mercredi 24 mai 2017

La Transmigration d'Alcide II

             Livre II: L'Argo








        Des vaux de Lampeia nous revenions à peine
Portant le sanglier d’Erymanthe entravé ;
Nous l’avions déposé sous les murs de Mycènes
Devant le peuple en liesse qu’il avait bravé.

Sans avoir demandé l’avis de notre maître,
Nous avons foncé droit sur la foi des ragots
Afin de n’être pas les derniers à paraître
Devant Iolchos où était amarré l’Argo.

Hylas dressa la tente aux abords de la plage
D’où l’on avait la vue sur les navigateurs
Et demanda lequel parmi cet équipage
Deviendrait de mon char le prochain conducteur.

« Pourquoi blesser mes yeux lorsque tu m’accompagnes,
Alors que ta splendeur m’a déjà aveuglé :
C’est dans mon cœur plutôt que la jalousie gagne,
A les deviner tous par ton charme épinglés.

Lequel voudra pincer les brunes aréoles
De tes durs mamelons imberbes et gonflés,
Sur tes blés blondissant les divins fils d’Eole,
Mieux que dans la grand-voile essaieront de souffler.

Car pour moi presque tous ont déjà passé l’âge
D’apprendre à mes côtés les règles du combat,
Tel le fils de Pélias, d’autres portent pelage
De taureau, qui les vêt du haut jusques en bas.»

A ces mots les bouviers apportèrent les bêtes
Dont les cuisses levées par nos efforts conjoints
Devaient brûler jusqu’à consumation complète
Sur les autels dressés dans l’odeur du benjoin.

Le banquet commença et dans la douce ivresse
Du vin répandu sur nos barbes et les flots
Jason réclama qu’on me désigne en vitesse
Comme le commandant de notre commando.

Je lui fis alors nous raconter son histoire
Comment devant le roi qui l’avait reconnu
Il forgea la mission d’aller chercher la gloire
Pour s’être présenté à la cour un pied nu ;

Et que si nous avions complaisant à l’oracle
Accouru de si loin contre toute raison,
Nous devions sous sa loi concourir au miracle
D’ôter à l’insomniaque dragon sa toison.

Idas le coléreux grisé par les mixtures
Pesta contre les dieux et les mauvais devins
Promettant de tancer tous les tristes augures
Qui doutaient du pouvoir de son pilum divin.

A l’improviste ainsi le désir vient en aide
Aux jeunes gens surpris à vouloir le guérir
Il faut des tentations partager le remède
Et se joindre à leurs jeux, muet, pour s’aguerrir.

Ignorant en riant tout relief de décence,
Nous l’avons bâillonné et sur le galetas
Fait cracher son venin le branlant en cadence,
Puis, son courroux cessant, enfin Orphée chanta :

Effleurant d’une main ses cordes de cithare
Orphée conta comment ciel et mer mélangés,
De leur lutte primaire endurcissant les tares,
Etaient sorties des mains des Titans étrangers,

Comment le Temps naquit et la déesse mère
Par leur fils innocent furent précipités
Dans le gouffre béant que leur rage guerrière
Ordonna de creuser aux Géants dépités.

Il dit l’agglomérat immobile des astres
Les fleuves et les monts reflétés par le ciel,
L’erreur de Prométhée et l’imminent désastre
De ma naissance dans son œuvre artificiel ;

Comment on me coucha au flanc de la déesse
Pour que je boive au lait de l’immortalité,
Comment je l’éveillai mordant avec hardiesse
Son sein gonflé offert à mon avidité.

Comment renonçant au terrible bénéfice
De vivre à tout jamais dans l’Olympe brillant
Du flot qui échappa à ma bouche complice
Naquit la voie lactée aux astres flamboyant.

-Je dirai quelque jour la vérité complète
Sur l’incident qui fit dans l’univers vidé
Surgir la galaxie qu’attribue le poète
Au biberon versé par ce téton ridé-.

Il chanta la mission qui sur la terre aride
M’obligea de poser des bornes dans l’éther
Et de mes opposants fabriquer les hybrides
Constellations qui sont le toit de l’univers.

C’est ainsi que charmés nous quittâmes la côte,
Tirant au sort le poste à chacun réservé,
Fiers de porter le nom respecté d’Argonautes
Qui longtemps après nous ferait encor rêver.
……...


Si nous étions flattés qu’on nous ait par avance,
Ancée et moi fixés sur le même aviron,
Le bateau goutait moins l’absurde préséance
Qui menaçait de le faire tourner en rond.

Cet omniscient vaisseau pouvait, devin lui-même,
Pour mieux nous diriger faire sonner sa voix,
Dans les planches sacrées de son fut monorème,
Ce qu’il nous disait n’était pas toujours courtois.

Avant que de subir d’ironiques reproches,
Il valait mieux régler cette affaire entre nous
Et je dis à Ancée ; « nous sommes par trop proches
Et nous pouvons à peine écarter les genoux.

Nous sommes les plus forts, il faut qu’un de nous cède
Et tu as top vécu pour être un apprenti ;
Je ne t’apprendrais rien, ça, je te le concède,
Ceux qui t’accompagnaient t’ont connu tout petit.

Tu portes le manteau d’une ourse de Mélane,
Et moi la peau des trois lions que j’ai dépecés,
Tu serais arrivé en chevauchant un âne
Que je n’en aurais pas été plus étonné.

Je n’ai qu’un arc et tu portes la double hache,
Qui, mieux pourvu, a droit aux marques de respect ?
Lequel en s’humiliant se montrera plus lâche,
Et qui fait le plus peur par son terrible aspect ? »

-Ah, si je possédais juste un tiers de ta force,
J’aurais peut-être aussi ces propos de défi,
Sur la mer il se peut que mes pouvoirs se corsent,
Mais au ciel j’ai bien moins d’alliés que tu t’en fis.

Je me jette à tes pieds ô Maître du zodiaque,
Si tu n’as accompli qu’à demi tes travaux
Je ne suis pas doué pour les excès orgiaques,
Au galop je ne sais pas mener mes chevaux.

Ancée tombe à genoux dans le petit espace
Où nous avons rangé nos bagages vitaux
Et le regard fixé entre mes cuisses masse
De ses doigts écartés son braquemard courtaud.

« Héros, Soleil vivant, qui sur les flots surnage,
Je ne sais pas comment dire ce qui m’étreint
Ignorant tous les moyens de te rendre hommage,
Libre je veux te plaire avant d’être contraint :

Vois c’est pour t’honorer devant tous sans vergogne
Que je branle, regard bas, mon sexe mesquin
C’est pour te contenter que s’agite ma pogne
Et répands sur tes pieds mon jus en jets taquins.

Tu n’en veux pas, c’est mon offrande, je la lèche
Accorde-moi la faveur d’être le premier
A goûter au tonneau plutôt qu’être la pèche
En deux moitiés fendue comme un cœur de ramier.

Car en toi tout est grand de l’orteil à la plante
Tout respire l’athlète et ta sueur sent bon
Quand ma langue polit sous ma liqueur collante
Le marbre qui me plie dans un tel abandon ».

Je me penche vers lui caressant sa crinière
Et glisse à son oreille en murmurant son nom
« J’accepte ce péan à ma vigueur guerrière
Et t’adjoints au troupeau de mes fiers étalons. »

Serrant alors sa tête entre mes fortes cuisses
Sur sa nuque ployée je pose mon mastard
Et le baptise avec de longs filets de pisse
Qui coulent sur son dos comme l’huile du nard.

