SCOTT
O' HARA
par
lui-même
textes
traduits et réunis par J. Lebrac
1996
DAVE
KINNICK
Critique
vidéo pour Advocate Men, journaliste et écrivain, Dave
Kinnick a regroupé ses interviews de stars du porno, augmentées
d'anecdotes ayant trait à sa carrière de cameraman de blue
movies dans un volume intitulé Sorry I asked
, dont les paragraphes suivants sont extraits:
SCOTT
O'HARA
Tout
à coup, les gens ne pouvaient plus prononcer son nom sans l'appeler
« Scott-la-plus-grosse-bite-de-San-Francisco-O'Hara ».
Ils en avaient la bouche pleine de ce nom, aussi remplie que si, à
la place du nom ç'avait été la queue en question, que tous
s'accordaient à trouver exceptionnellement grosse et belle. Mais on
ne peut guère réduire un homme à sa queue. Scott n'échappe pas à
cette règle ; en faite il en est l'illustration-même. Je n'ai
jamais rencontré personne de plus gentil, de plus intelligent, de
plus complexe que Scott. Qui l'aurait cru en jetant un œil à ses
premières œuvres?
Il
apparaît pour la première fois dans un sketch de compléments
tourné en 1982, et édité plus tard par Falcon dans la
compilation intitulée Wïnner takes All . On
l'y voit enfiler un tuyau d'arrosage (d'où l'eau jaillit) dans le
cul de Randy Page. Ce n'était probablement pas le moyen le plus
subtil de lancer une carrière. Six années durant il fut distribué
dans des rôles de premier plan et tourna une série de vidéos.
Certaines étaient réalisées pour de grandes compagnies, d'autres
pour des producteurs à petit budget. Il s'y montra toujours plus que
seulement regardable, arborant invariablement une énorme bite raide
et un sourire malicieux. J'avais un gros faible pour lui, c'est le
moins que je puisse dire...
Vers
la fin de sa carrière à l'écran (et avant qu'il ne se lance dans
une vie passionnante d'écrivain et de voyageur), je commençais à
regretter vivement les grands moments de Scott: j'étais en manque.
Au début de 1994, je me rendis pour le week-end à San-Francisco,
chez des folles radicales de mes amis. Dans l'escalier de leur grand
appartement se trouvait un tableau de liège où était épinglés
toutes sortes de jolis flyers et de photos de garçons. Une
photocopie agrandie d'une photo de Scott trônait, datant de l'époque
où on l'appelait Spunk ; il avait une crête et
brandissait comme un sabre sa queue que trois poings fermés
n'auraient pas contenue. Je ne pouvais plus m'ôter cette image de la
tête.
J'étais
là pour la deuxième conférence
annuelle des écrivains gays
et lesbiens
que sponsorisait,
cette année-là, le magazine Outlook
. Deux jours plus tard, je sortais d'une réunion de travail dont
l'objectif était de déterminer si nous, journalistes gays,
devions ou non revendiquer le
qualificatif « pédé »,
et il était là, dans le hall, Scott dans toute sa gloire, babillant
avec le délicieux poète juvénile qu'est resté Gavin
Dillard.
Scott
portait un blouson de cuir usé, il était magnifique, malgré
un mauvais rhume de cerveau et ses premières mèches de cheveux
gris.
Je
m'approchai et demeurai patiemment à ses côtés dans l'espoir de
lui glisser un mot. A ma grande surprise, il se tourna vers moi et me
demanda qui j'étais. de le lui dis, il se leva et m'étreignit avec
chaleur en me disant qu'il aimait beaucoup mon travail. Dieu, qu'il
est difficile de rester calme, parfois! Nous avons discuté presque
tout l'après-midi, jusqu'à ce que je finisse par trouver le courage
de lui avouer que je ne cesserai jamais d'être amoureux de lui, ce
qu'il prit avec une grande modestie. Nous sommes amis depuis et il
abandonne deux à trois fois l'an sa retraite rurale du Wisconsin
pour me rendre visite.
Copyright
Dave Kinnick 1993, édité par Masquerade Books Inc, New York.
Scott
O'HARA
sous
le pseudonyme de SPUNK
TOUTE
REFLEXION FAITE
C'est
un fait : je parviens à me sucer moi-même. Rien d'extraordinaire à
mes yeux ; je pratique depuis que je suis en âge de me branler.
c'est néanmoins une attraction majeure pour nombre d'autres mecs,
et, si l'on y songe, pour certaines femmes aussi. Non pas que j'en
tâte régulièrement, mais quand l'occasion se présentez ça peut
être rigolo. Les différences ne sont pas si grandes, un peu plus de
douceur, un peu moins de muscles. Mais où en étais-je? Oui, en
train de me sucer tandis que tout le monde bée admiration et
d'étonnement. Bien.
Tout
au long de mon adolescence, en plus des branlettes conventionnelles
dans la salle de bains, j'ai pratiqué l'auto-fellation, juste pour
m'assurer que j'y arrivais toujours. En fait de public, je n'avais
alors que les arbres des bois où je me réfugiais pour m'astiquer,
et, je suis catégorique sur ce point, jamais je n'ai montré à
quiconque de quoi j'étais capable. Je pensais que tout le monde le
faisait - personne ne me l'avait interdit, personne ne me l'avait
enseigné - c'était venu naturellement- D'ailleurs ce n'est qu'après
un an de masturbation (et de pipes solitaires) que j'obtins ma
première évacuation torrentielle, mais ce n'était pas dans la
bouche. J'avalais quand même, impatient de connaître le goût du
foutre. Je ne fus pas déçu. La fois suivante, je de fis un devoir
de me jouir directement dans la bouche. Peu à peu, l'habitude prit
le pas sur la nouveauté, mais je pense toujours que la meilleure
façon de bouffer du sperme est de le tirer directement à la pompe.
Ce
qui ne s'accorde guère avec les modifications intervenues dans mes
pratiques sexuelles quelques années plus tard: les perspectives
changent lorsqu'on réalise que ce qu'on boit - et ce, quel que soit
le goût qu'on ait développé
pour
la chose-
constitue peut-être une ration mortelle. Je ne suis pas sûr
qu'avaler du sperme soit un vecteur avéré
de contamination ; je connais trop de gens bien vivants et en pleine
forme qui ont passé toute leur existence derrière des glory-holes.
Je les envie vraiment. Parce que je doute ; si le doute et
l'incertitude font fleurir imagination, ils tendent aussi, dans la
réalité, à faire passer le sexe à la trappe.
Mon
propre sperme est donc redevenu aussi essentiel que dans mes jeunes
années, quand je n'avais pas d'autre fournisseur ; je ne le gaspille
pas pour n'importe qui. Seulement pour une personne chère, ou, du
moins pour quelqu'un qui me trouble. Ou bien encore pour un public
attentif.
