure
Le hasard épingle à tout coup
Pauvre corps et triste nature
Quand vivre nous vient par à-coups

Le temps quand on n’en fait rien s’use
Le moteur s’étrangle à tout va
Danseur sur le gouffre on s’amuse
D’observer ce qui croit en bas

Tout ce qu’on saisit se dérobe
C’est en vain que l’on s’y soustrait
Ce qu’on avale nous englobe
Tout est possible rien n’est vrai




Il y a au dehors
Quand tous les feux s’éteignent
Ce parfum de la nuit
Qui me fut familier
Je me sens triste et fort
Lorsque je le dédaigne
Et que de loin je suis
Leurs mots éparpillés

A ceux qui vont par deux
Sur le scooter d’un pote
Qui discutent au coin
Du laurier sous les palmes
Ceux qui n’ont pas de feux
Pour les joints qu’ils crapotent
Ceux qui n’ont pas besoin
De silence et de calme

Pourquoi quand le soir pleut
Suis-je si décalé
Guetteur rempli de doute
Sans armure ni lance
Affolé comme un bleu
Sans espoir attablé
Dans l’ultime redoute
Où règne l’abondance

Pourquoi n’ai-je jamais
Entre mes mains que sable
Et pour kit de survie
Les tourments de l’angoisse
Pour réponse oui mais
Et posé sur la table
Un verre d’eau-de-vie
Et trois cachets de poisse

Quel prix pour le bonheur
Et la libération
Entonner aux abois
Un simple hymne de deuil
Commander à son cœur
Deux sous de compassion
Et se moquer de soi
Avec la larme à l’œil

Souffrir quand tout s’agite
Et que l’on est reclus
Dans le fort intérieur
Des prisons qu’on s’invente
Quand tout qui vit va vite
Et que l’on s’est exclu
Du mouvement trompeur
Des illusions changeantes





Ainsi de leur terrasse érigée au ponant
Les byzantins voyaient mourir le vieil empire
Ils savaient que chaque lendemain serait pire
Et que leur dieu n’était qu’un vieillard bedonnant

Ils soufflaient sur le feu et sur les ossements
Des croisés étripés sous leurs cieux de porphyres
Aux voutes des palais dans le couchant se mirent
Le flux de l’avenir en de longs tremblements

Les goufres sont béants où saute sans mot dire
L’ermite lacéré par le fouet sous les rires
Il brûle des diamants dans les fours d’occident
Il siffle des vents froids sur un monde en jachère
Sur le parvis du temple où la tripe est pas chère
L’othodoxie surgit du vieux livre où l’on ment




Seigneur, dieu des chrétiens, apportez moi la grippe
Vous attendiez le temps de rompre notre sceau
Mais quand la bave bleue me baignera la lippe
Je jouirai du sang dans un dernier sursaut

Abrités par l’abside on se taillait des pipes
Enfants de chœur on s’enculait sous le boisseau
On s’enivrait du vin et des hosties qu’on chippe
Quel sacrilège enfin justifie le grand saut ?

Je prie pour le fléau qui fut votre vengeance,
Le déluge et le feu de notre délivrance
Pour vos veaux étranglés dans les nœuds des lassos
En ce soir de Noêl vêtu de pauvres nippes
A croupetons je viens comme un fieffé pourceau
Vous réclamer la peste à en vômir mes tripes









Toi qui n’es pas de ma famille
Et que certains voient dans le ciel
Toi qui m’a apporté des billes
Des poupées et des pots de miel

Nourrit la flamme qui vacille
Et le tissu cicatriciel
Eloigne l’homme à la faucille
Et mon chagrin superficiel

C’est Noel que l’on déshabille
Si la sorcière avec son fiel
Arrache chapeau et mantille
Du front qui m’est consubstanciel

Maman Mamie ma sœur ma fille
E scritto acqui sobre mi piel
Comme on dirait dans la Castille
Ou prier parait essentiel

nous voilà survivants au milieu des décombres
à demi-couchés
pas encore arrivés au royaumes des ombres
déjà déboulonnés

et les derniers n'ont pas le droit au vague à l'âme
quand tout prend l'eau
sur des instruments faux ils travaillent leurs gammes
en vidant leurs silos

je sens que je vais pas tarder sous la matraque
a plier moi aussi
dès que je me serai pris la dernière claque
dans mon lit mal assis

hier numero 2 a sondé ma tanière
encore intéressant
pour de gros parvenus qui veulent par derrière
m'écraser en passant

laissons passer le temps des enfants en vacances
parlons avec l'écho
faisons des ronds dans l'eau accusant la malchance
reclus dans nos enclos








Tchernobyl-Fukushima

Je n’en ai rien à faire
Je ne me mêlerai pas de vos affaires
Je vais mourir avant que le cancer me ronge
Le soleil a déjà mangé mon nez brûlé
Je n’aurai pas d’enfant à qui donner la mort
Ça c’est votre fortune et l’argent qui vous plombe
Qui ne protège pas des rayons de la bombe

Je n’en ai rien à faire
Je ne me mêlerai pas de vos affaires
J’ai mangé depuis des années le thym mutant
Ramassé les sanguins dans les bois à l’automne
Pourquoi changer la vie quand on est condamné
Et que nous étouffons dans nos vestons d’amiante