Puis je le relevais pour l’asseoir à ma gauche
Pour mieux équilibrer par de plus jeunes bras
L’énergie des rameurs et la grande débauche
De forts coups d’avirons délivrés à tout va.

J’appelais en sifflant entre mes doigts humides
Encor gluant du mélange de nos humeurs
Les deux oncles d’Ancée pour qu’ils servent de guide
Au plus handicapé de nos jeunes rameurs.

Palaimonios tanguait dans leur bras mal à l’aise
De la ceinture au cou il était bien joli
Lorsqu’à ma droite ils déposèrent le balèze
Qui ne pouvait marcher dans l’incessant roulis.

Battant l’air maladroit de ses jambes infirmes
Il tentait de cacher son pied-bot d’estropié
« Allons, fils de Vulcain lui rétorquai-je, affirme
Le signe que le dieu dans ton corps s’est copié.

En pectoral de bronze il a forgé ton torse,
Et tes biceps d’airain témoignent du labeur
Chtonien, il t’a doté avec ses jambes torses
Le nez fort, et la bouche charnue du tombeur. »

Comme il se tortillait, gêné par ma franchise
En glissant sur le banc où nous étions assis,
Une esquille de bois pénétra par surprise
Dans son cul rebondi de gars mal dégrossi.

« Le plancher t’a mordu semble-t-il au derrière,
Qu’adviendra-t-il de moi, puisque même le bois
S’excite au seul contact de tes rondeurs arrières :
Mon écharde à tout coup te mettrait aux abois.

Je vais raboter de ma paume la surface,
Laisse sous toi ma main se poser en coussin,
L’autre, souple à ramer, suffit à l’efficace
Progression sur les flots calmes de ce bassin. »

L’index et le majeur ont pénétré ensemble
Dans l’antre broussailleux à la chaude toison
Et la queue du garçon entre ses cuisses tremble
Quand un troisième doigt lui écarte l’oignon.

Le renflement central de sa hampe nerveuse
S’épanouit mafflu comme un col de cobra,
Aubergine épatée, courgette monstrueuse,
Aussi large au milieu que l’est son avant-bras.

Un soupir avorté s’est coincé dans sa gorge
Comme le haut du gland essaye d’émerger
Du prépuce étranglé dont la base s’engorge
Cramoisi comme au feu l’anneau de fer forgé.

Trop étroite la peau ne contient pas la masse
Et son gland turgescent au méat comprimé
Larmoie dans un bonheur qui se lit en grimace
Sur sa bouche tordue en rictus déprimés.

« Palaimonios tu es pantelant à ma botte
Quand trois phalanges t’ont seulement pénétré
Et l’étroitesse empêche que tu décalottes,
Ce combat inégal se doit d’être arbitré ;

Sur mes doigts assemblés, comme une marionnette,
Danseras-tu longtemps par le milieu coupé
Ou bien du nœud captif dresseras-tu la tête
Sous les nez des voyeurs autour de nous groupés ?

Allons que sur l’autel on ranime les braises
Du guérisseur armé du caducée sacré,
Aiguisons le couteau pour que ce dieu apaise
En tranchant dans le vif le plaisir massacré.

Je ne quitterai pas ton fion où je m’enchâsse
Ne crains rien, profitant de ton phallus dressé
La pointe du poignard va délasser la nasse
Du verrou qui étrangle ton gland compressé.

Bande, et d’un trait hardi effilant ton prépuce
Le chirurgien dans ton phimosis tranchera
Tandis qu’un assistant servant d’infirmier suce
L’hémorragie du frein excisé du méat.

La lame à blanc en te scarifiant te libère,
Sans circoncire, à peine en te subincisant,
Elargissant ce trou dont tu n’avais que faire
D’où le foutre jaillit en tourbillons cuisants.

Je te veux fils du dieu qui forge les cuirasses
Mon cul toujours frustré lorgne sur ton moignon,
De ton pied atrophié j’attends que face à face
Tu me dresses à jouir de mon troufignon.

Car tu possèdes seul cet unique appendice
Qu’avant de te connaître on ne peut concevoir
Le désir de goûter de ton pal les sévices
Me fait mouiller du cul pour mieux le recevoir.

Ta laideur dans mon coeur a ouvert les complices
Chemin du désir fou et je veux sans surseoir
Te posséder comme en ton cul vierge je glisse
Sous tes boules ma main fermée en suspensoir. »

Mais je ne peux tenir dans l’instant la promesse
Que l’aveugle désir me fit faire à tous vents
Les dieux ne veulent pas observer la prouesse
Et le vaisseau se cabre en chaos éprouvants.
………
Car séparant les eaux notre orgueilleux navire
Menace la suprématie des créateurs
Marins d’occasions nous avons suscité l’ire
De qui nous plaça sur ce radeau salvateur.

Unissant leurs efforts pour souffler en tempête
Du fond des océans les frères ennemis
Sous nos pieds comme sur nos défaillantes têtes
Rugissent en hurlant le fiel qu’ils ont vomi.

« Du Seigneur de la foudre apaisons la colère
Il n’est pas d’Atalante à bord de ce vaisseau :
Les femmes m’a-ton dit n’apportent que misère
Attirant le guignon sur le pont des bateaux.

Voici qu’au vent tournant la mer se lève en rage
Le dieu des océans contre moi crie haro
Car abordant en Crête autrefois à la nage,
J’ai contre son avis abusé son taureau.

Comme des fils des vents notre barque regorge
De rejetons du dieu portant trident de fer,
Le rapide Euphémon qui comme en un champ d’orge
Les pieds battus des flots sait courir sur la mer.

Le vaillant Erginos et l’autre Ancée son frère
De l’onde n’ont pas su apaiser les remous.
Et nos implorations envers nos divins pères,
N’ont pas eu d’autre effet qu’écorcher nos genoux.

Comme nous ne pouvons pas sacrifier de vierges
Pour nous épargnez l’ire des monstres marins,
Pauvres héros nous n’avons que nos propres cierges
Et nos sabres au clair pour tromper les destins.

Voici mon compagnon, mon élu, mon élève,
Hylas que j’ai chéri plus que mes fils perdus,
Pour que passe la nef à l’aplomb de ces grèves,
Je consens qu’au plus fort il soit ce soir vendu.

Combien de fois m’a-t-il, dans sa fière impatience,
Reproché de goûter les douceurs de sa voix
Sans le toucher jamais, répandant ma semence
A trop le contempler toujours sur mes cinq doigts.

Stoïque, faisant fi des pressantes suppliques
J’ai remis son initiation au lendemain
Je le livre aujourd’hui à la ferveur publique
Tel que je l’ai reçu, intact, entre vos mains. »
………………
Puisque tu fais l’objet du premier sacrifice
Je vais dire tout ce que tu ne verras pas,
Comment s’est dévêtu le célébrant novice,
Epiés par les marins qui lorgnaient ses appâts.

Aux trappes sur le pont où les voyeurs se poussent
Du coude, les héros détournant le regard,
Examinaient le cul des valets et des mousses
Qui salivaient déjà t’imaginant hagard.

Les yeux bandés, comme un soldat qu’on exécute,
On t’a couché au bord du filet du hamac,
Nu comme l’épousée que son mari culbute,
Les épaules liées par le moyen d’un sac.

Offert et renversé, cul plus haut que la tête,
On ne t’a pas chargé les pieds des lourds maillons
De la chaine, et sur ta poitrine qui halète
J’ai posé, au cas où tu crierais, le bâillon.

Car ce soir, c’est Jason, le maître qui s’y colle
L’orgueilleux veut montrer que son autorité,
Moins contestée que celle du maître d’école,
Trouve son vrai pouvoir dans sa rigidité.

Je devinais que sans égard pour ta jeunesse,
Sans frein, il forcerait son entrée en vainqueur,
Voulant paraître grand quand il n’est que faiblesse
Et qu’à souffrir, muet, tu mettrais tout ton cœur.

Son majeur humecté à entrouvert tes lèvres
Il l’a plongé tout droit à l’endroit redouté
Et ton souffle coupé a révélé la fièvre
Et le prix fort du don de ta virginité.

D’un geste il ordonna qu’on te ferme la bouche,
Il n’est pas poli de gémir sous le pilon
Il a dit « lui a-t-on nettoyé par la douche
D’huile tiède le fruit vert que nous enfilons ? »

Ton trou brille d’un rose éclat sous ses phalanges
Dont les cals crevassés t’écartent le bouton,
Il veut qu’aux voutes du palais rien ne dérange
Le don dans ton âtre de ses ardents charbons.

Son gland tel un bélier pénètre à sec la porte,
Comme pomme inversée le voilà enchâssé
Dans l’écrin palpitant qui éclate à la forte
Poussée de cet orteil géant, enfin chaussé.

De ses mains en étau qui étreignent ta taille
Il te tire vers lui comme on remplit un bas,
Tu n’es plus que la botte autour du pieu qui baille,
L’éponge au front sanglant du boxeur de combat.

Un rictus de douleur te déforme la lippe
Quand un cri ravalé te fait serrer les poings
Lorsqu’en se retirant il t’aspire les tripes
Lézardant le ciment de ton rectum disjoint.

Mais voici, bâtisseur, qu’à grands coups de truelle,
Il reconstruit la digue effondrée par ses soins,
Rebouche la tranchée creusée dans ta ruelle
De ce jet lacrymal de colle dont il t’oint.

Sois heureux, il te tue en même temps qu’il t’ouvre,
Il t’arrose d’un musc de corrosif santal,
Et tel le laboureur, bouc serré il te couvre
Du flot acide et cru de son lait séminal.

Tu n’es plus que l’agneau survivant au pillage
Dont l’offrande, comme au clair sillon le semis,
Récompense les dieux qui sont dans son lignage
De déposer en toi ce qu’ils lui ont transmis.

Du sperme des héros tu es le réceptacle,
Tant qu’il te défonça tu les as implorés,
Et nous de ta souffrance avons fait ce spectacle
Qui, en te couronnant, nous a tous décorés.


Telle Vénus naissant au sein de la coquille,
Le barrage que fait le bourrelet corail
De ton cul épaté sur le mat qui t’enquille
Dans le vide cosmique a dessiné des rails.

Tandis qu’à l’éruption les veines de tes aines
Se gonflent du reflux des fleuves affluents
L’improbable épectase jaillit en fontaine,
Et le jet se divise en arceaux retombants.

Il n’a laissé de toi sur la couche rustique
Qu’un paysage abstrait aux contours tremblotants
Et ce phare érigé qu’un spectateur astique
Signalant l’antre moite et béant qui l’attend.

« A qui le tour ai-je crié, marins d’eau douce ?
Qui veut jeter sa gourme en niquant mon amant ?
Vous regardiez fascinés rentrer à rebrousse-
Poil les crins de l’anneau d’où s’écoule l’onguent

Apaisant qui permet aux saillies maladroites
Des étalons fringants aux prépuces serrés
D’aller au but sans s’écorcher, en ligne droite,
Qui le limera plus longtemps sans décharger ?

De ce cul défoncé qui épouse la pose
Du lys sacrificiel aux pétales vibrants,
D’un doigt rêche qui veut faire jaillir la rose
Et la goutte qui suinte au fion de l’impétrant ?

C’est le ciel annulé qui s’épate dans l’angle
Obtus que dessinèrent tes cuissots massifs
Où l’arpenteur augmenta l’aire du triangle
Interrompant trop vite son vol relatif.

Philoctète, c’est toi le plus jeune du groupe
A tous montreras-tu que tu bandes plus dur,
Et que tu peux laisser gravé sur cette croupe
L’indubitable sceau de ton imprimatur ?

Ou faut-il demander au roi de Thessalie
Le respecté Péas ton noble géniteur
Le droit d’assister à ta première saillie ?
T’exhiber devant nous, tout nu, te fait-il peur ? »

« Il ne reculera pas devant cette tâche
C’est un grec, dit Péas, et Hylas par bonheur
A maintenant le cul plus large qu’une vache,
On s’y introduirait, même flasque, en douceur.

Mon fils laisse glisser la toge puérile
Et montre que tes couilles sont remplies de jus
Si tes poils n’ont poussé qu’en une maigre file,
Du nombril au pénis en un ruban ténu.

Quoique ce ne soit pas conforme à la coutume
Mais après tout, on est ici, entre soldats
Admettons qu’un plus vieux te taillera la plume
Qui permettra d’aller bien bandé au combat :

Méléagre est celui qui connait mieux l’usage
Après toi, Laocon son oncle maternel
A l’art de bien sucer l’a dressé avant l’âge,
Je l’ai testé, et sur ce point je suis formel ! »

Mes mains ont caressé la blonde chevelure
D’Hylas qui attendait toujours les yeux bandés,
Les cuisses écartées dans la même posture
Où son premier baiseur l’avait laissé tomber.

Je lui ai dit tout bas « voici venir la charge
Du puceau, laisse ouvert ton rectum dilaté
Tu peux crier, l’honneur est sauf, si dans le large
Couloir il ne sait pas s’introduire en beauté. »
                   « Ah », fait-il, quand le pieu du gamin l’encaldosse
« Ce n’est pas la grosseur qui fait souffrir le plus
Mais le frottement désordonné et féroce
Et la courbure de ce pénis de minus. »

Profitant du don de Méléagre, j’engage
Ma queue qui durcit dans son terrier de velours,
Jouissant des grimaces du décalottage
Du novice qui voudrait envoyer du lourd.

Les deux adolescents emplissent la chambrée
De leurs couinements en duo, et le dernier
Etouffé par ma queue dans sa gorge irritée
De grognements plus sourds, vient les accompagner.

Penché à la coursive, Péas nous observe
Je le vois dans un geste d’empereur blasé
Lever le pouce en murmurant : « Que cela serve
Qu’un même soir les ait tous les deux déniaisés. »
Par-dessus la rembarde il me tend une coupe
De graisse prélevée sur l’autel, sans émoi
Je trempe mon biscuit dans la visqueuse soupe ;
En geste, il signifie ce qu’il attend de moi.

Je refuse d’abord, mais inclinant la tête
Il me prie de m’exécuter sans plus surseoir,
Alors me plaçant dans le dos de Philoctète
Je déchire son cul d’un grand coup de boutoir.

Son hurlement ricoche au loin sur la mer d’huile
Et l’équipage pousse un hourra collectif
Tandis que je m’enfonce en empilant les tuiles,
Il s’évanouit dans un pleur intempestif.

« Un homme est né, dit Péas c’est trop d’honneur que dans le’
Entrepont le héros des héros l’initia
Ah qu’une main experte et dévouée me branle
Et te couvre le front de rameaux d’acacia ! »


……………
Voici qu’au soir venant, échappant au grand nombre
Jason, réfléchissant à son premier exploit
S’est retiré, discret, avec la mine sombre
Du chef qui porte seul le poids de son emploi.

« Au moment où la mer sous la barque s’affole
M’accorderas-tu quelques instants d’entretien,
O fils spolié d’Aison, fier descendant d’Eole ?
A tes soucis permets que je joigne les miens :

Au premier jour de ce voyage c’est mon rôle
De t’avertir, et mieux que n’ont fait les devins,
Que tu peux t’appuyer sur mes fortes épaules
Et qu’on n’a pas en vain sacrifié les bovins.

Mopsus qui doit mourir sur les côtes rebelles
Le sait tout comme moi de la bouche d’Héra,
A ta cause toujours je resterai fidèle
Et c’est toi le premier qui m’abandonneras.

Selon les devins tu ramèneras tes troupes
A bon port grâce à ces femmes qui t’aimeront,
Mais il y a bien loin des lèvres à la coupe
Et mon rôle est de te servir de chaperon.

Tu m’avais proposé d’être le capitaine
Des cinquante novices de l’expédition
Mais je n’ai pas voulu vous causer trop de peine
Ne pouvant pas mener au terme la fonction.

Dans le but d’affermir sur ce bel équipage
Sans accomplir d’exploits, ta jeune autorité,
D’Hylas je t’ai confié le vrai dépucelage
Craignant d’offrir plus qu’il ne pourrait supporter.

Toi qui ne l’aimais pas c’est sans délicatesse
Que tu as pourfendu le cul de mon amant,
Pour mon bélier tu as ouvert la forteresse
Où nul autre avant toi n’avait calé son gland.

Il est temps maintenant qu’à mon tour je t’adoube
Dans le secret, alors que toi, publiquement
Comme barque échouée au bassin de radoube,
Tu l’as, au su de tous, renfloué proprement.

Je te le dis tout net avant que tu protestes
Tu mettras ton orgueil à ravaler tes cris,
J’ai été moi aussi dans l’enfance du reste
Protégé de Chiron lorsque j’étais proscrit.

J’ai toujours dans ma chair la marque indélébile
Du sexe du centaure écartant mes boyaux
Lorsqu’il voulut m’apprendre à chanter à la file
Les hymnes qu’il dictait aux rejetons royaux.

C’est pour te couronner que je t’offre ce trône
Sachant que tu n’auras pas de mal à t’assoir
Sur cette autre massue dont je te fais l’aumône :
Mes abdominaux te serviront de pissoir.

Regarde fils de roi comme pour toi je bande,
Je ne te plierai pas à l’humiliant devoir
De saliver mon nœud, sauf si tu le demandes
De peur de t’écorcher à sec sur mon boutoir.

Au bord de mon méat le fluide déjà coule
Les ruisseaux du désir font reluire mon gland
Pour cette fleur plissée dont le cœur noir se moule
Sur mon sceptre massif ajustée telle un gant.

Descends donc en danseuse le long de ma tige
Ouvre ton bourrelet soyeux, brûlant, grenat,
Masse en roulant le doigt la niche où je dirige
Le pourtour de la mitre aux reliefs incarnats.

Là, d’un coup, le plus gros, tranchant comme la lame
N’arrêtera plus ta chute vers les tréfonds,
De tes yeux grands ouverts coule une lourde larme
Au flux qui tend mon nœud, en spasmes tu réponds :

Je vois mon gland cogner qui déforme ton ventre
L’animal prisonnier qui frappe à ton nombril,
Moi ce corps étranger qui dévore le centre
Du labyrinthe étroit où s’est perdu ton fil.

Enflant, enceint de moi, comme la peau de l’outre
Au lent déchirement que t’inflige le coin
De ta queue flasque sort, au lieu de jet de foutre,
L’urine répandue en longs colliers disjoints.

Pisse, soulage jusqu’à la dernière goutte,
Dans les poils de mon ventre je conserverai
L’odeur de la liqueur qui sort de ta biroute ;
C’est le prix du niqueur qui par force t’ouvrait.

Maintenant tu n’es plus que douleur sur ma pine
Tu commences le va et vient paradoxal
Tu remontes, soufflant, le flanc de la colline
Lentement le plaisir te submerge, brutal ;

Le frottement de braise où ton être converge
Ignorant, abruti, dolent, anesthésié
Peu à peu reconquis, fait redresser ta verge
Et tes yeux roulent, blancs dans l’orbite, extasiés.

La transe monte en toi je n’ai plus de contrôle,
Tu chevauches sans frein, emballé, au galop,
Et c’est toi le baiseur, qui, échangeant les rôles,
De mon arbre de mai fais tinter les grelots.

Profitant du roulis sous moi je te bascule,
L’un dans l’autre imbriqués nous dansons le tango,
D’un violent coup de rein que la tangage annule
Je te cloue et m’enfonce à tire-larigo.

Gémis, mon empafé, sous le joug qui te ronge
Murmure en expirant les mots inavoués,
Voici qu’à moi noué enfin tu me prolonges
Qu’à travers nous le monde, trop plein, s’est troué.
……………….
          Après trois jours de mer poussés par les vents calmes
Apparaît une île que nous n’attendions pas
Un rivage ombragé de quelques rares palmes
Où nous envisageons de faire quelques pas.

C’est l’aride Lemnos où nous fîmes escale,
La stérile Lemnos dont les champs ravagés
N’ont ni vigne ni blé, et point d’animaux mâles,
Malgré les attraits qu’elle annonce partager.

Les femmes sur le port s’étaient pressées en hâte,
Portant tout le produit de leurs pauvres moissons,
Nous tendant des couronnes de fleurs et des jattes
Débordant de fruits verts, de lait et de poissons.

Cet accueil si festif me parut peu sincère,
La crainte se lisait dans tant de prévention,
Et le soulagement quand nous vînmes à terre
Désarmés et pleins des meilleures intentions.

A notre ambassadeur, Hypsipyle la reine
Promit de nous céder jusqu’au commandement
Si nous consentions à leur apporter notre aide
Pour repeupler leur île avec nos descendants.

Il n’en fallut pas plus pour que se précipite
L’équipage blasé par dix jours sans accroc,
Fatigué entre soi de se pomper la bite,
Passablement à cran de s’aiguiser les crocs ;

A notre messager on compta la salace
Fable que les maris avaient été chassés
Pour avoir préféré les captives de Thrace
Aux épouses qu’ils ne voulaient plus caresser.

L’expérience disait « méfie-toi de leur offre
C’est ainsi qu’on finit, en morceaux, découpé,
Balloté par les flots dans un fragile coffre
Quand on a bien servi par le désir dupé ».

A de trop beaux cadeaux accordant peu d’estime
Je restais avec quelques compagnons méfiants
Au pied de notre nef, craignant que quelque crime
Ne se déguisât sous ce marché gratifiant.

Et tandis que Jason alangui à la couche
D’Hypsipyle faisait l’œuvre de géniteur
Je satisfis du mieux les gaillards plus farouches
Qui m’avaient reconnu leur dévoué tuteur.

Dans la carrée du conducteur de la galère
Au feu des braséros où rougissait l’encens,
Au lit nuptial je t’ai couché mon adultère,
Hylas, par l’attente rendu incandescent.

Je t’ai donné au chef afin qu’il te débourre.
-Il a rompu la bague et fait fi du serment
Acculant le gibier comme à la chasse à courre
Il a laissé ses chiens calmer mes tremblements.

- Te souviens-tu de la douleur et de tes larmes ?
-Je n’ai de souvenir que du ravissement ;
Le bourreau satisfait pas plus que mes alarmes
N’ont survécu à mon évanouissement.

Te souviens-tu du feu consumant les offrandes ?
-Ni du nard répandu qui embauma l’autel,
Ni des pas cadencés rythmant la sarabande,
Mais des nues m’entrouvrant le ciel sacramentel ;

Dans la vision qui se mêlait à mon ivresse
Je te voyais sourire à l’avilissement
Et m’offrir à chacun sans remplir ta promesse,
Cette épreuve achevée d’être enfin mon amant.

Je me souviens du dieu nu nimbé de bobèches,
Du bleu soleil d’hiver incendiant ses cheveux,
De l’affût si tranchant des silex et des flèches,
Des liens à mes poignets pour m’extirper l’aveu.

Je songe à ces soldats répandus par la ville
Qui jettent leur semence en des lits d’occasion
Et qui n’ont pas connu la douleur inutile
Du pacte où me contraint ta future invasion.

Ce n’est pas moi, Hylas, si l’amour t’écartèle,
Au supplice tu es volontaire venu
Sur moi à reculons tu recherches la selle
Hurlant le bonheur de m’avoir appartenu.

-Montre-moi la trépidation de la machine
-Je vais grossir en m’insinuant plus profond :
Ton deuxième sphincter me comprime la pine,
Mon gland rugit comme une gueule de griffon.

-O queue de mon amant source de pur délice
Dont la corolle a l’envergure de l’oiseau,
Dont l’abricot séché comme un drapé se plisse
Ornant le capuchon de rides en réseau,

O queue de mon amant aux veines adventices
Irriguant une mitre taillée au cordeau
Dont le diamant taillé trouve la voie complice
Où lâcher en faisceaux l’arc de tes grandes eaux ;

Dans ma bouche d’en bas où fou furieux tu glisses
Le cône extravagant de ton gland en biseau,
Par surprise, en sursaut, nettoie de flots de pisse
Mon rectum plus étroit que ne sont mes naseaux.

Donne, toi le sondeur, à mon cul insatiable
La forme inspirée de cet astre sans flambeau,
Qui brûle sans tison, de l’œuvre interminable
De qui dans le vivant veut creuser des canaux.

Quand le réel ne peut labourer autant d’acres
L’esprit ouvre le corps à tout tronc qui l’étreint ;
Maître pénètre-moi avec ton simulacre
De maillons enchaînés tels les wagons d’un train.

Si je ne bande plus je suis toujours le mâle
Quand tu m’emplis, bourreur, et mon con masculin
Béant devant la clé qui verrouille la malle
Aspire ta vigueur en pompant ton venin.
………………
Mais tout entraînement voit au jour sa limite
Et je me dois à qui d’autre veut en tâter
Au banquet sous la tente commune j’invite
Ceux que mon récit peut porter à méditer.

« Puisque vous voici réunis sous ma férule
Tandis qu’on baise en ville à couillons rabattus,
Je vais compter pourquoi désormais je recule
Dès qu’il faut s’enfoncer dans les sentiers battus.

Sans doute on vous a raconté mes aventures
Alceste reconquise en combattant la mort
Ou Hésione livrée par son père en pâture
Au monstre et comme Augé engrossée par remords.

Si je compte des fils dans toutes les provinces
Et peut-être plus loin que ne porte l’écho,
Toujours errant, je suis le plus triste des princes
Et ma vie domestique est un complet fiasco.

Je n’ai jamais eu grand succès avec les femmes
Bien qu’ont m’ait plus qu’aucun autre sollicité ;
Mes amours féminines ont tourné au drame
Ou en farce grotesque et sans félicité.

A dix-huit ans j’étais comme un loup qu’on affame
Un chasseur solitaire avec son bric-à-brac,
Qui ne savait bander que son arc et la lame
De son couteau de poche exhibé tout à trac.

Comme on avait voulu m’apprendre la musique
Selon le bon usage à grands coups de soufflets,
J’avais délivré à mon précepteur inique
Des claques en retour à coups de tabouret.

Béotien, je n’étais qu’un plouc de la cambrouse,
On avait peur de moi dans les cours du palais,
Mon beau-père avait dit, « va ramasser les bouses,
Surveiller les agneaux et recueillir le lait ».

Sur le mont Cithéron où se trouvait la ferme
Où l’on élevait les troupeaux de beau-papa
Je m’entrainais aussi, quand je m’ennuyais ferme
A rugir, terrifiant les lions de la pampa.

Cette réputation de dompteur intrépide
Me valut l’attention d’un voisin affolé
De voir camper les fauves dans les prés arides
Où la peur de mes cris les avait exilés.

Le roi Thespios voulait me mener à la chasse,
Mais comme nous courrions de vallons en vallons,
Le prétexte du lion m’apparut un cocasse
Moyen de se doter d’un solide étalon.

Dès le premier festin je fus la coqueluche
De l’assemblée qui ne comptait qu’amateurs d’arts,
Les courtisans autour de moi, comme une ruche,
Voulaient tous me sculpter ou me peindre sans fard.

Bredouille revenu de la première course,
Je fus assis de force aux tables du banquet,
Les dames en riant me soupesaient les bourses
Et leurs maris ravis me flattaient le paquet.

On avait évité que je prenne une douche
Au retour des forêts, je sentais le cheval,
Aucun des invités ne se montra farouche,
On me voulait tout cru dans mon jus animal.

On me servait, je buvais à la régalade,
On défaillait quand je me grattais les roustons ;
De gibier fort et d’aphrodisiaques salades,
On me gavait comme le dernier des gloutons.

De lierre couronné, les pieds nus baignés d’ambre,
L’assemblée caressante en dansant me mena
En cortège choisi vers la plus belle chambre
Au bord du lit nuptial où tout se consomma.

Lorsque parut parée l’aînée des jeunes filles
Je frétillais déjà, la queue au garde-à vous
Et je n’attendis pas qu’elle se déshabille
Pour baiser, sans fixer de premier rendez-vous.

Comme elle défaillait, pâmée sur ma mentule,
Et le sexe écumant de mon sperme abondant
Elle dit « A cheval sur ta chaise curule
Mes sœurs veulent goûter au plaisir débondant ».

Une, puis deux, puis trois ainsi se succédèrent,
Sollicitant que j’éjacule en continu
Aux vulves élargies par l’ardeur adultère
Des archers que papa leur avait livrés nus.

Car malgré les efforts de la garde royale
Nulle n’avait encor pu donner d’héritier,
En vain Thespios offrait leur candeur virginale
A l’élite choisie de ses soldats entiers.

La fatigue me prit quand vint le tour des vierges
Qu’il fallut tout de go leur déchirer l’hymen ;
Leurs sexes maquillés rallumèrent mon cierge,
Maculant les draps blancs de rouge cérumen.

Alors, l’esprit confus répétant l’exercice,
-Je faisais de mon mieux mon devoir sans plaisir-
J’en baisais cinq encore en contractant les cuisses,
Déposant ma semence au fond sans trop mollir.

Je remarquai pourtant à travers mon ivresse
Que le va et vient soulevait aussi le mur,
Or aucun courant d’air ne soufflait dans la pièce
Dont la cloison n’était pas élevée en dur.

La tenture bougeait en même temps qu’un râle
S’élevait au rythme de l’exploit successif
Et l’idée d’être vu renouvela la mâle
Rigidité du paf las mais compétitif.

Ne comptant plus je plongeais ma queue comme en daube,
Priant mon père aux cieux qu’il voulût derechef
Permettre que je tinsse raide jusqu’à l’aube
Sans qu’on pût éventer les astuces du chef.

L’urètre me cuisait mais, pareil à Pégase,
Faisant jaillir des fontaines sous son talon,
Ma source résurgente emplissait tous les vases,
Mon vit enflait comme piqué par un frelon.

Filles de Béotie chantez votre allégresse,
Je vous laboure avec mon sexe de taureau,
Tout seul dans votre con je repeuple la Grèce
De lions, de sangliers et de piquants blaireaux.

Ainsi passa la nuit sans que je débandasse
Je me réjouissais d’être si bon acteur
Quand un coin du rideau me révéla la face
De l’ultime promise au flux reproducteur :

La face, pas vraiment, car des voiles informes
La couvraient de la tête aux pieds me dérobant
Son front érubescent devant mon sexe énorme
Et sa bouche tremblante à se voir le gobant :

« Tu as baisé mes sœurs avec l’ultime hargne
Du demi-dieu vainqueur des fauves des forêts
Que dirai-je à mon tour afin que tu m’épargnes ?
Je bénirai ton nom si tu dictais l’arrêt ;

Je serai la vestale attitrée de ton temple
Nul ne me touchera songeant que mon époux
Sans m’avoir déflorée à jamais me contemple
Telle l’Isis masquée par son manteau tabou. »

Avant que d’accéder à l’étrange requête
Je voulus soulever un coin de son foulard :
-Tu te moques de moi, sur ta lèvre fluette
Quel est ce gel poisseux qui te tient lieu de fard ?

« C’est que toute la nuit au trou de la tenture
Thespios a observé ton travail d’étalon,
A genoux devant lui pour que l’érection dure
J’ai avalé trois fois ses éjaculations. »

C’est son sperme qui ensemença ton visage
Dis-je arrachant sa jupe où dans le crin crépu
Je vis sur les bourses échappées au bandage
Un pénis épaté au prépuce lippu.

Ne comprenant plus rien à cette ultime embrouille
Je m’exclamai : pourquoi m’envoyer un garçon
Ton père veut-il que je t’arrache les couilles
Ou t’enseigne à monter sur le cheval d’arçon ?

-Il croit qu’un monstre odieux naîtra de notre étreinte
Qu’il régnera sans fin par lui dans la terreur
Sur les sept cités sur Thèbes et sur Corinthe !
-Qu’il vienne de lui-même à l’inséminateur !

Répondis-je en riant, je n’aurai pas du rire,
Le mur se souleva et le vieillard chenu
La toge relevée sur ses fesses de cire
A reculons tendit à mon vit son cul nu.

Sans accorder crédit à ses espoirs fantasques
Pour qu’il ne fut pas dit qu’à la civilité
Je dérogeais, j’enfilai cette chair trop flasque
En remerciement de son hospitalité :

Mais bientôt sous mes coups le vieux roi agonise
Fendu en deux : je me retire en débandant.
C’est ainsi qu’à Thespies j’eus ma première église
Et préparai le règne de mes descendants.
……………………
Sur notre vaisseau vous êtes en même nombre
Que les filles du roi Thespios que j’engrossai,
Tous ceux qui sont partis lâchant la proie pour l’ombre
Reviendront la queue basse et au col le lacet.

Mais je ne tiendrais pas la laisse après l’amante
S’ils ont pris le chemin de la facilité,
Il n’y aura pour eux ni douleur ni tourmente,
Qu’ils ne se risquent pas à me solliciter !

Que sert que nous soyons dans Lemnos la stérile
Les représentants des mâles reproducteurs
Jason peut engrosser cette reine Hypsipyle,
Qui envie le pouvoir des canaux adducteurs ?

Méprisant vos foyers voulez-vous vous commettre
Compagnons dans le lit de qui ne veut de vous
Qu’une giclée de sperme et fera de son maître
L’esclave promis à mourir au bord du trou ?

Toutes n’espèrent que l’avenir de l’espèce,
L’amour n’est pas enclos dans leur triste giron,
Aux hommes réservez la faveur de vos fesses,
La flèche de l’amour s’abstrait en leurs seins ronds.

Hors le puissant étau que manque-t-il aux filles ?
L’odeur de la sueur et la saveur des mots,
Un organe saillant qui se relève en vrille
Pour s’y accrocher comme à un porte-manteau.

Elles ont peu le goût de l’étroit vestibule,
A quoi bon pistonner pour remuer du flanc,
Transformées en glaçon sitôt qu’on les encule
Elles n’ont sur nos queues qu’un effet dégonflant.

Je suis venu pour stigmatiser la famille,
Ne reproduisez pas le règne du néant,
Séparez votre corps des matrices des filles,
Elles n’ont pas besoin de vous, vous, mécréants,

Vous ingrats repliés sur votre force intime,
Inutiles pivots d’un univers mort-né,
Et qui ne trouverez l’apaisement ultime
Que dans l’odieux reflet par les flots déformé :

Vous êtes laids, grossiers, à l’image du monde,
Laissez-leurs la beauté ; difformes, contrefaits,
Destinés à ne fourailler que dans l’immonde,
Vous êtes l’inutile armée des porte-faix.

De mon étreinte, indemne, nul ne se relève
Que celui qui me veut réfléchisse au brutal
Ecart qui au réel oppose le doux rêve,
Craignant de reculer devant l’instant fatal.

Celui qui devant moi étendu sur le ventre
A accepté d’ouvrir le cul à mon épieu,
Demeure bien certain qu’il faudra que j’y rentre
Sans essuyer les pleurs jaillissant de ses yeux.

Je n’épargnerai pas le sang de sa rosette
Ni ne préparerai les bains cicatrisants
Où il devra s’asseoir pour plusieurs jours, mazette !
Je n’ai pas pour panser dévouement suffisant.

Voulez-vous me défier à l’arc ou à la lutte,
Gagner la soumission en perdant le pompon,
Qui de vous assez fier pour que je le culbute
A l’appel de son nom sans trembler me répond ?

Il est dans d’autres jeux de plus dures pratiques
Et cette initiation où l’on vient consentant
Se doit de rajouter à la douleur physique
Le don inattendu d’un plaisir épatant.

Je ne vous offre rien, qu’un peu plus de vous-mêmes,
Ce combat où vaincu l’on sort pourtant vainqueur,
L’étroite voie pavée de honte et de blasphème
Les quatre fers en l’air, haut les culs et les cœurs !

Tandis que nous causons, la beauté prend la fuite,
O ces furtifs baisers, ces clins d’œil, jusqu’à quand ?
Des paroles d’accord ! mais des actes ensuite :
A trop traîner l’amour vient à lever le camp !

Dans la noble assemblée, certains qui me reluquent
Se demandent si c’est du lard ou du cochon ;
Pour esquiver on va me dire que je truque
Et fais l’âne en prêchant pour récolter du son.

Le nombre importe peu, devant vous, je m’engage
(Pour les absents commence le compte à rebours !)
Avant que nous mettions un terme à ce voyage,
A tous, sans exception, à vous faire l’amour.

De novice ou vieillard, je n’ai, je le confesse
Aucune prévention, chacun selon son dû !
Et ni vos cheveux blancs, ni le poils de vos fesses
Ne rendra cet arrêt caduc ou suspendu.

Qui brûlait autrefois des flammes de l’aurore
Parmi les feux du soir n’en est pas moins touchant,
Vos obliques rayons me consument encore
Et soleils vous restez quoique soleils couchants.
………………..
         La nuit est triste et bleue la nuit impitoyable
Sur le pont du navire où frappe le léno ;
Nous ramons assemblés centuples, innombrables,
Fondus en un seul corps dans l’aura des fanaux.

Pour que nos avirons épousant le navire
Nous portent vers l’avant ignorant les écueils
Devançant alizées et brises qui soupirent,
Nous hissons notre voile en forme de cercueil.

Les manches des outils moins larges que nos hampes
Dans la chambre de chauffe de nos assistants
Enflent à la lueur vacillante des lampes
Transformant leurs culs nus en lampions éclatants.

Admirez compagnons comme en coup de rame
Je fais voler la poupe au dessus des rouleaux
La nef comme un dauphin bondit de lame en lame,
Reléguant au loin ce golfe à l’étroit goulot.

D’un seul coup de pagaie je fais des kilomètres,
Campé de tout mon poids les pieds rivés au banc,
Dans le ciel nous volions tels des aigles en maître…
Puis l’aviron rompit me jetant en avant

Ils en riaient encor quand mon corps vint s’abattre
Au milieu du couloir où fuyaient les moins forts ;
Il s’en fallut de peu que j’en écrase quatre
Comme un boulet lancé sur les créneaux d’un fort.
………………
Pourquoi, joyeux acteurs du plus sinistre drame
Fallut-il, tous les vents s’étant soudain calmés,
Qu’à la bouche du fleuve Chios nous accostâmes :
Qui de notre sort fut par avance informé ?

Mysie je te déteste, ô sombre Bithynie,
Maudit sois-tu mont Arganthoneos, et vous,
Dans la source fatale nymphes réunies
Pour m’arracher le cœur et me mettre à genoux.

Tandis qu’on préparait un festin sur la rive,
J’avais dit à Hylas « Va t’en puiser de l’eau
Pendant qu’au fond des bois je taille des solives
Pour faire un aviron dans un sapin très haut.»

Mais je m’étais à peine saisi de ma hache
M’arc-boutant en lutteur contre le tronc du pin
Qu’au détour des fourrées surgit un cerf bravache
A l’épaisse ramure enrobée de satin.

Piqué au vif, Hylas s’élance à sa poursuite
Alors que je m’écrie « Hardi, sus au gibier :
Bientôt je ne vois plus s’agiter dans leur fuite
Les bosquets que j’abats pour nourrir mon foyer.

Comme je reprenais dans l’autre sens ma route
Voici que Polyphème en nage et effrayé
S’interpose et me dit : « je suis saisi d’un doute
Affreux, au fond des bois j’ai entendu crier.

C’était la voix d’Hylas hurlant à l’agonie,
Je l’ai seul entendu et le bruit m’intriguant
J’ai couru, mais plus rien, que la monotonie
Des sentiers forestiers sans l’ombre d’un brigand ! »

Nous enfonçant plus loin dans la touffeur profonde
Nous n’avons retrouvé que le vase d’airain
Abandonné au bord de la source dont l’onde
Sans rides désaltérait le grand cerf serein.

Nos courses en tous sens se sont révélées vaines
Nous avions beau hurler son prénom aux échos…
Du bois coupé nous fîmes un feu ; c’est à peine
Si la flamme parvint à réchauffer ma peau.

Combien de jours passés à courir la montagne,
Combien de nuits de veille à étriper les loups,
Combien de privations pour qui seul m’accompagne,
Et de torrents versés en sanglots à l’égout ?

Nos compagnons, lassé d’attendre ont levé l’ancre,
Pressés de filer droit par les enfants des vents,
Résignés ils ont fui en fendant les flots d’encre
Vers leur noble destin dérivant au levant.

Voila comment on m’a laissé sur le rivage,
Tout pleur versé le fut pour d’étranges raisons.
J’avais dépucelé le tiers de l’équipage
En sept jours ; cet exploit est sans comparaison.

On m’a privé d’emploi, ma charge vertueuse
S’achève dans les bras d’un amant d’occasion ;
Exténué par mes chasses infructueuses
Je voulus mettre un point final à ma mission.

Dans un sursaut d’orgueil j’ai dit à Polyphème :
« Tu aurais dû partir avec les vagabonds
O dernier compagnon, je te hais et je t’aime,
Et le gel fend le roc de mon cœur moribond.

Au milieu des forêts où les bêtes sauvages
Hurlent tout comme moi leur chagrin aux abois,
C’est injuste, sur toi je vais passer ma rage,
Noyer mon désespoir comme tout seul on boit.

Sans soucis de l’ivresse ou de délicatesse,
De l’amour je ne suis plus le héros courtois
Qu’un bourreur dans le viol atteignant l’allégresse
De voir que la douleur t’aura laissé pantois.

Sans te laisser le choix, sans que je te propose,
En forçant ton anus aux muscles resserrés,
De ton cul tuméfié je vais faire une rose
Dégouttante du sang de mes derniers baisers.

Tu te crois chaud et prêt pour la nuit d’épousailles
Sur le dos, pieds en l’air, et les membres figés,
Hébété par la faim qui déjà te tenaille
Ignorant tout du mal que je vais t’infliger.

La branche d’olivier dont j’arrache l’écorce
M’ouvrira le chemin qui te mène à l’enfer ;
A sec je vais te prendre et de toutes mes forces,
Dilater le conduit neuf, humide, et offert.

Que tu trembles déjà alors que rien n’agite
Ton intérieur où n’a pénétré que le vent,
T’évanouiras-tu quand j’y mettrai ma bite
D’un grand coup projetée comme un sabre vivant ?

Comme le pêcheur ferre le poisson rebelle
Sur l’hameçon tu ne te débattras qu’en vain,
Mon croc de boucher te pètera la rondelle
Et tu réclameras des drogues et du vin.

Les fauves et les loups sauront que je m’enfonce
A ce sursaut primal que la douleur répand,
Ils fuiront quand je te couronnerai de ronces
Effrayé par le cri dans ta gorge rampant. »

-Quel orgueilleux prétend résister au colosse ?
Je mourrai si tu prenais plaisir à m’étriper ;
Mort je voudrais encor pendre au bout de ta crosse
Tel un papillon dans ton herbier épinglé.

Arme-toi d’un tison pour m’épiler les cuisses
Si tu me veux semblable à ton agneau de lait,
Sans plus attendre comme en Hylas en moi glisse
Ta broche et rôtis-moi comme on fait d’un poulet.

J’attends et rien ne vient, je ne sens que tes pouces
Ouvrir en deux moitiés le kaki palpitant,
Enroulé contre toi c’est en vain que je pousse
Et rien ne vient remplir le vide en moi béant.

Je voulais me livrer consentant à l’offrande,
Danser sur le couteau à ton rythme obsédant
Mais au creux de mes reins je sens que tu débandes ;
Mon cou ne porte pas la marque de tes dents.

Sur mon corps inviolé tu as rendu les armes,
Tu m’as menti, mentor, tout en fanfaronnant,
Dans mon dos ne s’écoule qu’un long flot de larmes,
Contre moi tu t’endors tel un chat ronronnant. »

Le sommeil m’a surpris et ma chandelle morte
Toute la nuit a reposé contre son flanc
M’apportant le rêve troublant qui réconforte
Tandis que notre feu s’éteignait en ronflant.

Dans mon cœur délesté des douleurs de la veille
En songe j’ai prié sur l’autel de son corps,
L’orage était brûlant quand livrant ses merveilles
Le ciel fendu en deux me livra ses trésors :

« Père resteras-tu insensible à mes larmes
Alors que j’ai si peu abusé de ton nom,
En rêve mettras-tu un terme à mes alarmes
En m’envoyant un monstre arraché au limon ?

Quel centaure omniscient au galop dans la plaine
Me dira l’avenir, quel cyclope éborgné
Viendra me révéler dans le sommeil la chaîne
Des destins dont le sens m’a été épargné ? »

Aux lueurs incarnat des braises mal éteintes
Je vis dans les vapeurs de la source en bouillons
S’élever des nuées, formant comme une enceinte
Un char de blancs stratus attelé de grillons.

Tenant les rênes d’or de l’étrange attelage,
Nimbé de la lueur de la lune en son quart,
Hylas resplendissait couronné tel un mage
De fleurs de safran et de rouges nénuphars.

« Me voici remontant du tréfonds de la source
Où je siège en époux auprès de Dryopé,
De son palais humide à l’envers je vois l’Ourse
Tout le ciel au plafond liquide est découpé.

La Nymphe m’a cueilli comme fleur de Narcisse,
Tranchant ma tige au sol quand je buvais son eau,
Son désir m’a assis à la table propice
De l’éternel festin du dieu des matelots.

Elle m’a élevé au dessus de moi-même
En me noyant aux profondeurs de son palais,
Ne pleure pas, je suis jeune à jamais, je t’aime,
Et toi de la passion tu n’es plus le valet.

Car les dieux ont voulu faire cesser le crime
De nos amours incestueuses me rendant
A ceux de ma lignée, ces Dryopes victimes
Des exploits dont je fus le butin redondant.
Certains, mal embouchés, te prétendent mon père,
Je ne veux pas le croire et reste ton amant,
Tu as tant à prouver voyageant dans les sphères
Où tu délivreras les derniers des Titans.

Tu marcheras bientôt vers la prochaine ville,
Tu diras aux Mysiens de me chercher sans fin,
Dès le printemps venus ils partiront en file
En proférant mon nom répété aux confins.

Pour venger ma perte ils te confieront leurs princes,
Leurs galles s’émasculeront dans leur chagrin
De ne me trouver pas, et c’est armés de pinces
Qu’ils répandront leur sang sur leurs ballots de grains.

Polyphème à son tour puisera dans ta force,
Celle de fonder Chios où vous réunirez
En mémoire de moi cette élite retorse
D’enfants à leurs foyers pour leur bien retirés. »
……………
Au réveil je suis saoul, rond comme une barrique,
Des pires cauchemars gluant, puant et noir,
Mon visage est ridé et ma langue de brique
Exhale une pâteuse haleine d’urinoir.

Entre mes dents cariées mon souffle m’empoisonne,
Quatre membres raidis et le cinquième mou,
Au miroir de l’étang où le poisson foisonne,
Tout s’enfuit à ma vue dans de prestes remous.

A l’endroit où coulait la source entre les yeuses,
Mes pleurs ont englouti les rives en un lac
Et le reflux dansant renvoie l’image odieuse
Du vieillard impuissant qui a vidé son sac.

Massif, figé, usé, bourgeonnant en pagaille,
Mes cuisses et mes bras larges comme des troncs
Durant la longue nuit se sont couverts d’écailles
Et mes doigts on séché comme de bruns étrons.

Dans le reflet diffus où se dissout ma face,
Je vous vois, j’entends vos querelles et vos cris,
Sur l’Argo les refrains du Pontife de Thrace
Qui apaise vos cœurs par ses chants non écrits.

Au sein de l’Océan paternel, le zodiaque
Disperse qui m’a défendu ou confondu,
Le Soleil, le front ceint des étoiles opaques
Des Heures, fait briller le Jour qui vous est dû.

Il tire à l’Orient de son baudrier mes flèches
Comme Orphée de sa lyre un chant consensuel,
Et dans ce feu grégeois d’artifice en flammèches
En mémoire de nous redit ce rituel :
…………
« Toi qui es silencieux comme un ais de charpente
Aussi lubrifié que la serrure de l’huis,
Avant que le plaisir ne t’accorde tu chantes
Comme vibre la lyre aux vents chauds de la nuit.

Comme la peau tendue de Marsyas sur les piques,
Du trépied sur lequel Apollon le cloua,
Tu chantes la douleur et le désir cosmique
Dont le rut par le fondement, nu, te noua.

Chaque aller vocalise et tout retour répète
L’ardeur du bélier fou qui t’imposa sa loi,
Lui le piston au limaçon de ta trompette,
La lame de bambou au bec de ton hautbois.

L’œil vague et révulsé, en rythme tu halètes,
Tu gravis par degrés l’escalier de l’aigu,
Tu résonnes comme la corde d’arbalète,
A l’âme qui vibre au chevalet contigu.

Tes cris rauques d’abord fusent en harmoniques
Sur le fer de l’archer qui frotta le silex
Comme en ton poing ta queue ou la main qui te nique
Effleure l’élastique anneau d’un maigre index.

Comme l’écume aux flancs de la barque pourlèche
Les plots où s’enroulent les cordes des phorminx
Le baiseur fait monter jusqu’à ta gorge sèche
Le jet de musc collant qui baigne ton larynx.

Toi baryton castré chante en fausset, de tête,
L’archet qui met le feu dans ton ventre épuisé
Rythmant le battement de la veine violette
Qui te brûle l’urètre où le jus va fuser.

Sur le gaillard d’avant aux hommes d’équipage,
Les cuisses écartées, offre ton chant brisé
Dont la corne de brume éloigne les orages,
Atlante humide au sel des embruns baptisé,

Mousse qui te pendis aux vergues dans nos voiles,
Mascotte qu’un dieu nu hissa sur son autel
Pour en faire suinter la délicate moelle,
Chèvre à l’unique pis, donneur universel.

C’est bien Petit, tête ma queue du bout des lèvres,
Recueille en ton palais la liqueur des héros
Et de ta langue avide allège un peu la fièvre
Qui dans tes gouffres sème un banc de blancs coraux.

Nous écoutons ta prophétie du fond des cales
Quand l’un de nous t’honore et nous buvons d’un trait
Le lait qui forme sur la voûte boréale
Le dessin des chariots et des astres abstraits. »

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