Oui,
c'est le mieux. Bien sûr j'aime
aussi les relations privées,
d'homme à homme, mais
le meilleur catalyseur de mon excitation, ce sont les
spectateurs... des dizaines de paires d'yeux rivés à mes
déplacements sur la scène, tandis que je les titille
en me déshabillant et que je fais monter la sauce... Les séduire,
même s'ils sont conquis d'avance... suant, caressant, secouant,
léchant
la tête de mon nœud,
les aisselles, mes bras luisants, ma poitrine, mes doigts moites
d'avoir joué avec mon cul, mes orteils même-, mouillant
d’excitation,
répandant sur mon visage les gouttelettes annonciatrices... les
odeurs du sexe envahissent la scène ; sueur, foutre, cul, pied,
latex… Parfois, oui, j'utilise des capotes pour jouir sur scène ;
pour le fantasme qu'elles trimballent
du jeune mec hétéro
qui veut se taper une fille au drive-in du coin, ou de mon père qui
fourre la nouvelle voisine à la renverse sur le canapé, pendant que
je mate,
fasciné, par le trou de la serrure... La
réalité
n'a pas de place sur scène, et vice-versa. Vive l'imagination! Tout
en m'exhibant
là-haut sur les planches, je descends dans les profondeurs de mon
réservoir à fantasmes. Je
lâche la bride, je lâche tout : des femmes, des enfants, des
chiens, des chevaux ; jusqu'au meurtre... pendaison, castration, la
baise à mort... Holà,
ce
ne sont que des fantasmes, bordel de Dieu. Si
vous mettez des barrières à vos fantasmes, c'est que vous avez
vraiment un parapluie dans le cul ! Un de mes préférés, qui marche
à tous les coups : je glisse et je tombe de scène après avoir
chauffé à blanc le public pendant une vingtaine de minutes ; avant
que j'aie pu me relever, une demi-douzaine de spectateurs, enflammés
au-delà du raisonnable par ma prestation d'allumeur,
se saisissent de moi et m'immobilisent
tandis que le reste du public fait la queue pour m'enculer,
chacun son tour, sous les feux des projecteurs. Je finis par cesser
de me débattre : inutile. Ils n'arrêtent qu'avec
l'aube, et quand disparaît
le dernier, je peux enfin rouler sur le dos et faire jaillir dans un
battement le trop plein qui m’engorge
les couilles
et que j’ai
retenu tout au long de la nuit.
Encore
une fois, simple fantasmes d'accord ? J'ai été violé, une fois ;
ce n'était pas amusant. Deux grands noirs (Oh Dieu, faut-il préciser
que je ne souhaite pas apporter d'eau au moulin des racistes, mais la
réalité tient parfois du cliché) qui n'avaient offert de me
ramener chez moi - est-ce que je pouvais deviner ? j'avais
dix-sept ans et le lait me coulait encore du nez - me traînèrent
dans un square pour me violer, pour essayer au moins, aucun des deux
n'étant parvenu à me pénétrer : j'étais étroit comme un puceau
(je l'étais presque), ils étaient trop défoncés ou trop paniqués.
Ils se décidèrent alors à me rosser, me piquèrent mes fringues,
et me laissèrent à moitié inconscient sur le pavé dans un
quartier où je n'avais jamais mis les pieds. A l'époque comme
aujourd'hui, je ne pus réprimer un fou-rire. Qu'est-ce qu'ils y
avaient gagné ? Moi, au contraire, je m'étais enrichi d'une
histoire très dramatique à raconter... et qui ne diminua en rien
mes fantasmes récurrents quant au viol.
C'est
ça la magie du fantasme ; en aucun cas ce n'est réel. On n'a pas à
surveiller le tour que prennent les choses, elles vont aussi loin que
vous le souhaitez, jamais au-delà. Pas besoin d'y repenser le
lendemain matin, si vous n'êtes pas du matin (Moi si, il suffit
qu'un rayon de soleil s'insinue dans ma chambre pour que je me sente
chaud et sensuel). Il n'y a ni conséquences physiques, ni
contraintes. Un de mes fantasmes habituels cet en scène un Doberman
et ce que j'en fais tomberait sous le coup de la loi dans cinquante
au moins des États de l'Union ; si je m'y adonnais en vrai
(pourquoi ? c'est à mon sens un mystère impénétrable. Le
chien aurait sans doute du plaisir à m'enculer, je ne compte pas
mêler de tiers à l'affaire ; à qui cela fait-il du mal?.. mais je
m'éloigne.) Je n'ai jamais réalisé ce fantasme: je n'ai jamais
fait plus qu'encourager un petit chien consentant (le maître aussi
était dans la conspiration) à me lècher tout le corps, ce qui se
révéla un tantinet agaçants mais sembla procurer à la bête
d'interminables délices. Et le chien n'était pas majeur -ce qui
prouve qu'il n'y a pas d'âge requis pour éprouver les joies du
sexe. Je ne pense pas progresser vers la réalisation de ce fantasme
d'ici longtemps; il y a un gouffre entre imagination et réalité.
Peut-être suis-je devenu moins aventureux, mais je ne ressens plus
le besoin d'expérimenter toutes les sensations que le monde peut
offrir. Certaines choses sont plus satisfaisantes en esprit.
Ce
qui m'amène à soulever la critique suivante à l'égard
des vidéos
réalisées de nos jours : les metteurs en scène paraissent ignorer
le pouvoir érotique
de la suggestion.
Tous veulent nous asséner leur quart d'heure de baise
non-stop -sans doute dans le but de nous démontrer que les
protagonistes étaient
capable de tenir le choc quinze minutes d'affilée. Merci, je suis en
mesure de d'imaginer, et probablement avec plus de vivacité que les
parties prenantes n'en montrent.
Je
veux dire par là que même si j’entraînais un chien à me baiser
(ce qui demanderait plus de temps que je ne suis décidé à
consacrer à un tel projet), le résultat serait certainement très
en dessous de les espérances. Je ne doute pas de finir par
apprécier, avec le temps, la technique du chien, mais je ne pense
pas qu'il parvienne jamais à me satisfaire à l'égal d'un homme. Je
risque de plus d'avoir du mal à lui faire enfiler un préservatif...
aussi longtemps que je n'aurais pas essayé, ça restera un fantasme
de première bourre.
Le
même miracle se reproduit sur scène : pour quelques instants
j'incarne le fantasme de tous ces hommes. Je suis plus que moi-même
; ouvert à toutes les interprétations possibles, je deviens ce
qu'ils désirent que je sois ; c'est le seul moment où je parviens à
oublier l'individu que je crois être. L'enveloppe n'a plus la
moindre importance, le feu de l'imagination prend le relais, ils ont
tout pouvoir, ils me contrôlent -1e plus souvent, ils n'en savent
rien et ne voient pas qu'ils me guident par la main avec laquelle ils
se branlent, qu'ils me modèlent et m'excitent de la même manière
qu'ils imaginent que je le fais pour eux. C'est leur désir qui me
casse en deux pour qu'une fois de plus je me lèche le gland et que
je répande sur mon visage le mucus de l'excitation, le brillant à
lèvres comme je l'appelle. Sans cette énergie collective et
extérieure qui me force, qui me viole mentalement, sans ces
centaines de voix silencieuses qui m'indiquent ce qu'elles souhaitent
faire de moi, qui m'entourent et me tiraillent comme les liens
ligotent une proie prête pour l'assaut -sans tout cela, je serais
seul et perdu sur la scène trop grande. Il m'est arrivé de donner
ce genre de spectacle devant un public totalement indiffèrent :
c'est une expérience effrayante. J'ai besoin de l'agitation de ces
hommes, de leurs demandes, de leur désir de donner en échange. Je
me demande s'ils sont conscients de ce qu'ils offrent ; du soutien,
de l'enthousiasme, du sexe. Le public apporte autant à l'acteur que
l'acteur au public... Acteur ? non, je ne joue pas, je fais une
performance. « Joueur » si vous voulez. Artiste de
divertissement, je l'espère, puisque moi je suis diverti. Le
fantasme est ma profession et c'est un boulot que j'aime. Satisfaire
les hommes : voilà un métier qui mérite qu'on y consacre toute une
vie.
John
PRESTON
Romancier
prolixe, John Preston a dirigé la constitution des anthologies Flesh
and The Word 1 & 2 dans lesquelles figurent les deux textes
de Scott O'Hara présentes ici.
NOTE
SUR L'AUTEUR
Scott
O'Hara est une star du porno parmi les plus connues. Il a tourné,
entre autres, Californie
Blue
et
Below
the Belt
, Oversized
Load.
Il a été élevé dans une ferme de l'Oregon,
et il est devenu adulte à San Francisco. Il a trouvé aujourd'hui un
bonheur paisible dans sa ferme de Cazenovia,
Wisconsin, où il travaille à réintégrer dans ses écrits son
personnage de Spunk. Il a publié
dans James
White Review,
Advocate men,
Drummer,
Opera in
actrice, America ,
Gay
Community
News.
NOTE
SUR LE TEXTE
Si
écrire a quelque ohose à voir avec la transgression des tabous,
c'est plus vrai encore lorsqu'on traite d'homosexualité et de sexe
en général en cette époque marquée par le sida. L'imbrication
entre maladie mortelle et sexe hors-la-loi est trop étroite pour
offrir une position confortable. Il semble parfois qu'il soit devenu
impossible d'écrire sur le sexe sans adopter une attitude sévère,
alors que, précisément s'exprimer sur le sujet devait représenter
une façon active de lutter contre les préjugés.
Diseased
Pariah News est la plus importante des publications
traitant de ces problèmes. Ce fanzine underground de San-Francisco
est publié par des gens atteints du sida pour un public atteint
également. On n'y trouve aucun des gadgets et autres cristaux mis en
vogue par le New Age. L'une des devises de ralliement de ce magazine
est « Grossissez, ne crevez pas ! »
Scott
O'Hara, figure majeure du monde homosexuel, écrivit une série de
vignettes pour ce journal. Comment j'ai attrapé
le sida ou les mémoires d'un garçon travailleur
est un exemple puissant de la manière dont un écrivain peut se
saisir de n'importe quel matériel et le refondre pour imposer sa
vision du monde.
Scott
O'HARA
COMMENT
J'AI ATTRAPPE LE SIDA
ou
LES MEMOIRES D'UN GARCON TRAVAILLEUR
Que
chaque livraison du feuilleton à épisodes décrive, dans le détail
si j'y parviens une relation au cours de laquelle j'ai pu attraper le
sida, c'est le procédé. J'écrirais volontiers sur tes
circonstances susceptibles de vous le refiler, mais je présume que
les lecteurs de ce texte font tous partie du club des Gens Bien, et
l'ont déjà. Que je parvienne ou non à identifier cet épisode
initial (qui peut savoir?) est sans aucune conséquence, tant que je
distrairai lecteurs et éditeurs.
EPISODE
1 : HAWAI
Ma
période plage et sport de glisse. Comme je n'ai jamais appris à
surfer, ça peut sembler un peu prétentieux. Mais c'est un fait,
j'habitais à deux pâtés de maisons de la plage et je travaillais
comme garçon de bains dans un club proche du rivage. Bon, d'accord,
c'était un sauna. A Hawaï, on n'a guère de soucis matériels:
j'aurais pu (et parfois je ne m'en privai pas) dormir sur la plage et
vivre du sperme versé à Diamond Head. Sport de glisse décrivait
donc assez bien la réalité.
Le
vélo et la natation suffisaient à me maintenir en forme ; il
n'était pas nécessaire d'y ajouter le surf. Waïkiki est une bande
de littoral de moins de trois kilomètres, qui s'étend entre
Honolulu et Dianmond Head ; je fréquentais les deux, à bicyclette
le plus souvent. Il pleut bien un peu de temps à autre, mais quelle
importance, cinq minutes après, on est sec.
Je
ne me sentais pas trop repoussant. En forme, bronzé, tout juste
vingt-et-un an. Peut-être un petit peu trop sûr de moi. Foutrement
arrogant, pour dire la vérité. Joey survint. C'est toujours la même
histoire. Le serpent s'introduit au Paradis et aussitôt vous voilà
la queue en l'air. Il se peut que les serpents ne vous fassent pas
bander; moi si. Il venait du continent, de San-Francisco, avec son
amant qui n'avait jamais visité les îles. Avant d'en arriver aux
plaisanteries d'usage, je dois souligner que j’ai toujours été du
genre régulier ; jamais je n'aurais entrepris délibérément de
séduire un mec déjà en main. A moins qu'il n'ait été clair dès
le départ que le partenaire ne demandait que ça. Les deux à la
fois, c'était une autre affaire. Une de mes positions préférées.
Avec talent, je me mis à la tâche. En tant que guide. C'est ainsi
que les insulaires tentent en général de séduire les touristes
même si les efforts de séduction sont inutiles. En effet Joey
connaissait les lieux aussi bien que moi. Je les accompagnai taquiner
la vague à Makapuu, tout un long jour, j'observai leur corps prendre
une teinte rouge brique des plus alarmantes. Pas de séduction qui
tienne, ce soir-là. Le lendemain ils visitaient la côte Nord avec
des amis. Le surlendemain... je ne sais plus quel fut l'emplacement.
Ce n'est qu'à la veille de leur départ que je parvins à les
coincer au sauna pour une nuit de débauche.
Par
souci de clarté et pour rester politiquement correct, je qualifierai
cet épisode de « pré-HIV », « pre-SIDA »,
et même « anté-AZT ». On ne parlait que des promises
d'un « cancer gay ». Les saunas étaient un sanctuaire de
plaisir, pas une arène politique.
Qu'advint-il
cette nuit-là ? Vous le savez aussi bien que moi, ou alors
expliquez-moi comment vous êtes entrés en possession de ce
singulier virus. Cela se passait au cœur d'une période enfumée, un
an, deux au plus de glissade dans les drogues, et pour retracer les
détails avec exactitude, il faudrait que je consulte Joey et son
amant ; aucun des deux n'est plus disponible. Nous nous en
étions certainement donné à couilles rabattues, puisque nous avons
remis le couvert, plus tard, lors de mes deux visites en Ville. En
tout cas, si l'un de nous était infecté, les deux autres avaient eu
plus d'une opportunité d'en profiter.
Nous
étions donc étendus là, complètement lessivés, dans le
salon-vidéo (entre autres choses qui ont changé,
on pouvait se la donner devant la vidéo
sans se faire jeter en ce temps-là) quand Joey se retourna. Non,
fidèle à lui-même, il roula sur le coté
et se tourna vers moi,
déclarant avec une nuance admiration dans la voix: « Tu
pourrais bâtir une carrière sur ce truc ».
C'est
ce que je fis.
EPISODE
2: BONNY DOON
Vous
savez tous combien il est ardu de prévoir quel temps il fera de
l'autre côté de Twïn Peaks. Imaginez maintenant ce qu'il en est
des prévisions métro soixante-dix kilomètres plus bas sur la côte.
Impossible. Le mieux est d'attendre septembre, de s'y rendre en
voiture chaque matin, aux aurores, en espérant que le brouillard se
lèvera. Si ce n'est pas le cas, rentrez et recommencez le
lendemain. C'est ce qui passe quand on tourne un porno, parce que la
chair de poule n'est pas très excitante à l'écran. Toute érection
plongée dans le brouillard tend à se flétrir. De plus, une part
essentielle de l'illusion que nous tentons de véhiculer par le
cinéma et la vidéo -surtout dans un film intitulé California
Blue (Porno californien)- repose sur le fait qu'un
soleil radieux arrose en permanence la Californie. Pour ma toute
première incursion dans le demi-monde hollywoodien, il fallait que
je tombe sur un réalisateur amateur de nature, qui ne jurait que par
les tournages en véritables décors naturels. Oui, les résultats
furent spectaculaires, dignes d'un numéro spécial du National
Geographic ; maïs à quel prix? Quel
traumatisme! Quelle perte de sommeil! combien de voyages nous fîmes
jusqu'à la côte ? quelqu'un dans la noble assemblée se
risquera-l-il à proposer un chiffre ? Se lever chaque fois
avant l'aube, se doucher, se maquiller, sauter le petit déjeuner et
avaler soixante-dix kilomètres, pour rester trois bonnes heures à
se geler avant de rentrer chez soi. Il y a peu de choses aussi
déprimantes en ce monde que de rester assis sur une plage, à
attendre que le brouillard se lève. Non, on ne recommençait pas
tout les jours, nous nous serions révoltés. Mais l'ensemble demanda
tout de même un bon moi s; de loin le plus long tournage auquel j'ai
participé. D'ailleurs, ça se voit: les longueurs de cheveux (et
dans mon cas même la couleur) changent d'une scène à l'autre. Nous
avons bien sûr tablé sur le fait que l'esprit du spectateur est
concentré sur autre chose, et qu'il est trop occupé pour remarquer
pareils détails. Un mot encore pour ceux qui continuent à
entretenir des illusions romantiques quant au sexe à la plage; vous
ne connaissez pas la vie tant que vous n'avez pas baisé avec du
lubrifiant mêlé de sable. Même la branlette devient un acte
hautement masochiste. Vous vous souvenez de mon air extatique au
moment où j’atteins enfin l'orgasme ? Essayez de vous frotter
les couilles avec une feuille de papier de verre, je parie que vous
parviendrez à le reproduire sans peine.
A
force d'insister et la météo aidant, toutes les scènes furent
mises en boîte. Dans la plus remarquable des miennes, j'étais,
comment dire? discipliné par un fermier, un flic, et
un concombre. Le fermier et le flic retrouvèrent leur costume civil
après le tournage, seul le concombre resta en tenue. On m'avait
demanda d'aller l'acheter le matin même avant de partir, avec des
bottes d'épis de blé, au marché (il n'y a que dans Mission
qu'on trouve un marché installé à ces heures indues). Je l'avais
baptisé Dennis -je n'aime pas les coups anonymes- et ramené à la
maison après le travail. Dennis n'a pas pu matériellement me donner
le sida. Ce n'était certainement pas ce que la mère voulait dire
quand elle me répétait que les légumes verts étaient bons pour
moi, plutôt ce que Mrs. Browny nommait élégamment « les
primeurs de l'amour ».
Avertissement
: ceux d'entre vous qui cultiveraient semblable inclination doivent
se méfier des courgettes, ou bien les éplucher soigneusement au
préalable. Le léger pelage qui les recouvre peut sembler inoffensif
pour la peau, mais risque de se révéler vigoureusement abrasif
appliqué à des zones sensibles. La courgette, je pense, ne convient
qu'à la satisfaction orale. (Si quelqu'un connais une bonne recette,
hautement calorique, qu'il l'envoie sur le champs à Tante Marthe,
car j’ai un potager et grand besoin d'inspiration.
Je
la jouais sans risque avec le légume et préparai une salade de
concombre. Dennis était mort heureux.
EPISODE
3: LA BAVETTE
Le
lieu-dit La Bavette est synonyme pour la majorité des gens de
délabrement et de décrépitude. Pour ceux qui y vivent et y
travaillent, c'est un quartier comme tes autres -à peine s'y
montrent-ils un peu prudents la nuit. J'ai vécu là, travaillé là
pendant plusieurs années ; beaucoup de mes amis y habitaient aussi.
Ces souvenirs ont beau être indissolublement liés à La Bavette,
ils n'ont rien de miteux. Sans aucun doute ils figurent parti les
meilleurs.
Bob,
par exemple, ma première rencontre avec un véritable indigène du
quartier. Il étudiait le droit à Hastings, nous entretenions une
relation durable de baise et d'amitié ; amitié plus que de baise
puisqu'il était radicalement opposé à toute tentative de
pénétration. Il disait qu'il s'était fait prendre deux fois dans
sa vie, et qu'il n'en gardait que des souvenirs d'horreur; la
première fois, il sortait tout juste du placard, c'était les années
70, la seconde plus récemment, à l'initiative d'un partenaire qui
était aussitôt devenu son ex. Sa vie sexuelle toute entière
gravitait autour de la pipe. Comme de juste, sa technique orale était
extraordinaire. Ma queue en avait connu d'autres, mais pareil
déchaînement !.. De lui j'ai appris ce qu'était l'obsession.
Sans cet apprentissage je ne serais pas aujourd'hui dans la position
que j'occupe. J'aimerais qu'il soit encore là pour partager les
fruits de son enseignement.
Penser
à Bob me reporte à notre première rencontre- Voyons, jeunes gens,
combien d'entre vous se souviennent du balcon du Strand,
du temps où les mardis étaient consacrés au porno gay? Levez le
doigt pour répondre. Je n'y apparaissais pas chaque semaine sais
assez souvent tout de même pour que certains visages deviennent
familiers. C'est le seul mec que j’aie jamais ramené à la raison
-et encore fallut-il attendre la fin du fïlm. car il cultivait une
sorte de respect irrationnel pour tous les films, peut-être parce
qu'il avait pris part lui-même à un tournage, El
Paso wrecking Corp. Et à dire vrai, si j'avais eu
un rôle dans ce film-là, j'aurais peut-être un peu plus de respect
pour ce genre de cinéma. Malheureusement trop de mes vidéos m'ont
cantonné dans des rôles de Bavette. De bon chien. Manque de
jugement de ma part.
Le
nadir de la carrière -je ne devrais pas donner le titre, mais d'un
autre côte, je préfèrerais que personne ne loue cette vidéo- fut
Hung and Horny (Chaud et bien monté)
; non seulement le gars sur la jaquette porte un gode caché dans son
froc pour grossir son paquet, mais la plupart des éjaculations sont
truquées avec du lait- du lait bien froid tout droit sorti du frigo.
En plein sur la poitrine et l'estomac. En s'y reprenant à trois fois
pour varier les angles de prise de vue. Croyez-moi, chers amis, même
la notoriété ne console pas de ce type de violence.
Pour
finir sur une note plus réjouissante, -oh, emportez-moi bien loin
d'ici, au Savages où j'étais chez moi-. Peut-être ne
retrouve-t-on jamais sa patrie d'origine ; Savages me parait
le meilleur substitut. J'y ai lutté, je me suis branlé sur la
scène, j'y ai gagné un concours, je n'y suis fait des amis fidèles
dans les back-rooms. Même un endroit pareil -une poubelle, je vous
le concède- n'est pas dépourvu d'un certain esprit d'équipe, et
j'avoue m'y être beaucoup amusé avec mes confrères, gens de
spectacle. Sarge, qui me perça les seins à l'issue d'une
performance ; Francesco que je pompais dans sa toge (un placard
derrière la scène) en attendant mon entrée en piste. John qui fut
le flic du film où j'étais voyou ; et David, le timide, qui
m'attirait comme un aimant (les anneaux de mes seins n'étaient-ils
pas en acier ?). C'est que je suis resté, somme toute,
innocent, en dépit de mon passé; ainsi quand David retourna mon
sourire et accepta mon invitation à dîner, j'avais l'impression
d'agir comme un pantin maladroit, au point qu'il finit par me
demander : « personne n'a jamais été gentil avec toi
avant ? » Oh, sûr, des centaines, des milliers de gens
peut-être. « Personne que je respectais » fut ma
repense, et, trucage ou vérité, la meilleure partie de mon être
aspire encore à retrouver cette naïveté.
Je
vous avais promis une fin heureuses Affaire d'opinion: pour moi, c'en
est une.
EPISODE
4: LITLAND
D'aucuns
auront remarqué que les épisodes précédents
évitaient certaines précisions scabreuses touchant aux fondements
de la relation sexuelle. Bien vu, l'aveugle ! mais
j’ai
mes raisons. Je réussis à rendre correctement les situations, le
contexte, les éléments de suspense, les conflits, suffisemment
pour faire bander le lecteur moyen ; c'est la matière même de
l'érotisme.
Ce
qui me chavire, c'est de trouver l'équivalent des grognements et des
soupirs de l'acte sexuel. Je recours donc
en général au procédé du lecteur omniscient, je le flatte, je lui
confirme qu'il a déjà tout compris de ce qui se passe et qu'il est
inutile de lui bourrer le mou
avec des détails. Relisez Lady
Chatterley
; tout n'y est qu'allusions. Au surplus, le coefficient de bandaison
susceptible de provenir des mots est inversement proportionnel à la
fréquence
de leurs usage et s'appuie sur l'interdit -la répétition
les affaiblit et lasse le lecteur. Bon, j'avoue,
mon
usage des euphémismes ne vise pas à créer un climat d'érotisme
distingué ; les gros mots me mettent mal à l'aise. A l'écran, vous
m'entendez
grogner et gémir, couiner comme un porc acculé
lorsqu'on m'accule,
faire en général plus de bruit que deux éléphants mâles en rut,
mais
je ne prononce jamais le moindre mot.
Je deviens animal. Pour les rares occurrences
où je m'exprimerpar
des mots -scènes confondantes
de réticences- vous pouvez être sûrs que le réalisateur suivait
un script précis dont il
refusait obstinément
de démordre.
Les scénarios peuvent faire de bonnes vidées, sais seulement si les
acteurs sont à la hauteur.
L'avantage
de mon approche néandertalienne du sexe, c'est l'évidence du
plaisir que j'y prends. Certains de mes partenaires ne peuvent pas en
dire autant. Je ne les condamne pas (je fustige plutôt les
réalisateur) ; mais si j'avais été aussi mal à l'aise que
certains sur un plateau, j'aurais abandonné dès le premier jour.
Vous voyez ? ceux qui s'égosillent à faire la conversation
mais ferment les yeux et rejettent la tête en arrière pour éviter
surtout de regarder leur partenaire, qui ont l'air de creuser un
puits, pas de baiser. Je vous parais vieux-jeu ? J'aime que les
mecs se fassent de l'effet. Les vrais truqueurs, ce sont les hétéros
purs et durs. Je comprends leur motivation: le Fric (les stars du
porno hétéro -les hommes du moins- touchent encore moins que les
homos). Quoi de plus enmerdant que de regarder un gars baiser sans
prendre son pied ? Sans amours soi t; mais sans plaisir, à quoi
bon? Je préfère le regarder tondre la pelouse.
Comble
de comique: c'est précisaient dans les scènes de « viol »
que la partie active a le plus de mal à soutenir l'érection. Je
trouve insupportable d'entendre l'agresseur avertir sa victime de ce
qu'il va lui faire, le lui répéter, alors que sa bite a la
consistance d'un spaghetti bouilli. Ahurissant encore : deux mecs
trouvent la voie et se lancent dans un soixante-neuf ravageur ;
aussitôt le réalisateur les arrête : « OK les gars, on
baise ! » Pourquoi ? Pourquoi ne laisse-t-il pas
tourner et ne permet-il pas aux acteurs d'aller au bout de la scène
? La seule chose à dire à une star du porno qui connaît son
métier, c'est : « Je me tape de ce que tu vas faire, pourvu
que tu prennes du bon temps ».
Malheureusement,
les Frères Calibres ne font pas de vidéos.
La
scène orale la plus longue que je connaisse, au jugé, se trouve
dans une vidéo intitulée Wild Oats (Folles Avoines).
Les gars se la donnent, vingt minutes d'affilée, comme deux
anacondas qui tenteraient de se gober l'un l'autre ; on remarque à
peine que c'est si long (la scène, bande de pervers lubriques) parce
que ce sont deux des mecs les plus inspirés que vous ayez eu le
privilège de mater. Queues de béton. Je doute que le cameraman ait
fait la moindre coupe. La scène exige qu'une éjaculation vienne la
couronner, là, tout de suite, rien à faire, il faut niquer. Alors
ils changent de position, comme on leur dit de faire, et pendant
quinze minutes supplémentaires, ils s'évertuent à obtenir une
intromission molasonne. Je n'espère pas que nos pornographes se
révèlent des Eisensteins; mais gâcher une scène aussi parfaite,
c'est tout simplement criminel.
Les
raisins sont trop verts ? Je crache dans la soupe parce que je me
suis commis dans trop de navets ? En partie. Oui, c'est douloureux de
me regarder faire tout ça. Mais je continue à m'émerveiller que
les scènes dans lesquelles je me fais enculer soient parmi les plus
chaudes que j'ai tournées. Ma carrière aurait pu être très
diffluente -plus longue, plus courte ? si je n'avai pas été
étiqueté comme essentiellement actif.
Mon
message aux réalisateurs est le suivant : en tant que public, je
préfère les vidéos qui relancent mon imagination à celles qui
tentent de la remplacer.
EPISODE
5 : AVRIL
Avril,
m'a-t-on appris, n'est pas une dénomination géographique, à moins
qu'on vive à Amsterdam. C'est aussi pour moi un état émotionnel.
L'équivalent d'au revoir dans ma bouche est « On se verra en
avril » -traduction approximative de je meurs d'envie de t'en
remettre un coup- ce qui, je le conçois, agape les gens quand
j'emploie la formule en plein été. Quoi qu'il en soit elle
sous-entend pour moi un climat résolument torride.
En
avril, cette année-là, je tournai deux vidées en deux week-ends
consécutifs (eh oui, la plupart de vos vidées préférée furent
tournées en l'espace d'un week-end frénétique (ne me demandez pas
comment!) D'une manière ou d'une autre, je trouvai le moyen de
tomber amoureux. Les deux fois.
Pour
la première, c'était tout bon, nous étions distribués ensemble,
et je pense que je peux être fier à juste titre du feu artifice qui
en résulta. Je n'eus pas la même chance pour la seconde. Le
réalisateur exigeait que Michael et moi tournions sur des plateaux
séparés tout le week-end. Je j'imagine pas d'expérience plus
frustrante, mais il se peut que ç'ait été intentionnel.
Apparemment ce studio c'était spécialisé dans la représentation
de jeunes gens perpétuellement frustrés, qui n'en venaient à
baiser que par mesure d'hygiène. Dieu interdisait qu'aucun des
personnages du film pût tomber amoureux. Et peut-être une scène
entre Michael et moi aurait-elle fini à la corbeille en salie de
montage. Pas grave : j'avais pris son numéro de téléphone.
Il
me fallut un bon mois avant de me décider à descendre à Los
Angeles. Comme tout bon franciscain, j'avais tendance à éviter
cette ville, mais le désir vous fait parfois faire n'importe quoi.
Ce n'est qu'après (environ deux ans après) que je découvris que
Michael était lui-même à l'époque dans les transes du Grand
Amour; maïs cela ne nous empêcha pas de faire flamber le matelas.
Rien ne pouvait arrêter Michael. Ce week-end reste gravé dans la
mémoire, comme l'un des meilleurs. Et pourtant...
J'utilisais
régulièrement des préservatifs à l'époque
-même si nous n'en mettions pas dans les vidées, je le faisais dans
ma vie privée. Presque toujours. Je ne trouve aucune excuse valable,
mais pour une raison obscure, même Te fait d’évoquer
l'existence du préservatif devant Michael était impensable. Parler
de quelque aspect que ce soit de la vie sexuelle n'a jamais été
facile pour moi
(écrire est à peine plus aisé), d'habitude je m'en remets aux
actes. Après des années de rétrospection,
je pense que c'est une erreur; si je n'arrive pas à en parler, je ne
devrais pas le faire. La conséquence fut, à cette époque,
comme
pour toute la durée de notre liaison (qui se prolongea
sporadiquement deux ans encore), que Michael
demeura
l'unique partenaire de ma vie privée avec qui je persistais à avoir
des relations non protégées. Non pas que ç'ait
été pour nous deux d'aucune conséquence, mais si chacun doit
endosser une part de responsabilité dans l'extension de la
contamination, je n'ai pas le droit de me
voiler la face.
Mais
le temps n'est pas venu de passer aux aveux sous serment. Je ne veux
évoquer que les bons moments, qui furent nombreux. Mémorable entre
tous ce mois d'avril de l'année suivante, lorsque nous nous
retrouvâmes, moitié par hasards moitié par désespoir (ma moitié)
à San Diégo. Nous n'avions ni l'un ni l'autre d'endroit où aller;
on a zoné dans le coin sur sa moto, pour finir dans Balboa Park. Il
se gara et me conduisit, en contrebas d'un ravin, à une plate-forme
isolée de la route par un rideau d'arbres… etil sortit sa queue et
me permit de la sucer. L'endroit paraissait protégé; j'ai toujours
adoré faire l'amour dans la nature -c'est bien le plus naturel, non
?- et je n'eus pas l'ombre d'une hésitation. En me relevant pour
reprendre mon souffle, après son éjaculation, j'aperçus la
silhouette d'un garde de la police montée au sommet de la colline.
Autant pour moi et pour mon orgasme imminent. Soit il ne nous vit
pas, soit il n'était pas intéressé, mais son apparition ajouta un
élément puissamment dramatique et théâtral à la scène. C'est
cette scène-là, entre Michael et moi que la vidéo aurait dû fixer
pour l'éternité. Sauf qu'il aurait fallu se retirer pour jouir,
comme d'hab.
EPISODE
6 : GRANTS PASS
Cet
épisode ne colle pas à l'ensemble puisque j'ai quitté Grants Pass
en 79 et je n'y suis guère retourné depuis plus de deux jours
d'affilée. La question de déterminer s'il existe un seul cas
répertorié dans un rayon de soixante kilomètres est toujours à
débattre, même aujourd'hui. Entre autres choses Grants Pass est le
siège administratif du comté de Josephine qui fut, souvenez-vous
en, sous les feux de l'actualité, pour avoir soutenu la création
d'une zone anti-sida. Ça me fait vraiment chaud au cœur de songer
que je suis né là-bas. Si j'y vivais encore, j'y regarderais à
deux fois avant de me faire « répertorier ».
Mais
revenons à nos moutons: comment aurai-je bien pu me faire plomber
dans cette bonne vieille ville de Grants
Pass? En admettant qu'il soit possible de voyager dans le temps
-l'effet que me fait chaque séjour là-bas, mais
à rebours.
Réponse:
absolument impossible. Ou bien seulement dans une perspective plus
générale. C'est là-bas que j'ai appris tout ce qui m'est revenu en
pleine figure par la suite ; j'y ai contracté la plus grave des
maladies, le virus de l'Existence, qui peut-être regardé comme la
cause directe du sida. Entre 75 et 79, tout en s'assurant que la vie
était un banquet, on n'a appris à me comporter en poulet.
La
première occasion (c'est-à-dire la première que j'ai eu le courage
de saisir) se présenta en la personne de l'ami d'un ami de ma sœur,
qui participait à un tour cycliste dans la région et s'arrêta chez
nous un week-end. Je mis beaucoup de bonne volonté à le balader en
ville ; j'avais déjà un faible pour les mollets rebondis, et il
s'envoyait quotidiennement ses cent kilomètres. Miam. On m'avait
averti par avance qu'il était homo. Alléluia. Pendant vingt-quatre
heures, je ne le lâchai pas d'un pas, comme un petit chien, me
rendant aussi ostensiblement disponible que possible, avant de
craquer et de lui demander carrément ce qui n'allait pas et s'il me
trouvait si moche. Pourquoi n'avait-il pas essayé de me draguer ?
Je crois que je lui fis surtout peur (il faut dire que je n'avais que
quinze ans) mais il finit par coopérer... avant de s'enfuir à
toutes jambes au petit matin en direction de la frontière de l’État
de Californie.
Les
choses s'améliorèrent par la suite. Il m'a fallu cinq ans pour
comprendre quelle était la véritable ombre au tableau. Depuis l'âge
de dix ans je me branlais sur les catalogues de vente par
correspondance avant de tomber sur ce mec. J'avais lu et relu, inondé
de larmes et de sperme The Front Runner et The
Fancy Dancer (les seuls romans homosexuels disponibles dans une
petite ville à l'époque) ; pourtant, si nous nous étions faits
surprendre, aujourd'hui encore il serait derrière les barreaux. Un
de mes amis est en prison pour le même « crime ». Vous
acceptez ça ? moi pas. Comme je le racontais précédemment, je
suis retourné de temps en temps faire une visite à la famille. A
deux reprises, j'y ai même traîné son mec. Ils se sont montrés
gentils et polis avec lui en dépit d'une tension perceptible dans
l'atmosphère. Je ne reste donc jamais longtemps. Un soupçon de
conversation aimable ; déjeuner; départ. En général je réussis à
tenir ma langue. Si c'est difficile ? Je les soupçonne d'avoir
voté pour ce projet de zone anti-sida.