Le jour où le nuage est passé sur nos têtes
Il s’est mis à pleuvoir à la récréation
Les enfants de l’école ont joué dans les flaques
Le soir ils ont eu soif un peu moins soif que ceux
Qui couraient dans les rues d’Hiroshima en flammes
Combien en ont perdu ou la vue ou la voix
Au printemps mon citronnier fleurit et se chargea
Des fruits les plus énormes de sa courte vie
Les gâteaux qu’on en fît nous ont brûlé la bouche
Il est devenu noir et nos dents sont tombées

Je n’en ai rien à faire
Je ne me mêlerai pas de vos affaires
Vous serez morts aussi quand vos enfants mourront
Quand ils rejoindront les fantômes du Japon
Dans la nuit irradiée où ils dorment sans tombe
Quand vous tracez des plans pour acheter le monde
En créant des levants qui avalent les âmes











Lorsque je reviendrai à moi
Le monde aura changé et tout sera parfait

Ma volonté est morte et je veux désapprendre

Lorsque je reviendrai
Les murs seront en ruine
La nature cruelle aura repris ses droits
Les liserons en fleurs étrangleront la vigne
Et les outils rouillés des trimeurs maladroits

Si je reviens après avoir sauté
Dans l’inconnu lié à un bout d’élastique
Si je crois que l’on peut revenir sur ses pas

Lorsque je reviendrai après avoir ôté
Les habits éculés du pantin domestique
Si je voulais savoir et manger mon pain blanc

Si je voulais

Quarante années d’usure et n’avoir rien appris
Quarante ans de vacance et pas un seul projet
Tout pris tout digéré et sans objet épris
N’avaler que la cendre et les fruits du rejet




Au guichet où la mort commande
Je n’ai pas rempli la demande
Excuse-moi si je débande
Si j’éructe tout seul tout haut
Secoué par tous les cahots
Déguisé en clown de Rouault
Maquillé par la certitude
De la lente décrépitude
Au fil du temps que rien n’élude
Lapin aveuglé par ses peurs
Dans la lueur des projecteurs
Et puis la vie l’emporte ailleurs
Virtuose de décadence
Indifférent aux contredanses
A la douleur au flanc qui lance

Dans la musette du chasseur






Il est, dans un recoin de ce monde malade
Quelqu’un qui me ressemble et que je ne suis plus
Une forme plus jeune et pas plus désirable
Du corps que j’habitais lorsque j’étais reclus

Au jour de s’en aller dans un pan de mémoire
Sur un esquif volé dans le vent des torpeurs
Quelque bout de plastique échauffé pour ma gloire
Conservera l’aura de ma lubrique ardeur

Sans le son ni le sens le vide de la bête
Le regard affolé par le trop plein d’alcool
Le silence hébété de la veille de fête
Et la flaque laiteuse épandue sur le sol





21-12-2010 pour Danil Harms

On ne peut pas laisser dire. On ne peut pas laisser penser.
On ne peut pas dire ; On ne peut pas penser.
On ne peut pas.
Peu
Peu c’est toujours mieux que pas.
On peut laisser dire peu et penser peu.
On peut peu, on ne peut pas pas.




La vie est belle
La vie est sans appel
Chacun s’est enchaîné aux barreaux de sa cage
Le chat réclame sa gamelle

Tu étais fait pour moi
Car je ne peux t’atteindre
Comme un feu dans le ciel que rien ne peut éteindre
Au sud brille la croix

Le robinet qui fuit
Goutte à goutte la nuit
Qui remplit le tonneau sans fond de ton absence
Du vide de son bruit

L’odeur immatérielle
Qui corrompt le réel
Le chant d’un oiseau qui ne sait pas la musique
Sec comme un coup de trique

Le cœur fossile
De l’imbécile
A qui tout réussit et qui pleure quand même
Facile

Pas besoin qu’on lui mente
Car il est assez grand
Pour faire son malheur tout seul avec l’attente
Irrémédiablement





Ni le feu clignotant des petites étoiles
Ni les lampions frileux des dancings désertés
Ni les songes jetés sur les écrans de toiles
Ne rempliront mon cœur par l’hiver hébété

Fenêtres dans la nuit qu’avez-vous à me dire
Qu’un semblable horizon s’empourpre au loin ailleurs
Et que ce qui brûlait comme un éclat de rire
Luit toujours dans l’aura des soleils intérieurs

Que sur le chemin sombre on rallume des torches
Que dans l’obscurité se profile un veilleur
De l’épaule appuyé à l’arc-boutant d’un porche
Qui promette du feu pour des matins meilleurs

Un ange qui mît fin aux longues solitudes
Qui parlerait quand tout s’est tu avec douceur
Dissipant de sa voix les tristes habitudes
D’un geste dispersant les oiseaux jacasseurs

Toi qui n’existes pas ne mouche pas les cierges
N’éteins pas les bougies des frêles paradis
Ecris dans mon esprit comme en un livre vierge
Les serments écrasés des désirs interdits







je n'oublie pas
je n'oublie pas le consensus sur autant de cadavres
Qui sème la peur?

je n'oublie pas les flics musulmans morts
je n'oublie pas Barack O'Bama écrivant des mots français
la chasse à l'homme Bonnie & Clyde
Kocharov
le merveilleux maelstrom politique

je n'oublierai pas
le monstre fabriqué par les journalistes
l'inconscience de qui appelle à des rassemblements sans buts
la logique des choses qui n'est pas logique

Restez chez vous
Formez des boucliers dans vos têtes
Contre les va t'en guerre
Qui à l'assassinat ne répondent que par le meurtre

Et dansons! dansons!
Tout va si bien à nouveau
Nous pouvons sans complexe jouer au ballon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire