Livre II: L'Argo
Des
vaux de Lampeia nous revenions à peine
Portant
le sanglier d’Erymanthe entravé ;
Nous
l’avions déposé sous les murs de Mycènes
Devant
le peuple en liesse qu’il avait bravé.
Sans
avoir demandé l’avis de notre maître,
Nous
avons foncé droit sur la foi des ragots
Afin
de n’être pas les derniers à paraître
Devant
Iolchos où était amarré l’Argo.
Hylas
dressa la tente aux abords de la plage
D’où
l’on avait la vue sur les navigateurs
Et
demanda lequel parmi cet équipage
Deviendrait
de mon char le prochain conducteur.
« Pourquoi
blesser mes yeux lorsque tu m’accompagnes,
Alors
que ta splendeur m’a déjà aveuglé :
C’est
dans mon cœur plutôt que la jalousie gagne,
A
les deviner tous par ton charme épinglés.
Lequel
voudra pincer les brunes aréoles
De
tes durs mamelons imberbes et gonflés,
Sur
tes blés blondissant les divins fils d’Eole,
Mieux
que dans la grand-voile essaieront de souffler.
Car
pour moi presque tous ont déjà passé l’âge
D’apprendre
à mes côtés les règles du combat,
Tel
le fils de Pélias, d’autres portent pelage
De
taureau, qui les vêt du haut jusques en bas.»
A
ces mots les bouviers apportèrent les bêtes
Dont
les cuisses levées par nos efforts conjoints
Devaient
brûler jusqu’à consumation complète
Sur
les autels dressés dans l’odeur du benjoin.
Le
banquet commença et dans la douce ivresse
Du
vin répandu sur nos barbes et les flots
Jason
réclama qu’on me désigne en vitesse
Comme
le commandant de notre commando.
Je
lui fis alors nous raconter son histoire
Comment
devant le roi qui l’avait reconnu
Il
forgea la mission d’aller chercher la gloire
Pour
s’être présenté à la cour un pied nu ;
Et
que si nous avions complaisant à l’oracle
Accouru
de si loin contre toute raison,
Nous
devions sous sa loi concourir au miracle
D’ôter
à l’insomniaque dragon sa toison.
Idas
le coléreux grisé par les mixtures
Pesta
contre les dieux et les mauvais devins
Promettant
de tancer tous les tristes augures
Qui
doutaient du pouvoir de son pilum divin.
A
l’improviste ainsi le désir vient en aide
Aux
jeunes gens surpris à vouloir le guérir
Il
faut des tentations partager le remède
Et
se joindre à leurs jeux, muet, pour s’aguerrir.
Ignorant
en riant tout relief de décence,
Nous
l’avons bâillonné et sur le galetas
Fait
cracher son venin le branlant en cadence,
Puis,
son courroux cessant, enfin Orphée chanta :
Effleurant
d’une main ses cordes de cithare
Orphée
conta comment ciel et mer mélangés,
De
leur lutte primaire endurcissant les tares,
Etaient
sorties des mains des Titans étrangers,
Comment
le Temps naquit et la déesse mère
Par
leur fils innocent furent précipités
Dans
le gouffre béant que leur rage guerrière
Ordonna
de creuser aux Géants dépités.
Il
dit l’agglomérat immobile des astres
Les
fleuves et les monts reflétés par le ciel,
L’erreur
de Prométhée et l’imminent désastre
De
ma naissance dans son œuvre artificiel ;
Comment
on me coucha au flanc de la déesse
Pour
que je boive au lait de l’immortalité,
Comment
je l’éveillai mordant avec hardiesse
Son
sein gonflé offert à mon avidité.
Comment
renonçant au terrible bénéfice
De
vivre à tout jamais dans l’Olympe brillant
Du
flot qui échappa à ma bouche complice
Naquit
la voie lactée aux astres flamboyant.
-Je
dirai quelque jour la vérité complète
Sur
l’incident qui fit dans l’univers vidé
Surgir
la galaxie qu’attribue le poète
Au
biberon versé par ce téton ridé-.
Il
chanta la mission qui sur la terre aride
M’obligea
de poser des bornes dans l’éther
Et
de mes opposants fabriquer les hybrides
Constellations
qui sont le toit de l’univers.
C’est
ainsi que charmés nous quittâmes la côte,
Tirant
au sort le poste à chacun réservé,
Fiers
de porter le nom respecté d’Argonautes
Qui
longtemps après nous ferait encor rêver.
……...
Si
nous étions flattés qu’on nous ait par avance,
Ancée
et moi fixés sur le même aviron,
Le
bateau goutait moins l’absurde préséance
Qui
menaçait de le faire tourner en rond.
Cet
omniscient vaisseau pouvait, devin lui-même,
Pour
mieux nous diriger faire sonner sa voix,
Dans
les planches sacrées de son fut monorème,
Ce
qu’il nous disait n’était pas toujours courtois.
Avant
que de subir d’ironiques reproches,
Il
valait mieux régler cette affaire entre nous
Et
je dis à Ancée ; « nous sommes par trop proches
Et
nous pouvons à peine écarter les genoux.
Nous
sommes les plus forts, il faut qu’un de nous cède
Et
tu as top vécu pour être un apprenti ;
Je
ne t’apprendrais rien, ça, je te le concède,
Ceux
qui t’accompagnaient t’ont connu tout petit.
Tu
portes le manteau d’une ourse de Mélane,
Et
moi la peau des trois lions que j’ai dépecés,
Tu
serais arrivé en chevauchant un âne
Que
je n’en aurais pas été plus étonné.
Je
n’ai qu’un arc et tu portes la double hache,
Qui,
mieux pourvu, a droit aux marques de respect ?
Lequel
en s’humiliant se montrera plus lâche,
Et
qui fait le plus peur par son terrible aspect ? »
-Ah,
si je possédais juste un tiers de ta force,
J’aurais
peut-être aussi ces propos de défi,
Sur
la mer il se peut que mes pouvoirs se corsent,
Mais
au ciel j’ai bien moins d’alliés que tu t’en fis.
Je
me jette à tes pieds ô Maître du zodiaque,
Si
tu n’as accompli qu’à demi tes travaux
Je
ne suis pas doué pour les excès orgiaques,
Au
galop je ne sais pas mener mes chevaux.
Ancée
tombe à genoux dans le petit espace
Où
nous avons rangé nos bagages vitaux
Et
le regard fixé entre mes cuisses masse
De
ses doigts écartés son braquemard courtaud.
« Héros,
Soleil vivant, qui sur les flots surnage,
Je
ne sais pas comment dire ce qui m’étreint
Ignorant
tous les moyens de te rendre hommage,
Libre
je veux te plaire avant d’être contraint :
Vois
c’est pour t’honorer devant tous sans vergogne
Que
je branle, regard bas, mon sexe mesquin
C’est
pour te contenter que s’agite ma pogne
Et
répands sur tes pieds mon jus en jets taquins.
Tu
n’en veux pas, c’est mon offrande, je la lèche
Accorde-moi
la faveur d’être le premier
A
goûter au tonneau plutôt qu’être la pèche
En
deux moitiés fendue comme un cœur de ramier.
Car
en toi tout est grand de l’orteil à la plante
Tout
respire l’athlète et ta sueur sent bon
Quand
ma langue polit sous ma liqueur collante
Le
marbre qui me plie dans un tel abandon ».
Je
me penche vers lui caressant sa crinière
Et
glisse à son oreille en murmurant son nom
« J’accepte
ce péan à ma vigueur guerrière
Et
t’adjoints au troupeau de mes fiers étalons. »
Serrant
alors sa tête entre mes fortes cuisses
Sur
sa nuque ployée je pose mon mastard
Et
le baptise avec de longs filets de pisse
Qui
coulent sur son dos comme l’huile du nard.
Puis
je le relevais pour l’asseoir à ma gauche
Pour
mieux équilibrer par de plus jeunes bras
L’énergie
des rameurs et la grande débauche
De
forts coups d’avirons délivrés à tout va.
J’appelais
en sifflant entre mes doigts humides
Encor
gluant du mélange de nos humeurs
Les
deux oncles d’Ancée pour qu’ils servent de guide
Au
plus handicapé de nos jeunes rameurs.
Palaimonios
tanguait dans leur bras mal à l’aise
De
la ceinture au cou il était bien joli
Lorsqu’à
ma droite ils déposèrent le balèze
Qui
ne pouvait marcher dans l’incessant roulis.
Battant
l’air maladroit de ses jambes infirmes
Il
tentait de cacher son pied-bot d’estropié
« Allons,
fils de Vulcain lui rétorquai-je, affirme
Le
signe que le dieu dans ton corps s’est copié.
En
pectoral de bronze il a forgé ton torse,
Et
tes biceps d’airain témoignent du labeur
Chtonien,
il t’a doté avec ses jambes torses
Le
nez fort, et la bouche charnue du tombeur. »
Comme
il se tortillait, gêné par ma franchise
En
glissant sur le banc où nous étions assis,
Une
esquille de bois pénétra par surprise
Dans
son cul rebondi de gars mal dégrossi.
« Le
plancher t’a mordu semble-t-il au derrière,
Qu’adviendra-t-il
de moi, puisque même le bois
S’excite
au seul contact de tes rondeurs arrières :
Mon
écharde à tout coup te mettrait aux abois.
Je
vais raboter de ma paume la surface,
Laisse
sous toi ma main se poser en coussin,
L’autre,
souple à ramer, suffit à l’efficace
Progression
sur les flots calmes de ce bassin. »
L’index
et le majeur ont pénétré ensemble
Dans
l’antre broussailleux à la chaude toison
Et
la queue du garçon entre ses cuisses tremble
Quand
un troisième doigt lui écarte l’oignon.
Le
renflement central de sa hampe nerveuse
S’épanouit
mafflu comme un col de cobra,
Aubergine
épatée, courgette monstrueuse,
Aussi
large au milieu que l’est son avant-bras.
Un
soupir avorté s’est coincé dans sa gorge
Comme
le haut du gland essaye d’émerger
Du
prépuce étranglé dont la base s’engorge
Cramoisi
comme au feu l’anneau de fer forgé.
Trop
étroite la peau ne contient pas la masse
Et
son gland turgescent au méat comprimé
Larmoie
dans un bonheur qui se lit en grimace
Sur
sa bouche tordue en rictus déprimés.
« Palaimonios
tu es pantelant à ma botte
Quand
trois phalanges t’ont seulement pénétré
Et
l’étroitesse empêche que tu décalottes,
Ce
combat inégal se doit d’être arbitré ;
Sur
mes doigts assemblés, comme une marionnette,
Danseras-tu
longtemps par le milieu coupé
Ou
bien du nœud captif dresseras-tu la tête
Sous
les nez des voyeurs autour de nous groupés ?
Allons
que sur l’autel on ranime les braises
Du
guérisseur armé du caducée sacré,
Aiguisons
le couteau pour que ce dieu apaise
En
tranchant dans le vif le plaisir massacré.
Je
ne quitterai pas ton fion où je m’enchâsse
Ne
crains rien, profitant de ton phallus dressé
La
pointe du poignard va délasser la nasse
Du
verrou qui étrangle ton gland compressé.
Bande,
et d’un trait hardi effilant ton prépuce
Le
chirurgien dans ton phimosis tranchera
Tandis
qu’un assistant servant d’infirmier suce
L’hémorragie
du frein excisé du méat.
La
lame à blanc en te scarifiant te libère,
Sans
circoncire, à peine en te subincisant,
Elargissant
ce trou dont tu n’avais que faire
D’où
le foutre jaillit en tourbillons cuisants.
Je
te veux fils du dieu qui forge les cuirasses
Mon
cul toujours frustré lorgne sur ton moignon,
De
ton pied atrophié j’attends que face à face
Tu
me dresses à jouir de mon troufignon.
Car
tu possèdes seul cet unique appendice
Qu’avant
de te connaître on ne peut concevoir
Le
désir de goûter de ton pal les sévices
Me
fait mouiller du cul pour mieux le recevoir.
Ta
laideur dans mon coeur a ouvert les complices
Chemin
du désir fou et je veux sans surseoir
Te
posséder comme en ton cul vierge je glisse
Sous
tes boules ma main fermée en suspensoir. »
Mais
je ne peux tenir dans l’instant la promesse
Que
l’aveugle désir me fit faire à tous vents
Les
dieux ne veulent pas observer la prouesse
Et
le vaisseau se cabre en chaos éprouvants.
………
Car
séparant les eaux notre orgueilleux navire
Menace
la suprématie des créateurs
Marins
d’occasions nous avons suscité l’ire
De
qui nous plaça sur ce radeau salvateur.
Unissant
leurs efforts pour souffler en tempête
Du
fond des océans les frères ennemis
Sous
nos pieds comme sur nos défaillantes têtes
Rugissent
en hurlant le fiel qu’ils ont vomi.
« Du
Seigneur de la foudre apaisons la colère
Il
n’est pas d’Atalante à bord de ce vaisseau :
Les
femmes m’a-ton dit n’apportent que misère
Attirant
le guignon sur le pont des bateaux.
Voici
qu’au vent tournant la mer se lève en rage
Le
dieu des océans contre moi crie haro
Car
abordant en Crête autrefois à la nage,
J’ai
contre son avis abusé son taureau.
Comme
des fils des vents notre barque regorge
De
rejetons du dieu portant trident de fer,
Le
rapide Euphémon qui comme en un champ d’orge
Les
pieds battus des flots sait courir sur la mer.
Le
vaillant Erginos et l’autre Ancée son frère
De
l’onde n’ont pas su apaiser les remous.
Et
nos implorations envers nos divins pères,
N’ont
pas eu d’autre effet qu’écorcher nos genoux.
Comme
nous ne pouvons pas sacrifier de vierges
Pour
nous épargnez l’ire des monstres marins,
Pauvres
héros nous n’avons que nos propres cierges
Et
nos sabres au clair pour tromper les destins.
Voici
mon compagnon, mon élu, mon élève,
Hylas
que j’ai chéri plus que mes fils perdus,
Pour
que passe la nef à l’aplomb de ces grèves,
Je
consens qu’au plus fort il soit ce soir vendu.
Combien
de fois m’a-t-il, dans sa fière impatience,
Reproché
de goûter les douceurs de sa voix
Sans
le toucher jamais, répandant ma semence
A
trop le contempler toujours sur mes cinq doigts.
Stoïque,
faisant fi des pressantes suppliques
J’ai
remis son initiation au lendemain
Je
le livre aujourd’hui à la ferveur publique
Tel
que je l’ai reçu, intact, entre vos mains. »
………………
Puisque
tu fais l’objet du premier sacrifice
Je
vais dire tout ce que tu ne verras pas,
Comment
s’est dévêtu le célébrant novice,
Epiés
par les marins qui lorgnaient ses appâts.
Aux
trappes sur le pont où les voyeurs se poussent
Du
coude, les héros détournant le regard,
Examinaient
le cul des valets et des mousses
Qui
salivaient déjà t’imaginant hagard.
Les
yeux bandés, comme un soldat qu’on exécute,
On
t’a couché au bord du filet du hamac,
Nu
comme l’épousée que son mari culbute,
Les
épaules liées par le moyen d’un sac.
Offert
et renversé, cul plus haut que la tête,
On
ne t’a pas chargé les pieds des lourds maillons
De
la chaine, et sur ta poitrine qui halète
J’ai
posé, au cas où tu crierais, le bâillon.
Car
ce soir, c’est Jason, le maître qui s’y colle
L’orgueilleux
veut montrer que son autorité,
Moins
contestée que celle du maître d’école,
Trouve
son vrai pouvoir dans sa rigidité.
Je
devinais que sans égard pour ta jeunesse,
Sans
frein, il forcerait son entrée en vainqueur,
Voulant
paraître grand quand il n’est que faiblesse
Et
qu’à souffrir, muet, tu mettrais tout ton cœur.
Son
majeur humecté à entrouvert tes lèvres
Il
l’a plongé tout droit à l’endroit redouté
Et
ton souffle coupé a révélé la fièvre
Et
le prix fort du don de ta virginité.
D’un
geste il ordonna qu’on te ferme la bouche,
Il
n’est pas poli de gémir sous le pilon
Il
a dit « lui a-t-on nettoyé par la douche
D’huile
tiède le fruit vert que nous enfilons ? »
Ton
trou brille d’un rose éclat sous ses phalanges
Dont
les cals crevassés t’écartent le bouton,
Il
veut qu’aux voutes du palais rien ne dérange
Le
don dans ton âtre de ses ardents charbons.
Son
gland tel un bélier pénètre à sec la porte,
Comme
pomme inversée le voilà enchâssé
Dans
l’écrin palpitant qui éclate à la forte
Poussée
de cet orteil géant, enfin chaussé.
De
ses mains en étau qui étreignent ta taille
Il
te tire vers lui comme on remplit un bas,
Tu
n’es plus que la botte autour du pieu qui baille,
L’éponge
au front sanglant du boxeur de combat.
Un
rictus de douleur te déforme la lippe
Quand
un cri ravalé te fait serrer les poings
Lorsqu’en
se retirant il t’aspire les tripes
Lézardant
le ciment de ton rectum disjoint.
Mais
voici, bâtisseur, qu’à grands coups de truelle,
Il
reconstruit la digue effondrée par ses soins,
Rebouche
la tranchée creusée dans ta ruelle
De
ce jet lacrymal de colle dont il t’oint.
Sois
heureux, il te tue en même temps qu’il t’ouvre,
Il
t’arrose d’un musc de corrosif santal,
Et
tel le laboureur, bouc serré il te couvre
Du
flot acide et cru de son lait séminal.
Tu
n’es plus que l’agneau survivant au pillage
Dont
l’offrande, comme au clair sillon le semis,
Récompense
les dieux qui sont dans son lignage
De
déposer en toi ce qu’ils lui ont transmis.
Du
sperme des héros tu es le réceptacle,
Tant
qu’il te défonça tu les as implorés,
Et
nous de ta souffrance avons fait ce spectacle
Qui,
en te couronnant, nous a tous décorés.
Telle
Vénus naissant au sein de la coquille,
Le
barrage que fait le bourrelet corail
De
ton cul épaté sur le mat qui t’enquille
Dans
le vide cosmique a dessiné des rails.
Tandis
qu’à l’éruption les veines de tes aines
Se
gonflent du reflux des fleuves affluents
L’improbable
épectase jaillit en fontaine,
Et
le jet se divise en arceaux retombants.
Il
n’a laissé de toi sur la couche rustique
Qu’un
paysage abstrait aux contours tremblotants
Et
ce phare érigé qu’un spectateur astique
Signalant
l’antre moite et béant qui l’attend.
« A
qui le tour ai-je crié, marins d’eau douce ?
Qui
veut jeter sa gourme en niquant mon amant ?
Vous
regardiez fascinés rentrer à rebrousse-
Poil
les crins de l’anneau d’où s’écoule l’onguent
Apaisant
qui permet aux saillies maladroites
Des
étalons fringants aux prépuces serrés
D’aller
au but sans s’écorcher, en ligne droite,
Qui
le limera plus longtemps sans décharger ?
De
ce cul défoncé qui épouse la pose
Du
lys sacrificiel aux pétales vibrants,
D’un
doigt rêche qui veut faire jaillir la rose
Et
la goutte qui suinte au fion de l’impétrant ?
C’est
le ciel annulé qui s’épate dans l’angle
Obtus
que dessinèrent tes cuissots massifs
Où
l’arpenteur augmenta l’aire du triangle
Interrompant
trop vite son vol relatif.
Philoctète,
c’est toi le plus jeune du groupe
A
tous montreras-tu que tu bandes plus dur,
Et
que tu peux laisser gravé sur cette croupe
L’indubitable
sceau de ton imprimatur ?
Ou
faut-il demander au roi de Thessalie
Le
respecté Péas ton noble géniteur
Le
droit d’assister à ta première saillie ?
T’exhiber
devant nous, tout nu, te fait-il peur ? »
« Il
ne reculera pas devant cette tâche
C’est
un grec, dit Péas, et Hylas par bonheur
A
maintenant le cul plus large qu’une vache,
On
s’y introduirait, même flasque, en douceur.
Mon
fils laisse glisser la toge puérile
Et
montre que tes couilles sont remplies de jus
Si
tes poils n’ont poussé qu’en une maigre file,
Du
nombril au pénis en un ruban ténu.
Quoique
ce ne soit pas conforme à la coutume
Mais
après tout, on est ici, entre soldats
Admettons
qu’un plus vieux te taillera la plume
Qui
permettra d’aller bien bandé au combat :
Méléagre
est celui qui connait mieux l’usage
Après
toi, Laocon son oncle maternel
A
l’art de bien sucer l’a dressé avant l’âge,
Je
l’ai testé, et sur ce point je suis formel ! »
Mes
mains ont caressé la blonde chevelure
D’Hylas
qui attendait toujours les yeux bandés,
Les
cuisses écartées dans la même posture
Où
son premier baiseur l’avait laissé tomber.
Je
lui ai dit tout bas « voici venir la charge
Du
puceau, laisse ouvert ton rectum dilaté
Tu
peux crier, l’honneur est sauf, si dans le large
Couloir
il ne sait pas s’introduire en beauté. »
« Ah »,
fait-il, quand le pieu du gamin l’encaldosse
« Ce
n’est pas la grosseur qui fait souffrir le plus
Mais
le frottement désordonné et féroce
Et
la courbure de ce pénis de minus. »
Profitant
du don de Méléagre, j’engage
Ma
queue qui durcit dans son terrier de velours,
Jouissant
des grimaces du décalottage
Du
novice qui voudrait envoyer du lourd.
Les
deux adolescents emplissent la chambrée
De
leurs couinements en duo, et le dernier
Etouffé
par ma queue dans sa gorge irritée
De
grognements plus sourds, vient les accompagner.
Penché
à la coursive, Péas nous observe
Je
le vois dans un geste d’empereur blasé
Lever
le pouce en murmurant : « Que cela serve
Qu’un
même soir les ait tous les deux déniaisés. »
Par-dessus
la rembarde il me tend une coupe
De
graisse prélevée sur l’autel, sans émoi
Je
trempe mon biscuit dans la visqueuse soupe ;
En
geste, il signifie ce qu’il attend de moi.
Je
refuse d’abord, mais inclinant la tête
Il
me prie de m’exécuter sans plus surseoir,
Alors
me plaçant dans le dos de Philoctète
Je
déchire son cul d’un grand coup de boutoir.
Son
hurlement ricoche au loin sur la mer d’huile
Et
l’équipage pousse un hourra collectif
Tandis
que je m’enfonce en empilant les tuiles,
Il
s’évanouit dans un pleur intempestif.
« Un
homme est né, dit Péas c’est trop d’honneur que dans le’
Entrepont
le héros des héros l’initia
Ah
qu’une main experte et dévouée me branle
Et
te couvre le front de rameaux d’acacia ! »
……………
Voici
qu’au soir venant, échappant au grand nombre
Jason,
réfléchissant à son premier exploit
S’est
retiré, discret, avec la mine sombre
Du
chef qui porte seul le poids de son emploi.
« Au
moment où la mer sous la barque s’affole
M’accorderas-tu
quelques instants d’entretien,
O
fils spolié d’Aison, fier descendant d’Eole ?
A
tes soucis permets que je joigne les miens :
Au
premier jour de ce voyage c’est mon rôle
De
t’avertir, et mieux que n’ont fait les devins,
Que
tu peux t’appuyer sur mes fortes épaules
Et
qu’on n’a pas en vain sacrifié les bovins.
Mopsus
qui doit mourir sur les côtes rebelles
Le
sait tout comme moi de la bouche d’Héra,
A
ta cause toujours je resterai fidèle
Et
c’est toi le premier qui m’abandonneras.
Selon
les devins tu ramèneras tes troupes
A
bon port grâce à ces femmes qui t’aimeront,
Mais
il y a bien loin des lèvres à la coupe
Et
mon rôle est de te servir de chaperon.
Tu
m’avais proposé d’être le capitaine
Des
cinquante novices de l’expédition
Mais
je n’ai pas voulu vous causer trop de peine
Ne
pouvant pas mener au terme la fonction.
Dans
le but d’affermir sur ce bel équipage
Sans
accomplir d’exploits, ta jeune autorité,
D’Hylas
je t’ai confié le vrai dépucelage
Craignant
d’offrir plus qu’il ne pourrait supporter.
Toi
qui ne l’aimais pas c’est sans délicatesse
Que
tu as pourfendu le cul de mon amant,
Pour
mon bélier tu as ouvert la forteresse
Où
nul autre avant toi n’avait calé son gland.
Il
est temps maintenant qu’à mon tour je t’adoube
Dans
le secret, alors que toi, publiquement
Comme
barque échouée au bassin de radoube,
Tu
l’as, au su de tous, renfloué proprement.
Je
te le dis tout net avant que tu protestes
Tu
mettras ton orgueil à ravaler tes cris,
J’ai
été moi aussi dans l’enfance du reste
Protégé
de Chiron lorsque j’étais proscrit.
J’ai
toujours dans ma chair la marque indélébile
Du
sexe du centaure écartant mes boyaux
Lorsqu’il
voulut m’apprendre à chanter à la file
Les
hymnes qu’il dictait aux rejetons royaux.
C’est
pour te couronner que je t’offre ce trône
Sachant
que tu n’auras pas de mal à t’assoir
Sur
cette autre massue dont je te fais l’aumône :
Mes
abdominaux te serviront de pissoir.
Regarde
fils de roi comme pour toi je bande,
Je
ne te plierai pas à l’humiliant devoir
De
saliver mon nœud, sauf si tu le demandes
De
peur de t’écorcher à sec sur mon boutoir.
Au
bord de mon méat le fluide déjà coule
Les
ruisseaux du désir font reluire mon gland
Pour
cette fleur plissée dont le cœur noir se moule
Sur
mon sceptre massif ajustée telle un gant.
Descends
donc en danseuse le long de ma tige
Ouvre
ton bourrelet soyeux, brûlant, grenat,
Masse
en roulant le doigt la niche où je dirige
Le
pourtour de la mitre aux reliefs incarnats.
Là,
d’un coup, le plus gros, tranchant comme la lame
N’arrêtera
plus ta chute vers les tréfonds,
De
tes yeux grands ouverts coule une lourde larme
Au
flux qui tend mon nœud, en spasmes tu réponds :
Je
vois mon gland cogner qui déforme ton ventre
L’animal
prisonnier qui frappe à ton nombril,
Moi
ce corps étranger qui dévore le centre
Du
labyrinthe étroit où s’est perdu ton fil.
Enflant,
enceint de moi, comme la peau de l’outre
Au
lent déchirement que t’inflige le coin
De
ta queue flasque sort, au lieu de jet de foutre,
L’urine
répandue en longs colliers disjoints.
Pisse,
soulage jusqu’à la dernière goutte,
Dans
les poils de mon ventre je conserverai
L’odeur
de la liqueur qui sort de ta biroute ;
C’est
le prix du niqueur qui par force t’ouvrait.
Maintenant
tu n’es plus que douleur sur ma pine
Tu
commences le va et vient paradoxal
Tu
remontes, soufflant, le flanc de la colline
Lentement
le plaisir te submerge, brutal ;
Le
frottement de braise où ton être converge
Ignorant,
abruti, dolent, anesthésié
Peu
à peu reconquis, fait redresser ta verge
Et
tes yeux roulent, blancs dans l’orbite, extasiés.
La
transe monte en toi je n’ai plus de contrôle,
Tu
chevauches sans frein, emballé, au galop,
Et
c’est toi le baiseur, qui, échangeant les rôles,
De
mon arbre de mai fais tinter les grelots.
Profitant
du roulis sous moi je te bascule,
L’un
dans l’autre imbriqués nous dansons le tango,
D’un
violent coup de rein que la tangage annule
Je
te cloue et m’enfonce à tire-larigo.
Gémis,
mon empafé, sous le joug qui te ronge
Murmure
en expirant les mots inavoués,
Voici
qu’à moi noué enfin tu me prolonges
Qu’à
travers nous le monde, trop plein, s’est troué.
……………….
Après
trois jours de mer poussés par les vents calmes
Apparaît
une île que nous n’attendions pas
Un
rivage ombragé de quelques rares palmes
Où
nous envisageons de faire quelques pas.
C’est
l’aride Lemnos où nous fîmes escale,
La
stérile Lemnos dont les champs ravagés
N’ont
ni vigne ni blé, et point d’animaux mâles,
Malgré
les attraits qu’elle annonce partager.
Les
femmes sur le port s’étaient pressées en hâte,
Portant
tout le produit de leurs pauvres moissons,
Nous
tendant des couronnes de fleurs et des jattes
Débordant
de fruits verts, de lait et de poissons.
Cet
accueil si festif me parut peu sincère,
La
crainte se lisait dans tant de prévention,
Et
le soulagement quand nous vînmes à terre
Désarmés
et pleins des meilleures intentions.
A
notre ambassadeur, Hypsipyle la reine
Promit
de nous céder jusqu’au commandement
Si
nous consentions à leur apporter notre aide
Pour
repeupler leur île avec nos descendants.
Il
n’en fallut pas plus pour que se précipite
L’équipage
blasé par dix jours sans accroc,
Fatigué
entre soi de se pomper la bite,
Passablement
à cran de s’aiguiser les crocs ;
A
notre messager on compta la salace
Fable
que les maris avaient été chassés
Pour
avoir préféré les captives de Thrace
Aux
épouses qu’ils ne voulaient plus caresser.
L’expérience
disait « méfie-toi de leur offre
C’est
ainsi qu’on finit, en morceaux, découpé,
Balloté
par les flots dans un fragile coffre
Quand
on a bien servi par le désir dupé ».
A
de trop beaux cadeaux accordant peu d’estime
Je
restais avec quelques compagnons méfiants
Au
pied de notre nef, craignant que quelque crime
Ne
se déguisât sous ce marché gratifiant.
Et
tandis que Jason alangui à la couche
D’Hypsipyle
faisait l’œuvre de géniteur
Je
satisfis du mieux les gaillards plus farouches
Qui
m’avaient reconnu leur dévoué tuteur.