Mais
ils
font des progrès ; jamais ils n'en parleront ouvertement avec moi,
mais, tout récemment, son père m'a
envoyé une coupure de presse à propos d'un « docteur »
qui utilise des sons à haute-fréquence pour ébranler ce cher petit
virus et l'anéantir. La mort dans l'âme, j’ai
dû lui
avouer que j'avais
déjà mis
les pieds deux-trois fois en discothèque, et que ça ne marche pas.
(Je m'en voudrais de dévaloriser
les traitements expérimentaux, mais
mon
père a le chic
pour tomber systématiquement sur les plus aberrants.
Tel
père, tel fils ?) Je lui ai envoyé en réponse un article sur une
association qui expérimente des aéronefs et se réunit à Oshkosh,
Wisconsin, près de chez moi. Il me semble que ces concessions
-admettre que nous pouvons avoir des centres d’intérêt communs-
lui ont permis de reconsidérer le sida sous un angle nouveau. Idem
en ce qui me concerne.
Si
le projet était de nouveau présente aux électeurs, je crois que
maintenant ils voteraient contre.
EPISODE
7: BUENA VISTA
Pour
changer, un épisode au cours duquel je n'ai certainement pas pu
attraper le sida.
J'ai
rencontra Bob Chesley à la première de Jerker (Branleur)
à Los Angeles. Je l'aï immédiatement respecté et admiré.
Quiconque est capable de produire une pièce aussi intensément
imaginative, et réussit à faire bander une salle entière pendant
quatre-vingt-dix minutes sans montrer la moindre bite, est un esprit
d'importance. Il était également impressionné par mes talents, ce
qui fait que nous nous sommes tout de suite entendus. Je le voyais
souvent, en public, chez lui ou chez moi (il habitait à deux rues de
mon appartement), ou au Haight ; nous prenions souvent part
aux mêmes spectacles. Je jouais encore au Campus, mes soirées
étaient chaotiques, mais je me débrouillais quand même pour
prendre un léger bain de culture.
Un
après-midi, il m'invita
-qui a mis
les pieds chez lui se souvient forçément
de la splendide vue aérienne
sur Buena Vista
Park-
pour faire des photos... En collants, bien sûr, support majeur de
son fétichisme. Ce
fut un grand moment, et les photos, quand il me les montra,
étaient époustouflantes. Quoique je possédasse depuis longtemps
des collants, je n'avais jamais exploré
les possibilités inhérentes
à leur matière, ni constaté que ça m'allait
si bien. Recherches fouaillée
!
A l'issue
des prises de vue, tandis que
nous nous relaxions en prenant le café,
nous avons exploré
les profondeurs de sa fascination pour cette image et, plus
précisaient, pour les personnages de dessin animé
portant ce costume. J'ai
été élevé sans télévision ; deviner l'effet qu'un super-héros
en collant moulant
peut faire à un garçon gay de six ou sept ans relève pour moi
de la spéculation intellectuelle (Même
si je me souviens avec émotion d'un numéro du Surfer d'Argent en
B.D.,
quand j'avais dix ans : l'excitation
était là, bien sûr, sais mêlée
d'une déception engendrée
par
l'impression qu'il était castré.)
Bob
m'en fit un tableau d'une précision troublante. Son don se
manifesta, créer un monde à partir d'une démangeaison fugace, et
parvenir à le transplanter ; tout construit, au cœur
de la libido de l'auditeur. Quand il m'exhiba son costume de Superman
taillé sur mesure, j'étais chaud. Dans une bouffée de désir
compulsif, je lui demandai s'il consentait à
me le prêter quelques jours. Il accepta.
Je
filai, et l'essayai dès mon retour chez moi, prenant des poses
devant le miroir, m'exerçant à me branler, dedans, dehors...
aussitôt envahi par le besoin impérieux de l'appeler pour lui dire
comme c'était bon . Le sexe au téléphone n'est pas ion truc.
Mais alors pas du tout. Le téléphone me rend nerveux ; parler de
sexe en termes précis m'embarrasse. Mais avec Bob, tout devenait
possible : il avait inventé le genre à la scène. Notre trip fut
court et bouleversant : nous avons joui tous les deux. Je lui ai dit
de me rejoindre au Campus, le lendemain, pour le show
de 22 heures. Oui, je l'aï fait. Entrée en scène en Clark Kent sur
une bande-son du thème du film, suivie d'un cri de détresse. Clark
Kent inspecte les environs, trouve une cabine téléphonique, arrache
son costume et sa cravate... et le reste suit. L'audience goba. Le
public a toujours préféré les performances assimilables à un
exercice artistique au simple strip-tease avec branlette. Je fus
surpris de trouver tant de plaisir à me masturber dans ce collant
étroit. Seule la direction souleva des objections. Peu sévères,
j'avais carte blanche ; mais ils attendaient des acteurs qu'ils
fassent du nu intégrai. Sans exception. D'accord, on n'allait pas en
faire un fromage, j'avais pris mon pied de toute façon. Je soutiens
que ce fut une de mes meilleures apparitions. Bob y fut sensible :
deux mois plus tard, il m'offrit le manuscrit de sa nouvelle pièce
-voilà- dans laquelle un certain Skip faisait un numéro très
proche du mien. La pièce s’appelait Come
Again (N'arrête pas de venir), et,
de fait, aucun théâtre respectable n'acceptera de la monter.
Bon,
pas de sexe à risque dans cet épisode. Pas de tractations louches
dans les coulisses d'Hollywood. Quelques photos érotiques propres ;
un coup de fil sale ; une branlette en collant. Une expérience
littéraire du tonnerre (impossible à produire). Mes plus chers
souvenirs. Merci, Robert.
EPISODE
8 : SILVERLAKE
Mais
j'ai dérivé très loin de mon
sujet. Le lien prétendu
entre ces histoires disparates étant
de déterminer comment
j'ai attrapé le sida.
Vous pensiez que je l'oubliais ?l'exigence
secondaire étant
l'exhortation de l'éditeur à veiller à ce
que ça reste chaud. On veut savoir ce
qui se trame sur un plateau. Alors je vais vous livrer mon souvenir
le plus épicé
:
Oversïzed
Load (Plein, à ras bord).
C'est
un peu difficile d'en parler légèrement, car la plupart des
protagonistes sont encore vivants et je ne voudrais blesser personne.
Trois au moins ne protesteront pas: un technicien, avec qui je ne
parvins pas, hélas, à lier suffisamment connaissance, et deux
acteurs qui furent mes partenaires (mais
pas à
l'écran) sont morts. Les autres, j’ai
toutes les raisons de croire qu'ils sont en bonne santé. Toute
mention de qui que ce soit dans ces pages n'autorise personne à en
inférer quelque indication que ce
soit concernant l’état
de santé de tel ou tel, etc. Cette précaution
prise...
Rumeurs
d'alcôves mises à part, je n’ai eu qu'une fois dans toute ma
carrière, à passer par le lit du du producteur/ réalisateur avant
(en l'espèce, après) un casting. Et j'aurais mauvaise grâce à me
plaindre puisque je me serais roulé par terre dans la boue pour le
tenir cinq minutes en privé. J'étais aïeux que consentant -et
décrocher le rôle ou non du fait de ma bonne volonté n'était même
pas en cause. Ce fut un bon coup, comme il se doit de la part d'un
réalisateur d'expérience, inventif et mémorable. J'avais eu droit
à un enculage royal qui me mettait en appétit pour le week-end à
venir. C'était voulu: laisser ses acteurs sur leur faim, pantelant
pour en avoir plus. Et ça marchai. Je brillais: tout au long des
deux journées de tournage, balancé de partenaire en partenaire, je
ne cessais pas de me répéter : « bon mec, quand est-ce qu'on
s'y remet tous les deux ? » Çà marchait bien. La flamme
de mon désir était attisée (mais pas éteinte) par chaque nouvelle
rencontre. Quand je regarde cette vidéo, je n'en reviens toujours
pas, et je bande comme un fou. Dans la première scène, je me fais
prendre, et l'on voit combien je deviens bruyant et encombrent quand
je suis complètement retourné. Ensuite, petite gâterie solitaire à
ma queue. Puis une des scènes les plus naturelles que j'ai vues,
quasiment un plan-séquence, sans arrêt. Nous sommes tous les deux à
fond dans s'affaire. Amoureux, non ; déchaînés simplement. Je ne
l'ai jamais revu.
La
scène 2 était plus élaborée. Enculage debout ce qui n'est jamais
une position confortable, et, c'est vrai, je me montre rarement un
baiseur inspiré. Il serait mensonger de prétendre que mon
partenaire n'était pas une splendeur; en des circonstances plus
propices, nous aurions pris feu spontanément. Et nous avons façonné
une scène à la hauteur -1a version éditée est très chaude- mais
ce n'était pas ce morceau d'anthologie sur lequel on bâtit les
légende. Ce qui nous mène à la scène finale, sommet de
frustration. J'ai ce goût exclusif, vous savez pour le type latin,
velu, non circoncis. Pourquoi suis-je toujours apparié à des
blonds ? Erreur fatale ! Nous formions un trio dans les
douches, moi et deux italiens, ou brésilien, ou français du midi,
est-ce que je sais ? et le scénario m'oblige à rester près du
lavabo et à m'astiquer pendant qu'ils baisent. Je ne les vois que
dans un miroir. Avoir les boules, c'est ça l'expression justes ?
Il me semble qu'on le voit à l'écran. Que je meure d'envie de les
rejoindre et de participer, mais que je n'ose pas, quelle qu'en soit
la raison. Conflit. Suspense. Le réalisateur est-il génial ?
Oui. Sade aussi était un génie.
Texte
édité par John Preston au sein de la compilation Flesh and the Word
2 paru aux éditions Plume (Penguin U.S.A.), 1993
Postface:
Le traducteur
s'emballe
Le
texte de ces Mémoires s'achève dans un étranglements comme une
route en cul-de-sac, sans feu d'artifice final. De plus, malgré une
fréquentation assidue des sex-shops, je n'ai jamais pu mettre la
main sur une copie d' Oversized Load .(il semble que les
vidéos pornographiques aient une durée de vie limitée et
disparaissent avec les distributeurs.) Le silence qui succède à la
dernière phrase du texte me parait si insupportable que je ne peux
m'enpêcher d'essayer de le combler. A la décharge de l'auteur des
Mémoires d'un Garçon travailleur , il
faut remarquer qu'il réussit avec brio à transmettre au lecteur le
sentiment de frustration qui traverse son texte, tour machiavélique
des plus appropriés à l'instant où l'ensemble se place
rétrospectivement sous le patronnage de Sade.
Qu'est-il
arrivé à Baby Scott ? Cette question, que je me suis posée
depuis cinq ans, au point d'y consacrer tout un livre, ne trouve ici
qu'une réponse très partielle. Si le hasard avait voulu que je
tombe sur ces livres plus tôt, je me serais épargné la peine de
tenter d'y chercher une réponse. Plutôt qu'un clin d’œil
ironique destiné à me renvoyer à l'inutilité d'écrire, je prends
comme une récompense le fait que ces pages soient arrivées, trop
tard, jusqu'à moi. Plus qu'un plaisir, je me suis fait un devoir de
les traduire.
Quelques
précisions ultimes à l'intention des aveugles
et des ignorants : mises bout à bout, les images de la carrière
enregistrée de Scott
O'Hara n'excèdent pas une douzaine d'heures, un peu plus que James
Dean, un peu moins que Marylin Monroe,
et ce n'est même pas de la pellicule cinéma (à exception d'un
petit film super 8 qui même Dave Kinnick
semble ignorer, où Scott
apparaît en casquette de cuir et bottes de motard, les dents
cassées,,
un peu plus jeune, un peu plus gras que dans ses performances
ultérieures). Souvent mal
utilisé,
distribué à contre-emploi,
très éloiigné
des standards américains
de la beauté ordinaire, il a su faire de ses imperfections ses
atouts majeurs : sa
spontanéité, sa sincérité convulsive, le plaisir évident qu'il
prend à son travail . Il incarne la meilleure part de l'homme,
l'institut,
le naturel, la pure animalité,
le dépouillement, la nudité, le dénuement. Le savoir toujours
vivant, aussi caustique et drôle qu'il fut brillant à l'écran, me
rend ce monde plus supportable. Scout O'Hara est mon
image du Messie. Il ouvre la porte d'un univers où tout est sexe,
l'humain, l'objet, l'animal,
tout le vivant devient une immense matrice que l'homme a pour mission
de faire jouir, une vision
extatique du monde qui n'est pas sans rappeler certaines conceptions
des mystiques orientales- je
suis heureux de le découvrir, en écrit, conforme jusqu'au détail à
ce qu'il donnait à deviner par ses actes, un petit dieu du feu
rigolard et mutin, mu
par le plaisir celui qu'on donne identique à celui qu'on reçoit. En
déformant le
mot de Goethe,
on pourrait dire qu'avec Scott,
« ce qui vient du cul retourne au cœur ».
J'exagère
son importances ? Je le vois avec des yeux énamourés ?
Tout est affaire de réfection et l'image n'existe que dans les yeux
du spectateur. Parodiant Pirandello, Scott le dit lui-même: « Je
suis celui que vous voulez que je sois ». A celle, radieuse, de
ses vingt ans, se superpose aujourd'hui l'image voltairienne d'un
candide devenu sage qui a appris que le honneur consistait à
cultiver son jardin. Dieu fasse (ce serait une preuve enfin de son
existence) qu'il cultive longtemps encore les fleurs et les fruits de
ses vergers imaginaires.
Dieu
n'a pas fait le boulot, moins de deux ans après la
rédaction de ces pages Scott est décédé le 18 février 1998, à
l'âge de 36 ans à San-Francisco.
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