Dans
la carrée du conducteur de la galère
Au
feu des braséros où rougissait l’encens,
Au
lit nuptial je t’ai couché mon adultère,
Hylas,
par l’attente rendu incandescent.
Je
t’ai donné au chef afin qu’il te débourre.
-Il
a rompu la bague et fait fi du serment
Acculant
le gibier comme à la chasse à courre
Il
a laissé ses chiens calmer mes tremblements.
-
Te souviens-tu de la douleur et de tes larmes ?
-Je
n’ai de souvenir que du ravissement ;
Le
bourreau satisfait pas plus que mes alarmes
N’ont
survécu à mon évanouissement.
Te
souviens-tu du feu consumant les offrandes ?
-Ni
du nard répandu qui embauma l’autel,
Ni
des pas cadencés rythmant la sarabande,
Mais
des nues m’entrouvrant le ciel sacramentel ;
Dans
la vision qui se mêlait à mon ivresse
Je
te voyais sourire à l’avilissement
Et
m’offrir à chacun sans remplir ta promesse,
Cette
épreuve achevée d’être enfin mon amant.
Je
me souviens du dieu nu nimbé de bobèches,
Du
bleu soleil d’hiver incendiant ses cheveux,
De
l’affût si tranchant des silex et des flèches,
Des
liens à mes poignets pour m’extirper l’aveu.
Je
songe à ces soldats répandus par la ville
Qui
jettent leur semence en des lits d’occasion
Et
qui n’ont pas connu la douleur inutile
Du
pacte où me contraint ta future invasion.
Ce
n’est pas moi, Hylas, si l’amour t’écartèle,
Au
supplice tu es volontaire venu
Sur
moi à reculons tu recherches la selle
Hurlant
le bonheur de m’avoir appartenu.
-Montre-moi
la trépidation de la machine
-Je
vais grossir en m’insinuant plus profond :
Ton
deuxième sphincter me comprime la pine,
Mon
gland rugit comme une gueule de griffon.
-O
queue de mon amant source de pur délice
Dont
la corolle a l’envergure de l’oiseau,
Dont
l’abricot séché comme un drapé se plisse
Ornant
le capuchon de rides en réseau,
O
queue de mon amant aux veines adventices
Irriguant
une mitre taillée au cordeau
Dont
le diamant taillé trouve la voie complice
Où
lâcher en faisceaux l’arc de tes grandes eaux ;
Dans
ma bouche d’en bas où fou furieux tu glisses
Le
cône extravagant de ton gland en biseau,
Par
surprise, en sursaut, nettoie de flots de pisse
Mon
rectum plus étroit que ne sont mes naseaux.
Donne,
toi le sondeur, à mon cul insatiable
La
forme inspirée de cet astre sans flambeau,
Qui
brûle sans tison, de l’œuvre interminable
De
qui dans le vivant veut creuser des canaux.
Quand
le réel ne peut labourer autant d’acres
L’esprit
ouvre le corps à tout tronc qui l’étreint ;
Maître
pénètre-moi avec ton simulacre
De
maillons enchaînés tels les wagons d’un train.
Si
je ne bande plus je suis toujours le mâle
Quand
tu m’emplis, bourreur, et mon con masculin
Béant
devant la clé qui verrouille la malle
Aspire
ta vigueur en pompant ton venin.
………………
Mais
tout entraînement voit au jour sa limite
Et
je me dois à qui d’autre veut en tâter
Au
banquet sous la tente commune j’invite
Ceux
que mon récit peut porter à méditer.
« Puisque
vous voici réunis sous ma férule
Tandis
qu’on baise en ville à couillons rabattus,
Je
vais compter pourquoi désormais je recule
Dès
qu’il faut s’enfoncer dans les sentiers battus.
Sans
doute on vous a raconté mes aventures
Alceste
reconquise en combattant la mort
Ou
Hésione livrée par son père en pâture
Au
monstre et comme Augé engrossée par remords.
Si
je compte des fils dans toutes les provinces
Et
peut-être plus loin que ne porte l’écho,
Toujours
errant, je suis le plus triste des princes
Et
ma vie domestique est un complet fiasco.
Je
n’ai jamais eu grand succès avec les femmes
Bien
qu’ont m’ait plus qu’aucun autre sollicité ;
Mes
amours féminines ont tourné au drame
Ou
en farce grotesque et sans félicité.
A
dix-huit ans j’étais comme un loup qu’on affame
Un
chasseur solitaire avec son bric-à-brac,
Qui
ne savait bander que son arc et la lame
De
son couteau de poche exhibé tout à trac.
Comme
on avait voulu m’apprendre la musique
Selon
le bon usage à grands coups de soufflets,
J’avais
délivré à mon précepteur inique
Des
claques en retour à coups de tabouret.
Béotien,
je n’étais qu’un plouc de la cambrouse,
On
avait peur de moi dans les cours du palais,
Mon
beau-père avait dit, « va ramasser les bouses,
Surveiller
les agneaux et recueillir le lait ».
Sur
le mont Cithéron où se trouvait la ferme
Où
l’on élevait les troupeaux de beau-papa
Je
m’entrainais aussi, quand je m’ennuyais ferme
A
rugir, terrifiant les lions de la pampa.
Cette
réputation de dompteur intrépide
Me
valut l’attention d’un voisin affolé
De
voir camper les fauves dans les prés arides
Où
la peur de mes cris les avait exilés.
Le
roi Thespios voulait me mener à la chasse,
Mais
comme nous courrions de vallons en vallons,
Le
prétexte du lion m’apparut un cocasse
Moyen
de se doter d’un solide étalon.
Dès
le premier festin je fus la coqueluche
De
l’assemblée qui ne comptait qu’amateurs d’arts,
Les
courtisans autour de moi, comme une ruche,
Voulaient
tous me sculpter ou me peindre sans fard.
Bredouille
revenu de la première course,
Je
fus assis de force aux tables du banquet,
Les
dames en riant me soupesaient les bourses
Et
leurs maris ravis me flattaient le paquet.
On
avait évité que je prenne une douche
Au
retour des forêts, je sentais le cheval,
Aucun
des invités ne se montra farouche,
On
me voulait tout cru dans mon jus animal.
On
me servait, je buvais à la régalade,
On
défaillait quand je me grattais les roustons ;
De
gibier fort et d’aphrodisiaques salades,
On
me gavait comme le dernier des gloutons.
De
lierre couronné, les pieds nus baignés d’ambre,
L’assemblée
caressante en dansant me mena
En
cortège choisi vers la plus belle chambre
Au
bord du lit nuptial où tout se consomma.
Lorsque
parut parée l’aînée des jeunes filles
Je
frétillais déjà, la queue au garde-à vous
Et
je n’attendis pas qu’elle se déshabille
Pour
baiser, sans fixer de premier rendez-vous.
Comme
elle défaillait, pâmée sur ma mentule,
Et
le sexe écumant de mon sperme abondant
Elle
dit « A cheval sur ta chaise curule
Mes
sœurs veulent goûter au plaisir débondant ».
Une,
puis deux, puis trois ainsi se succédèrent,
Sollicitant
que j’éjacule en continu
Aux
vulves élargies par l’ardeur adultère
Des
archers que papa leur avait livrés nus.
Car
malgré les efforts de la garde royale
Nulle
n’avait encor pu donner d’héritier,
En
vain Thespios offrait leur candeur virginale
A
l’élite choisie de ses soldats entiers.
La
fatigue me prit quand vint le tour des vierges
Qu’il
fallut tout de go leur déchirer l’hymen ;
Leurs
sexes maquillés rallumèrent mon cierge,
Maculant
les draps blancs de rouge cérumen.
Alors,
l’esprit confus répétant l’exercice,
-Je
faisais de mon mieux mon devoir sans plaisir-
J’en
baisais cinq encore en contractant les cuisses,
Déposant
ma semence au fond sans trop mollir.
Je
remarquai pourtant à travers mon ivresse
Que
le va et vient soulevait aussi le mur,
Or
aucun courant d’air ne soufflait dans la pièce
Dont
la cloison n’était pas élevée en dur.
La
tenture bougeait en même temps qu’un râle
S’élevait
au rythme de l’exploit successif
Et
l’idée d’être vu renouvela la mâle
Rigidité
du paf las mais compétitif.
Ne
comptant plus je plongeais ma queue comme en daube,
Priant
mon père aux cieux qu’il voulût derechef
Permettre
que je tinsse raide jusqu’à l’aube
Sans
qu’on pût éventer les astuces du chef.
L’urètre
me cuisait mais, pareil à Pégase,
Faisant
jaillir des fontaines sous son talon,
Ma
source résurgente emplissait tous les vases,
Mon
vit enflait comme piqué par un frelon.
Filles
de Béotie chantez votre allégresse,
Je
vous laboure avec mon sexe de taureau,
Tout
seul dans votre con je repeuple la Grèce
De
lions, de sangliers et de piquants blaireaux.
Ainsi
passa la nuit sans que je débandasse
Je
me réjouissais d’être si bon acteur
Quand
un coin du rideau me révéla la face
De
l’ultime promise au flux reproducteur :
La
face, pas vraiment, car des voiles informes
La
couvraient de la tête aux pieds me dérobant
Son
front érubescent devant mon sexe énorme
Et
sa bouche tremblante à se voir le gobant :
« Tu
as baisé mes sœurs avec l’ultime hargne
Du
demi-dieu vainqueur des fauves des forêts
Que
dirai-je à mon tour afin que tu m’épargnes ?
Je
bénirai ton nom si tu dictais l’arrêt ;
Je
serai la vestale attitrée de ton temple
Nul
ne me touchera songeant que mon époux
Sans
m’avoir déflorée à jamais me contemple
Telle
l’Isis masquée par son manteau tabou. »
Avant
que d’accéder à l’étrange requête
Je
voulus soulever un coin de son foulard :
-Tu
te moques de moi, sur ta lèvre fluette
Quel
est ce gel poisseux qui te tient lieu de fard ?
« C’est
que toute la nuit au trou de la tenture
Thespios
a observé ton travail d’étalon,
A
genoux devant lui pour que l’érection dure
J’ai
avalé trois fois ses éjaculations. »
C’est
son sperme qui ensemença ton visage
Dis-je
arrachant sa jupe où dans le crin crépu
Je
vis sur les bourses échappées au bandage
Un
pénis épaté au prépuce lippu.
Ne
comprenant plus rien à cette ultime embrouille
Je
m’exclamai : pourquoi m’envoyer un garçon
Ton
père veut-il que je t’arrache les couilles
Ou
t’enseigne à monter sur le cheval d’arçon ?
-Il
croit qu’un monstre odieux naîtra de notre étreinte
Qu’il régnera sans fin par lui dans la terreur
Sur
les sept cités sur Thèbes et sur Corinthe !
-Qu’il
vienne de lui-même à l’inséminateur !
Répondis-je
en riant, je n’aurai pas du rire,
Le
mur se souleva et le vieillard chenu
La
toge relevée sur ses fesses de cire
A
reculons tendit à mon vit son cul nu.
Sans
accorder crédit à ses espoirs fantasques
Pour
qu’il ne fut pas dit qu’à la civilité
Je
dérogeais, j’enfilai cette chair trop flasque
En
remerciement de son hospitalité :
Mais
bientôt sous mes coups le vieux roi agonise
Fendu
en deux : je me retire en débandant.
C’est
ainsi qu’à Thespies j’eus ma première église
Et
préparai le règne de mes descendants.
……………………
Sur
notre vaisseau vous êtes en même nombre
Que
les filles du roi Thespios que j’engrossai,
Tous
ceux qui sont partis lâchant la proie pour l’ombre
Reviendront
la queue basse et au col le lacet.
Mais
je ne tiendrais pas la laisse après l’amante
S’ils
ont pris le chemin de la facilité,
Il
n’y aura pour eux ni douleur ni tourmente,
Qu’ils
ne se risquent pas à me solliciter !
Que
sert que nous soyons dans Lemnos la stérile
Les
représentants des mâles reproducteurs
Jason
peut engrosser cette reine Hypsipyle,
Qui
envie le pouvoir des canaux adducteurs ?
Méprisant
vos foyers voulez-vous vous commettre
Compagnons
dans le lit de qui ne veut de vous
Qu’une
giclée de sperme et fera de son maître
L’esclave
promis à mourir au bord du trou ?
Toutes
n’espèrent que l’avenir de l’espèce,
L’amour
n’est pas enclos dans leur triste giron,
Aux
hommes réservez la faveur de vos fesses,
La
flèche de l’amour s’abstrait en leurs seins ronds.
Hors
le puissant étau que manque-t-il aux filles ?
L’odeur
de la sueur et la saveur des mots,
Un
organe saillant qui se relève en vrille
Pour
s’y accrocher comme à un porte-manteau.
Elles
ont peu le goût de l’étroit vestibule,
A
quoi bon pistonner pour remuer du flanc,
Transformées
en glaçon sitôt qu’on les encule
Elles
n’ont sur nos queues qu’un effet dégonflant.
Je
suis venu pour stigmatiser la famille,
Ne
reproduisez pas le règne du néant,
Séparez
votre corps des matrices des filles,
Elles
n’ont pas besoin de vous, vous, mécréants,
Vous
ingrats repliés sur votre force intime,
Inutiles
pivots d’un univers mort-né,
Et
qui ne trouverez l’apaisement ultime
Que
dans l’odieux reflet par les flots déformé :
Vous
êtes laids, grossiers, à l’image du monde,
Laissez-leurs
la beauté ; difformes, contrefaits,
Destinés
à ne fourailler que dans l’immonde,
Vous
êtes l’inutile armée des porte-faix.
De
mon étreinte, indemne, nul ne se relève
Que
celui qui me veut réfléchisse au brutal
Ecart
qui au réel oppose le doux rêve,
Craignant
de reculer devant l’instant fatal.
Celui
qui devant moi étendu sur le ventre
A
accepté d’ouvrir le cul à mon épieu,
Demeure
bien certain qu’il faudra que j’y rentre
Sans
essuyer les pleurs jaillissant de ses yeux.
Je
n’épargnerai pas le sang de sa rosette
Ni
ne préparerai les bains cicatrisants
Où
il devra s’asseoir pour plusieurs jours, mazette !
Je
n’ai pas pour panser dévouement suffisant.
Voulez-vous
me défier à l’arc ou à la lutte,
Gagner
la soumission en perdant le pompon,
Qui
de vous assez fier pour que je le culbute
A
l’appel de son nom sans trembler me répond ?
Il
est dans d’autres jeux de plus dures pratiques
Et
cette initiation où l’on vient consentant
Se
doit de rajouter à la douleur physique
Le
don inattendu d’un plaisir épatant.
Je
ne vous offre rien, qu’un peu plus de vous-mêmes,
Ce
combat où vaincu l’on sort pourtant vainqueur,
L’étroite
voie pavée de honte et de blasphème
Les
quatre fers en l’air, haut les culs et les cœurs !
Tandis
que nous causons, la beauté prend la fuite,
O
ces furtifs baisers, ces clins d’œil, jusqu’à quand ?
Des
paroles d’accord ! mais des actes ensuite :
A
trop traîner l’amour vient à lever le camp !
Dans
la noble assemblée, certains qui me reluquent
Se
demandent si c’est du lard ou du cochon ;
Pour
esquiver on va me dire que je truque
Et
fais l’âne en prêchant pour récolter du son.
Le
nombre importe peu, devant vous, je m’engage
(Pour
les absents commence le compte à rebours !)
Avant
que nous mettions un terme à ce voyage,
A
tous, sans exception, à vous faire l’amour.
De
novice ou vieillard, je n’ai, je le confesse
Aucune
prévention, chacun selon son dû !
Et
ni vos cheveux blancs, ni le poils de vos fesses
Ne
rendra cet arrêt caduc ou suspendu.
Qui
brûlait autrefois des flammes de l’aurore
Parmi
les feux du soir n’en est pas moins touchant,
Vos
obliques rayons me consument encore
Et
soleils vous restez quoique soleils couchants.
………………..
La
nuit est triste et bleue la nuit impitoyable
Sur
le pont du navire où frappe le léno ;
Nous
ramons assemblés centuples, innombrables,
Fondus
en un seul corps dans l’aura des fanaux.
Pour
que nos avirons épousant le navire
Nous
portent vers l’avant ignorant les écueils
Devançant
alizées et brises qui soupirent,
Nous
hissons notre voile en forme de cercueil.
Les
manches des outils moins larges que nos hampes
Dans
la chambre de chauffe de nos assistants
Enflent
à la lueur vacillante des lampes
Transformant
leurs culs nus en lampions éclatants.
Admirez
compagnons comme en coup de rame
Je
fais voler la poupe au dessus des rouleaux
La
nef comme un dauphin bondit de lame en lame,
Reléguant
au loin ce golfe à l’étroit goulot.
D’un
seul coup de pagaie je fais des kilomètres,
Campé
de tout mon poids les pieds rivés au banc,
Dans
le ciel nous volions tels des aigles en maître…
Puis
l’aviron rompit me jetant en avant
Ils
en riaient encor quand mon corps vint s’abattre
Au
milieu du couloir où fuyaient les moins forts ;
Il
s’en fallut de peu que j’en écrase quatre
Comme
un boulet lancé sur les créneaux d’un fort.
………………
Pourquoi,
joyeux acteurs du plus sinistre drame
Fallut-il,
tous les vents s’étant soudain calmés,
Qu’à
la bouche du fleuve Chios nous accostâmes :
Qui
de notre sort fut par avance informé ?
Mysie
je te déteste, ô sombre Bithynie,
Maudit
sois-tu mont Arganthoneos, et vous,
Dans
la source fatale nymphes réunies
Pour
m’arracher le cœur et me mettre à genoux.
Tandis
qu’on préparait un festin sur la rive,
J’avais
dit à Hylas « Va t’en puiser de l’eau
Pendant
qu’au fond des bois je taille des solives
Pour
faire un aviron dans un sapin très haut.»
Mais
je m’étais à peine saisi de ma hache
M’arc-boutant
en lutteur contre le tronc du pin
Qu’au
détour des fourrées surgit un cerf bravache
A
l’épaisse ramure enrobée de satin.
Piqué
au vif, Hylas s’élance à sa poursuite
Alors
que je m’écrie « Hardi, sus au gibier :
Bientôt
je ne vois plus s’agiter dans leur fuite
Les
bosquets que j’abats pour nourrir mon foyer.
Comme
je reprenais dans l’autre sens ma route
Voici
que Polyphème en nage et effrayé
S’interpose
et me dit : « je suis saisi d’un doute
Affreux,
au fond des bois j’ai entendu crier.
C’était
la voix d’Hylas hurlant à l’agonie,
Je
l’ai seul entendu et le bruit m’intriguant
J’ai
couru, mais plus rien, que la monotonie
Des
sentiers forestiers sans l’ombre d’un brigand ! »
Nous
enfonçant plus loin dans la touffeur profonde
Nous
n’avons retrouvé que le vase d’airain
Abandonné
au bord de la source dont l’onde
Sans
rides désaltérait le grand cerf serein.
Nos
courses en tous sens se sont révélées vaines
Nous
avions beau hurler son prénom aux échos…
Du
bois coupé nous fîmes un feu ; c’est à peine
Si
la flamme parvint à réchauffer ma peau.
Combien
de jours passés à courir la montagne,
Combien
de nuits de veille à étriper les loups,
Combien
de privations pour qui seul m’accompagne,
Et
de torrents versés en sanglots à l’égout ?
Nos
compagnons, lassé d’attendre ont levé l’ancre,
Pressés
de filer droit par les enfants des vents,
Résignés
ils ont fui en fendant les flots d’encre
Vers
leur noble destin dérivant au levant.
Voila
comment on m’a laissé sur le rivage,
Tout
pleur versé le fut pour d’étranges raisons.
J’avais
dépucelé le tiers de l’équipage
En
sept jours ; cet exploit est sans comparaison.
On
m’a privé d’emploi, ma charge vertueuse
S’achève
dans les bras d’un amant d’occasion ;
Exténué
par mes chasses infructueuses
Je
voulus mettre un point final à ma mission.
Dans
un sursaut d’orgueil j’ai dit à Polyphème :
« Tu
aurais dû partir avec les vagabonds
O
dernier compagnon, je te hais et je t’aime,
Et
le gel fend le roc de mon cœur moribond.
Au
milieu des forêts où les bêtes sauvages
Hurlent
tout comme moi leur chagrin aux abois,
C’est
injuste, sur toi je vais passer ma rage,
Noyer
mon désespoir comme tout seul on boit.
Sans
soucis de l’ivresse ou de délicatesse,
De
l’amour je ne suis plus le héros courtois
Qu’un
bourreur dans le viol atteignant l’allégresse
De
voir que la douleur t’aura laissé pantois.
Sans
te laisser le choix, sans que je te propose,
En
forçant ton anus aux muscles resserrés,
De
ton cul tuméfié je vais faire une rose
Dégouttante
du sang de mes derniers baisers.
Tu
te crois chaud et prêt pour la nuit d’épousailles
Sur
le dos, pieds en l’air, et les membres figés,
Hébété
par la faim qui déjà te tenaille
Ignorant
tout du mal que je vais t’infliger.
La
branche d’olivier dont j’arrache l’écorce
M’ouvrira
le chemin qui te mène à l’enfer ;
A
sec je vais te prendre et de toutes mes forces,
Dilater
le conduit neuf, humide, et offert.
Que
tu trembles déjà alors que rien n’agite
Ton
intérieur où n’a pénétré que le vent,
T’évanouiras-tu
quand j’y mettrai ma bite
D’un
grand coup projetée comme un sabre vivant ?
Comme
le pêcheur ferre le poisson rebelle
Sur
l’hameçon tu ne te débattras qu’en vain,
Mon
croc de boucher te pètera la rondelle
Et
tu réclameras des drogues et du vin.
Les
fauves et les loups sauront que je m’enfonce
A
ce sursaut primal que la douleur répand,
Ils
fuiront quand je te couronnerai de ronces
Effrayé
par le cri dans ta gorge rampant. »
-Quel
orgueilleux prétend résister au colosse ?
Je
mourrai si tu prenais plaisir à m’étriper ;
Mort
je voudrais encor pendre au bout de ta crosse
Tel
un papillon dans ton herbier épinglé.
Arme-toi
d’un tison pour m’épiler les cuisses
Si
tu me veux semblable à ton agneau de lait,
Sans
plus attendre comme en Hylas en moi glisse
Ta
broche et rôtis-moi comme on fait d’un poulet.
J’attends
et rien ne vient, je ne sens que tes pouces
Ouvrir
en deux moitiés le kaki palpitant,
Enroulé
contre toi c’est en vain que je pousse
Et
rien ne vient remplir le vide en moi béant.
Je
voulais me livrer consentant à l’offrande,
Danser
sur le couteau à ton rythme obsédant
Mais
au creux de mes reins je sens que tu débandes ;
Mon
cou ne porte pas la marque de tes dents.
Sur
mon corps inviolé tu as rendu les armes,
Tu
m’as menti, mentor, tout en fanfaronnant,
Dans
mon dos ne s’écoule qu’un long flot de larmes,
Contre
moi tu t’endors tel un chat ronronnant. »
Le
sommeil m’a surpris et ma chandelle morte
Toute
la nuit a reposé contre son flanc
M’apportant
le rêve troublant qui réconforte
Tandis
que notre feu s’éteignait en ronflant.
Dans
mon cœur délesté des douleurs de la veille
En
songe j’ai prié sur l’autel de son corps,
L’orage
était brûlant quand livrant ses merveilles
Le
ciel fendu en deux me livra ses trésors :
« Père
resteras-tu insensible à mes larmes
Alors
que j’ai si peu abusé de ton nom,
En
rêve mettras-tu un terme à mes alarmes
En
m’envoyant un monstre arraché au limon ?
Quel
centaure omniscient au galop dans la plaine
Me
dira l’avenir, quel cyclope éborgné
Viendra
me révéler dans le sommeil la chaîne
Des
destins dont le sens m’a été épargné ? »
Aux
lueurs incarnat des braises mal éteintes
Je
vis dans les vapeurs de la source en bouillons
S’élever
des nuées, formant comme une enceinte
Un
char de blancs stratus attelé de grillons.
Tenant
les rênes d’or de l’étrange attelage,
Nimbé
de la lueur de la lune en son quart,
Hylas
resplendissait couronné tel un mage
De
fleurs de safran et de rouges nénuphars.
« Me
voici remontant du tréfonds de la source
Où
je siège en époux auprès de Dryopé,
De
son palais humide à l’envers je vois l’Ourse
Tout
le ciel au plafond liquide est découpé.
La
Nymphe m’a cueilli comme fleur de Narcisse,
Tranchant
ma tige au sol quand je buvais son eau,
Son
désir m’a assis à la table propice
De
l’éternel festin du dieu des matelots.
Elle
m’a élevé au dessus de moi-même
En
me noyant aux profondeurs de son palais,
Ne
pleure pas, je suis jeune à jamais, je t’aime,
Et
toi de la passion tu n’es plus le valet.
Car
les dieux ont voulu faire cesser le crime
De
nos amours incestueuses me rendant
A
ceux de ma lignée, ces Dryopes victimes
Des
exploits dont je fus le butin redondant.
Certains,
mal embouchés, te prétendent mon père,
Je
ne veux pas le croire et reste ton amant,
Tu
as tant à prouver voyageant dans les sphères
Où
tu délivreras les derniers des Titans.
Tu
marcheras bientôt vers la prochaine ville,
Tu
diras aux Mysiens de me chercher sans fin,
Dès
le printemps venus ils partiront en file
En
proférant mon nom répété aux confins.
Pour
venger ma perte ils te confieront leurs princes,
Leurs
galles s’émasculeront dans leur chagrin
De
ne me trouver pas, et c’est armés de pinces
Qu’ils
répandront leur sang sur leurs ballots de grains.
Polyphème
à son tour puisera dans ta force,
Celle
de fonder Chios où vous réunirez
En
mémoire de moi cette élite retorse
D’enfants
à leurs foyers pour leur bien retirés. »
……………
Au
réveil je suis saoul, rond comme une barrique,
Des
pires cauchemars gluant, puant et noir,
Mon
visage est ridé et ma langue de brique
Exhale
une pâteuse haleine d’urinoir.
Entre
mes dents cariées mon souffle m’empoisonne,
Quatre
membres raidis et le cinquième mou,
Au
miroir de l’étang où le poisson foisonne,
Tout
s’enfuit à ma vue dans de prestes remous.
A
l’endroit où coulait la source entre les yeuses,
Mes
pleurs ont englouti les rives en un lac
Et
le reflux dansant renvoie l’image odieuse
Du
vieillard impuissant qui a vidé son sac.
Massif,
figé, usé, bourgeonnant en pagaille,
Mes
cuisses et mes bras larges comme des troncs
Durant
la longue nuit se sont couverts d’écailles
Et
mes doigts on séché comme de bruns étrons.
Dans
le reflet diffus où se dissout ma face,
Je
vous vois, j’entends vos querelles et vos cris,
Sur
l’Argo les refrains du Pontife de Thrace
Qui
apaise vos cœurs par ses chants non écrits.
Au
sein de l’Océan paternel, le zodiaque
Disperse
qui m’a défendu ou confondu,
Le
Soleil, le front ceint des étoiles opaques
Des
Heures, fait briller le Jour qui vous est dû.
Il
tire à l’Orient de son baudrier mes flèches
Comme
Orphée de sa lyre un chant consensuel,
Et
dans ce feu grégeois d’artifice en flammèches
En
mémoire de nous redit ce rituel :
…………
« Toi
qui es silencieux comme un ais de charpente
Aussi
lubrifié que la serrure de l’huis,
Avant
que le plaisir ne t’accorde tu chantes
Comme
vibre la lyre aux vents chauds de la nuit.
Comme
la peau tendue de Marsyas sur les piques,
Du
trépied sur lequel Apollon le cloua,
Tu
chantes la douleur et le désir cosmique
Dont
le rut par le fondement, nu, te noua.
Chaque
aller vocalise et tout retour répète
L’ardeur
du bélier fou qui t’imposa sa loi,
Lui
le piston au limaçon de ta trompette,
La
lame de bambou au bec de ton hautbois.
L’œil
vague et révulsé, en rythme tu halètes,
Tu
gravis par degrés l’escalier de l’aigu,
Tu
résonnes comme la corde d’arbalète,
A
l’âme qui vibre au chevalet contigu.
Tes
cris rauques d’abord fusent en harmoniques
Sur
le fer de l’archer qui frotta le silex
Comme
en ton poing ta queue ou la main qui te nique
Effleure
l’élastique anneau d’un maigre index.
Comme
l’écume aux flancs de la barque pourlèche
Les
plots où s’enroulent les cordes des phorminx
Le
baiseur fait monter jusqu’à ta gorge sèche
Le
jet de musc collant qui baigne ton larynx.
Toi
baryton castré chante en fausset, de tête,
L’archet
qui met le feu dans ton ventre épuisé
Rythmant
le battement de la veine violette
Qui
te brûle l’urètre où le jus va fuser.
Sur
le gaillard d’avant aux hommes d’équipage,
Les
cuisses écartées, offre ton chant brisé
Dont
la corne de brume éloigne les orages,
Atlante
humide au sel des embruns baptisé,
Mousse
qui te pendis aux vergues dans nos voiles,
Mascotte
qu’un dieu nu hissa sur son autel
Pour
en faire suinter la délicate moelle,
Chèvre
à l’unique pis, donneur universel.
C’est
bien Petit, tête ma queue du bout des lèvres,
Recueille
en ton palais la liqueur des héros
Et
de ta langue avide allège un peu la fièvre
Qui
dans tes gouffres sème un banc de blancs coraux.
Nous
écoutons ta prophétie du fond des cales
Quand
l’un de nous t’honore et nous buvons d’un trait
Le
lait qui forme sur la voûte boréale
Le
dessin des chariots
et des astres abstraits. »
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